Durante la jornada del 29 de enero, la isla de Ceilán desapareció del horizonte, y el Nautilus, a una velocidad de veinte millas por hora, se deslizó por el laberinto de canales que separan las Maldivas de las Laquedivas. Costeó la isla de Kittan, tierra de origen madrepórico descubierta en 1499 por Vasco de Gama, una de las principales islas del archipiélago de las Laquedivas, situado entre 10º y 14º 3º 'de latitud septentrional y 69º y 50º 72' de longitud oriental.
Pendant la journée du 29 janvier, l'île de Ceylan disparut sous l'horizon, et le Nautilus, avec une vitesse de vingt milles à l'heure, se glissa dans ce labyrinthe de canaux qui séparent les Maledives des Laquedives. Il rangea même l'île Kittan, terre d'origine madréporique, découverte par Vasco de Gama en 1499, et l'une des dix-neuf principales îles de cet archipel des Laquedives, situé entre 10° et 14°30' de latitude nord, et 69° et 50°72' de longitude est.
Habíamos recorrido en ese momento dieciséis mil doscientas veinte millas o siete mil quinientas leguas desde nuestro punto de partida en los mares del Japón.
Nous avions fait alors seize mille deux cent vingt milles, ou sept mille cinq cents lieues depuis notre point de départ dans les mers du Japon.
Al día siguiente, 3º de enero, no había ninguna tierra a la vista cuando el Nautilus emergió a la superficie, en su ruta Norte Noroeste hacia el mar de Omán, que se extiende entre las penínsulas arábiga e indostánica y sirve de desembocadura al Golfo Pérsico.
Le lendemain 30 janvier - lorsque le Nautilus remonta à la surface de l'Océan, il n'avait plus aucune terre en vue. Il faisait route au nord-nord-ouest, et se dirigeait vers cette mer d'Oman, creusée entre l'Arabie et la péninsule indienne, qui sert de débouché au golfe Persique.
¿Hacia qué nos conducía esa ruta sin salida? ¿Adónde nos llevaba el capitán Nemo? No lo sabía, y eso no satisfizo nada al canadiense.
C'était évidemment une impasse, sans issue possible. Où nous conduisait donc le capitaine Nemo? Je n'aurais pu le dire. Ce qui ne satisfit pas le Canadien, qui, ce jour-là, me demanda où nous allions.
-Vamos, Ned, a donde nos lleve el capricho del capitán.
«Nous allons, maître Ned, où nous conduit la fantaisie du capitaine.
-Pero ese capricho no puede llevarnos lejos -respondió el canadiense-. El Golfo Pérsico no tiene salida y si nos adentramos en él no tardaremos en volver sobre nuestros pasos.
— Cette fantaisie, répondit le Canadien, ne peut nous mener loin. Le golfe Persique n'a pas d'issue, et si nous y entrons, nous ne tarderons guère à revenir sur nos pas.
-Pues bien, volveremos, y si después del Golfo Pérsico el Nautilus quiere visitar el mar Rojo, ahí está el estrecho de Bab el Mandeb para abrirle paso.
— Eh bien! nous reviendrons, maître Land, et si après le golfe Persique, le Nautilus veut visiter la mer Rouge, le détroit de Babel-Mandeb est toujours là pour lui livrer passage.
-No le enseñaré nada, señor, si le digo que el mar Rojo no está menos cerrado que el golfo, puesto que el istmo de Suez no está aún horadado, y que aunque lo estuviese ya un barco misterioso como el nuestro no se arriesgaría en sus canales cortados por las esclusas. Luego el mar Rojo no puede ser todavía el camino que nos lleve a Europa.
— Je ne vous apprendrai pas, monsieur, répondit Ned Land, que la mer Rouge est non moins fermée que le golfe, puisque l'isthme de Suez n'est pas encore percé, et, le fût-il, un bateau mystérieux comme le nôtre ne se hasarderait pas dans ses canaux coupés d'écluses. Donc, la mer Rouge n'est pas encore le chemin qui nous ramènera en Europe.
-Yo no he dicho que volvamos a Europa.
— Aussi, n'ai-je pas dit que nous reviendrions en Europe.
-Entonces ¿qué es lo que usted supone?
— Que supposez-vous donc?
-Yo supongo que tras haber visitado estos curiosos parajes de Arabia y Egipto, el Nautilus volverá a descender por el océano Indico, quizá a través del canal de Mozambique, quizá a lo largo de las Mascareñas, hacia el cabo de Buena Esperanza.
— Je suppose qu'après avoir visité ces curieux parages de l'Arabie et de l'Égypte, le Nautilus redescendra l'Océan indien, peut-être à travers le canal de Mozambique, peut-être au large des Mascareignes, de manière à gagner le cap de Bonne-Espérance.
-¿Y una vez en el cabo de Buena Esperanza? -preguntó el canadiense con una insistencia muy particular.
Et une fois au cap de Bonne-Espérance? demanda le Canadien avec une insistance toute particulière.
-Bien, entonces penetraremos por vez primera en el Atlántico. Pero, dígame, amigo Ned, ¿es que está cansado ya de este viaje submarino? ¿Acaso le hastía el espectáculo siempre cambiante de estas maravillas submarinas? En cuanto a mí, debo decirle que me disgustaría ahora dar por terminado un viaje que a tan pocos hombres les ha sido dado poder hacer.
— Eh bien, nous pénétrerons dans cet Atlantique que nous ne connaissons pas encore. Ah ça! ami Ned, vous vous fatiguez donc de ce voyage sous les mers? Vous vous blasez donc sur le spectacle incessamment varié des merveilles sous-marines? Pour mon compte, je verrai avec un extrême dépit finir ce voyage qu'il aura été donné à si peu d'hommes de faire.
-Pero ¿se da usted cuenta, señor Aronnax, que hace ya tres meses que estamos aprisionados a bordo de este Nautilus?
— Mais savez-vous, monsieur Aronnax, répondit le Canadien, que voilà bientôt trois mois que nous sommes emprisonnés à bord de ce Nautilus ?
-No, Ned, no quiero darme cuenta, yo no cuento los días ni las horas.
— Non, Ned, je ne le sais pas, je ne veux pas le savoir, et je ne compte ni les jours, ni les heures.
-¿Y cuándo va a acabar esta situación?
— Mais la conclusion?
-La conclusión vendrá a su tiempo. Además, no podemos hacer nada, y estamos discutiendo inútilmente. Si viniera usted a decirme: «Se nos ofrece una oportunidad de evasión», la discutiría con usted. Pero no es éste el caso, y para hablarle con toda franqueza, no creo que el capitán Nemo se aventure nunca por los mares europeos.
— La conclusion viendra en son temps. D'ailleurs, nous n'y pouvons rien, et nous discutons inutilement. Si vous veniez me dire, mon brave Ned: «Une chance d'évasion nous est offerte», je la discuterais avec vous. Mais tel n'est pas le cas et, à vous parler franchement, je ne crois pas que le capitaine Nemo s'aventure jamais dans les mers européennes.»
Tan breve diálogo hará ver que, fanático del Nautilus, había llegado yo a encarnarme en la piel de su comandante.
Par ce court dialogue, on verra que, fanatique du Nautilus, j'étais incarné dans la peau de son commandant.
Ned Land terminó esa conversación rezongando estas palabras que se decía a sí mismo:
-Todo eso está muy bien, pero para mí, donde hay coerción, no hay placer posible.
Quant à Ned Land, il termina la conversation par ces mots, en forme de monologue: «Tout cela est bel et bon, mais, à mon avis, où il y a de la gêne, il n'y a plus de plaisir.»
Durante cuatro días, hasta el 3 de febrero, el Nautilus visitó el mar de Omán, a diversas velocidades y a diferentes profundidades. Parecía navegar al azar, como si dudara de la ruta a seguir, pero no sobrepasó el trópico de Cáncer.
Pendant quatre jours, jusqu'au 3 février, le Nautilus visita la mer d'Oman, sous diverses vitesses et à diverses profondeurs. Il semblait marcher au hasard, comme s'il eût hésité sur la route à suivre, mais il ne dépassa jamais le tropique du Cancer.
Al abandonar el mar de Omán avistamos por un instante Mascate, la más importante ciudad del país de Omán. Me admiró su extraño aspecto en medio de las negras rocas que la rodean en contraste con sus blancas casas y sus fuertes. Vi las cúpulas redondeadas de sus mezquitas, la punta elegante de sus alminares, sus frescas y verdes terrazas. Pero no fue más que una rápida visión, tras la cual el Nautilus se sumergió nuevamente en las aguas oscuras de esos parajes.
En quittant cette mer, nous eûmes un instant connaissance de Mascate, la plus importante ville du pays d'Oman. J'admirai son aspect étrange, au milieu des noirs rochers qui l'entourent et sur lesquels se détachent en blanc ses maisons et ses forts. J'aperçus le dôme arrondi de ses mosquées, la pointe élégante de ses minarets, ses fraîches et verdoyantes terrasses. Mais ce ne fut qu'une vision, et le Nautilus s'enfonça bientôt sous les flots sombres de ces parages.
Navegó luego a una distancia de seis millas a lo largo de las costas arábigas de Mahrah y de Hadramaut, con su línea ondulada de montañas en las que se veían algunas antiguas ruinas.
El 5 de febrero entrábamos en el golfo de Aden, verdadero embudo introducido en ese cuello de botella que es el estrecho de Bab el Mandeb por el que pasan las aguas del Indico al mar Rojo.
Puis, il prolongea à une distance de six milles les côtes arabiques du Mahrah et de l'Hadramant, et sa ligne ondulée de montagnes, relevée de quelques ruines anciennes. Le 5 février, nous donnions enfin dans le golfe d'Aden, véritable entonnoir introduit dans ce goulot de Babel-Mandeb, qui entonne les eaux indiennes dans la mer Rouge.
El 6 de febrero, el Nautilus se hallaba a la vista de Aden, situada en lo alto de un promontorio que un estrecho istmo une al continente. Aden es una especie de Gibraltar inaccesible, con sus fortificaciones que han restaurado los ingleses tras su conquista en 1839. Pude entrever los alminares octogonales de esta ciudad que fue antiguamente, según el historiador Edrisi, el centro comercial más rico de la costa.
Le 6 février, le Nautilus flottait en vue d'Aden, perché sur un promontoire qu'un isthme étroit réunit au continent, sorte de Gibraltar inaccessible, dont les Anglais ont refait les fortifications, après s'en être emparés en 1839. J'entrevis les minarets octogones de cette ville qui fut autrefois l'entrepôt le plus riche et le plus commerçant de la côte, au dire de l'historien Edrisi.
Llegados a tal punto, yo creí que el capitán Nemo iba a retroceder, pero me equivocaba y, con gran sorpresa por mi parte, no lo hizo.
Je croyais bien que le capitaine Nemo, parvenu à ce point, allait revenir en arrière; mais je me trompais, et, à ma grande surprise, il n'en fut rien.
Al día siguiente, 7 de febrero, embocábamos el estrecho de Bab el Mandeb, nombre que en lengua árabe significa ‘la puerta de las lágrimas’. De veinte millas de anchura, su longitud no excede de cincuenta y dos kilómetros. Para el Nautilus, lanzado a toda velocidad, su travesía fue apenas asunto de una hora. Pero no pude ver nada, ni tan siquiera la isla de Perim, fortificada por el gobierno británico para mejor proteger Aden. Eran demasiados los vapores ingleses o franceses, de las líneas de Suez a Bombay, a Calcuta, a Melburne, a Bourbon y a Mauricio, que surcaban aquel estrecho paso, para que el Nautilus tratara de mostrarse. Ello hizo que se mantuviera prudentemente entre dos aguas.
Le lendemain, 7 février, nous embouquions le détroit de Babel-Mandeb, dont le nom veut dire en langue arabe: «la porte des Larmes». Sur vingt milles de large, il ne compte que cinquante-deux kilomètres de long, et pour le Nautilus lancé à toute vitesse, le franchir fut l'affaire d'une heure à peine. Mais je ne vis rien, pas même cette île de Périm, dont le gouvernement britannique a fortifié la position d'Aden. Trop de steamers anglais ou français des lignes de Suze à Bombay, à Calcutta, à Melbourne, à Bourbon, à Maurice, sillonnaient cet étroit passage, pour que le Nautilus tentât de s'y montrer. Aussi se tint-il prudemment entre deux eaux.
A mediodía estábamos ya surcando las aguas del mar Rojo.
Enfin, à midi, nous sillonnions les flots de la mer Rouge.
El mar Rojo, lago célebre de tradiciones bíblicas, no refrescado apenas por las lluvias ni regado por ningún río importante, está sometido a una excesiva evaporación que le hace perder anualmente una masa líquida de metro y medio de altura. Singular golfo este, que, cerrado, en las condiciones de un lago, quedaría tal vez enteramente desecado. Tiene menos recursos a este respecto que sus vecinos, el Caspio y el mar Muerto, cuyos niveles han descendido solamente hasta el punto en que su evaporación ha igualado el caudal de las aguas que reciben.
La mer Rouge, lac célèbre des traditions bibliques, que les pluies ne rafraîchissent guère, qu'aucun fleuve important n'arrose, qu'une excessive évaporation pompe incessamment et qui perd chaque année une tranche liquide haute d'un mètre et demi! Singulier golfe, qui, fermé et dans les conditions d'un lac, serait peut-être entièrement desséché; inférieur en ceci à ses voisines la Caspienne ou l'Asphaltite, dont le niveau a seulement baissé jusqu'au point où leur évaporation a précisément égalé la somme des eaux reçues dans leur sein.
El mar Rojo tiene una longitud de dos mil seiscientos kilómetros y una anchura media de doscientos cuarenta. En tiempos de los Ptolomeos y de los emperadores romanos fue la gran arteria comercial del mundo. La horadación del istmo habrá de restituirle su antigua importancia, ya recuperada en parte por el ferrocarril de Suez.
Cette mer Rouge a deux mille six cents kilomètres de longueur sur une largeur moyenne de deux cent quarante. Au temps des Ptolémées et des empereurs romains, elle fut la grande artère commerciale du monde, et le percement de l'isthme lui rendra cette antique importance que les railways de Suez ont déjà ramenée en partie.
Ni tan siquiera traté yo de comprender la razón del capricho que había inducido al capitán Nemo a meternos en ese golfo, pero aprobé sin reservas que lo hiciera. El Nautilus se desplazaba con una velocidad media, ya manteniéndose en la superficie ya sumergiéndose para evitar a los navíos, y así pude yo observar el interior y el exterior de ese mar tan curioso.
Je ne voulus même pas chercher à comprendre ce caprice du capitaine Nemo qui pouvait le décider à nous entraîner dans ce golfe. Mais j'approuvai sans réserve le Nautilus d'y être entré. Il prit une allure moyenne, tantôt se tenant à la surface, tantôt plongeant pour éviter quelque navire, et je pus observer ainsi le dedans et le dessus de cette mer si curieuse.
El 8 de febrero, en la madrugada, avistamos Moka, ciudad ahora en ruinas con unas murallas que se desmoronan al solo ruido de un cañonazo y que apenas si dan protección a unas verdes palmeras. Ciudad importante en otro tiempo, con seis mercados públicos, veintisiete mezquitas y unas murallas, entonces defendidas por catorce fuertes, que formaban un cinturón de tres kilómetros.
Le 8 février, dès les premières heures du jour, Moka nous apparut, ville maintenant ruinée, dont les murailles tombent au seul bruit du canon, et qu'abritent çà et là quelques dattiers verdoyants. Cité importante, autrefois, qui renfermait six marchés publics, vingt-six mosquées, et à laquelle ses murs, défendus par quatorze forts, faisaient une ceinture de trois kilomètres.
El Nautilus se aproximó luego a las orillas africanas, donde la profundidad del mar es más considerable. Allí, entre dos aguas de una limpidez cristalina, pudimos ver, por nuestros cristales, admirables «matorrales» de brillantes corales y vastos muros rocosos revestidos de un espléndido tapiz verde de algas y de fucos. ¡Qué indescriptible espectáculo y qué variedad de paisajes en las rasaduras de esas rocas y de esas islas volcánicas que confinan con las costas libias! Pero fue en las orillas orientales, a las que no tardó en llegar el Nautilus, donde las arborescencias aparecieron en toda su belleza, en las costas del Tehama, pues allí esas exhibiciones de zoófitos no solamente florecían bajo el mar, sino que formaban también pintorescos entrelazamientos que se desarrollaban a diez brazas por encima, más caprichosos pero menos coloreados que aquéllos cuyo frescor era mantenido por la húmeda vitalidad de las aguas.
Puis, le Nautilus se rapprocha des rivages africains où la profondeur de la mer est plus considérable. Là, entre deux eaux d'une limpidité de cristal, par les panneaux ouverts, il nous permit de contempler d'admirables buissons de coraux éclatants, et de vastes pans de rochers revêtus d'une splendide fourrure verte d'algues et de fucus. Quel indescriptible spectacle, et quelle variété de sites et de paysages à l'arasement de ces écueils et de ces îlots volcaniques qui confinent à la côte Iybienne! Mais où ces arborisations apparurent dans toute leur beauté, ce fut vers les rives orientales que le Nautilus ne tarda pas à rallier. Ce fut sur les côtes du Téhama, car alors non seulement ces étalages de zoophytes fleurissaient au-dessous du niveau de la mer, mais ils formaient aussi des entrelacements pittoresques qui se déroulaient à dix brasses au-dessus; ceux-ci plus capricieux, mais moins colorés que ceux-là dont l'humide vitalité des eaux entretenait la fraîcheur.
¡Cuántas horas maravillosas pasé así en el observatorio del salón! ¡Cuántas muestras nuevas de la flora y de la fauna submarinas pude admirar a la luz de nuestro fanal eléctrico! Fungias agariciformes, actinias de color pizarroso, entre otras la thalassianthus aster, tubíporas dispuestas como flautas a la espera del soplo del dios Pan, conchas propias de este mar, que se establecen en las excavaciones madrepóricas, con la base contorneada en una breve espiral, y mil especímenes de un polípero que aún no había observado, la vulgar esponja.
Que d'heures charmantes je passai ainsi à la vitre du salon! Que d'échantillons nouveaux de la flore et de la faune sous-marine j'admirai sous l'éclat de notre fanal électrique! Des fongies agariciformes, des actinies de couleur ardoisée, entre autres le thalassianthus aster des tubipores disposés comme des flûtes et n'attendant que le souffle du dieu Pan, des coquilles particulières à cette mer, qui s'établissent dans les excavations madréporiques et dont la base est contournée en courte spirale, et enfin mille spécimens d'un polypier que je n'avais pas observé encore, la vulgaire éponge.
La clase de los espongiarios, primera del grupo de los pólipos, ha sido creada precisamente por ese curioso producto de utilidad indiscutible. La esponja no es un vegetal como creen aún algunos naturalistas, sino un animal de último orden, un polípero inferior al del coral. Su animalidad no es dudosa, y ni tan siquiera es ya admisible la opinión de los antiguos que la consideraban como un ser intermedio entre la planta y el animal. Debo decir, sin embargo, que los naturalistas no se han puesto de acuerdo sobre el modo de organización de la esponja. Para unos, es un polípero, y para otros, como, por ejemplo, Milne Edwards, es un individuo aislado y único.
La classe des spongiaires, première du groupe des polypes, a été précisément créée par ce curieux produit dont l'utilité est incontestable. L'éponge n'est point un végétal comme l'admettent encore quelques naturalistes, mais un animal du dernier ordre, un polypier inférieur à celui du corail. Son animalité n'est pas douteuse, et on ne peut même adopter l'opinion des anciens qui la regardaient comme un être intermédiaire entre la plante et l'animal. Je dois dire cependant, que les naturalistes ne sont pas d'accord sur le mode d'organisation de l'éponge. Pour les uns, c'est un polypier, et pour d'autres tels que M. Milne Edwards, c'est un individu isolé et unique.
La clase de los espongiarios contiene unas trescientas especies que se encuentran en un gran número de mares e incluso en algunos ríos, lo que les da el nombre de fluviátiles. Pero sus aguas predilectas son las del Mediterráneo, archipiélago griego, costa siria y mar Rojo. Allí se reproducen y se desarrollan esas esponjas finas y suaves cuyo valor se eleva hasta ciento cincuenta francos, la esponja rubia de Siria, la dura de Berbería, etc. Pero como no podía esperar estudiar esos zoófitos en el Mediterráneo, del que nos separaba el infranqueable istmo de Suez, me contenté con observarlos en el mar Rojo.
La classe des spongiaires contient environ trois cents espèces qui se rencontrent dans un grand nombre de mers, et même dans certains cours d'eau où elles ont reçu le nom de «fluviatiles». Mais leurs eaux de prédilection sont celles de la Méditerranée, de l'archipel grec, de la côte de Syrie et de la mer Rouge. Là se reproduisent et se développent ces éponges fines-douces dont la valeur s'élève jusqu'à cent cinquante francs, l'éponge blonde de Syrie, l'éponge dure de Barbarie, etc. Mais puisque je ne pouvais espérer d'étudier ces zoophytes dans les échelles du Levant, dont nous étions séparés par l'infranchissable isthme de Suez, je me contentai de les observer dans les eaux de la mer Rouge.
Llamé a Conseil a mi lado y ambos nos pusimos a observar, mientras el Nautilus se deslizaba lentamente a ras de las rocas de la costa oriental, a una profundidad media de ocho a nueve metros.
J'appelai donc Conseil près de moi, pendant que le Nautilus, par une profondeur moyenne de huit à neuf mètres, rasait lentement tous ces beaux rochers de la côte orientale.
Crecían allí esponjas de todas las formas: pediculadas, foliáceas, globulares y digitadas. Esas formas justificaban con bastante exactitud esos nombres de canastillas, cálices, ruecas, asta de ciervo, pata de león, cola de pavo real, guante de Neptuno, que les han atribuido los pescadores, más poéticos que los sabios. De su tejido fibroso, impregnado de una sustancia gelatinosa semifluida, manaban incesantemente chorritos de agua que, tras haber llevado la vida a cada célula, eran expulsados por un movimiento contráctd. Esa sustancia desaparece tras la muerte del pólipo, y se pudre liberando amoníaco. Entonces no quedan más que las fibras córneas o gelatinosas con un tinte rojizo de que se compone la esponja doméstica, empleada para usos diversos según su grado de elasticidad, permeabilidad o resistencia a la maceración.
Là croissaient des éponges de toutes formes, des éponges pédiculées, foliacées, globuleuses, digitées. Elles justifiaient assez exactement ces noms de corbeilles, de calices, de quenouilles, de cornes d'élan, de pied de lion, de queue de paon, de gant de Neptune, que leur ont attribués les pêcheurs, plus poètes que les savants. De leur tissu fibreux, enduit d'une substance gélatineuse a demi fluide, s'échappaient incessamment de petits filets d'eau, qui après avoir porté la vie dans chaque cellule, en étaient expulsés par un mouvement contractile. Cette substance disparaît après la mort du polype, et se putréfie en dégageant de l'ammoniaque. Il ne reste plus alors que ces fibres cornées ou gélatineuses dont se compose l'éponge domestique, qui prend une teinte roussâtre, et qui s'emploie à des usages divers, selon son degré d'élasticité, de perméabilité ou de résistance à la macération.
Los políperos se adherían a las rocas, a las conchas de los moluscos, e incluso a los tallos de los hidrófitos. Guarnecían las más pequeñas anfractuosidades, irguiéndose unos y colgando otros, como excrecencias coralígenas. Le informé a Conseil de las técnicas de pesca de las esponjas, ya efectuada con dragas ya a mano. Este último método, muy similar al usado con las perlas, también con buceadores, es preferible, pues al respetar el tejido del polípero le deja un valor muy superior.
Ces polypiers adhéraient aux rochers, aux coquilles des mollusques et même aux tiges d'hydrophytes. Ils garnissaient les plus petites anfractuosités, les uns s'étalant, les autres se dressant ou pendant comme des excroissances coralligènes. J'appris à Conseil que ces éponges se pêchaient de deux manières, soit à la drague, soit à la main. Cette dernière méthode qui nécessite l'emploi des plongeurs, est préférable, car en respectant le tissu du polypier, elle lui laisse une valeur très supérieure.
Los otros zoófitos que pululaban cerca de los esponglarios consistían principalmente en medusas de una especie muy elegante. Los moluscos estaban principalmente representados por diversas variedades de calamares, que, según D'Orbigny, son de un tipo específico del mar Rojo, y los reptiles, por tortugas virgata, pertenecientes al género de los quelonios, que proporcionaron a nuestra mesa un plato sano y delicado.
Les autres zoophytes qui pullulaient auprès des spongiaires, consistaient principalement en méduses d'une espèce très élégante; les mollusques étaient représentés par des variétés de calmars, qui, d'après d'Orbigny, sont spéciales à la mer Rouge, et les reptiles par des tortues virgata, appartenant au genre des chélonées, qui fournirent à notre table un mets sain et délicat.
Numerosos eran también los peces, y muchos de ellos muy notables. Las redes del Nautilus subían frecuentemente a bordo rayas, entre ellas unas de forma ovalada y de color ladrilloso, con el cuerpo lleno de manchas azules desiguales, reconocibles por su doble aguijón dentado; arnacks de dorso plateado; pastinacas de cola en forma de sierra; mantas de dos metros de largo que ondulaban entre las aguas; aodontes, así llamados por su absoluta carencia de dientes, cartilaginosos próximos a los escualos; ostracios dromedarios, cuya giba terminaba en un aguijón curvado de un pie y medio de longitud; ofidios, verdaderas murenas de cola plateada, lomo azulado y pectorales oscuros bordeados por una estría grisácea; un escómbrido parecido al rodaballo, listado de rayas de oro y ornado de los tres colores de Francia; soberbios carángidos, decorados con siete bandas transversales de un negro magnífico, de azules y amarillos en las aletas, y de escamas de oro y plata; centropodos; salmonetes rojizos y dorados con la cabeza amarilla; escaros, labros, balistes, gobios, etc., y muchos otros comunes a los océanos que habíamos atravesado ya.
Quant aux poissons, ils étaient nombreux et souvent remarquables. Voici ceux que les filets du Nautilus rapportaient plus fréquemment à bord: des raies, parmi lesquelles les limmes de forme ovale, de couleur brique, au corps semé d'inégales taches bleues et reconnaissables à leur double aiguillon dentelé, des arnacks au dos argenté, des pastenaques à la queue pointillée, et des bockats, vastes manteaux longs de deux mètres qui ondulaient entre les eaux, des aodons, absolument dépourvus de dents, sortes de cartilagineux qui se rapprochent du squale, des ostracions-dromadaires dont la bosse se termine par un aiguillon recourbé, long d'un pied et demi, des ophidies, véritables murènes à la queue argentée, au dos bleuâtre, aux pectorales brunes bordées d'un liséré gris, des fiatoles, espèces de stromatées, zébrés d'étroites raies d'or et parés des trois couleurs de la France, des blémies-garamits, longs de quatre décimètres, de superbes caranx, décorés de sept bandes transversales d'un beau noir, de nageoires bleues et jaunes, et d'écailles d'or et d'argent, des centropodes, des mulles auriflammes à tête jaune, des scares, des labres, des balistes, des gobies, etc., et mille autres poissons communs aux Océans que nous avions déjà traversés.
El 9 de febrero, el Nautilus se hallaba en la parte más ancha del mar Rojo, la comprendida entre Suakin, en la costa occidental, y Quonfodah, en la oriental, separadas por ciento noventa millas.
Le 9 février, le Nautilus flottait dans cette partie la plus large de la mer Rouge, qui est comprise entre Souakin sur la côte ouest et Quonfodah sur la côte est, sur un diamètre de cent quatre-vingt-dix milles.
Al mediodía, el capitán Nemo subió a la plataforma donde ya me hallaba yo. Me había prometido a mí mismo que no le dejaría descender sin antes haberle preguntado cuáles eran sus proyectos. Pero nada más verme se dirigió a mí y me ofreció amablemente un cigarro.
Ce jour-là à midi, après le point, le capitaine Nemo monta sur la plate-forme où je me trouvai. Je me promis de ne point le laisser redescendre sans l'avoir au moins pressenti sur ses projets ultérieurs. Il vint à moi dès qu'il m'aperçut, m'offrit gracieusement un cigare et me dit:
-Y bien, señor profesor, ¿le gusta el mar Rojo? ¿Ha podido usted observar las maravillas que recubre, sus peces y sus zoófitos, sus parterres de esponjas y sus bosques de coral? ¿Ha entrevisto usted las ciudades ribereñas?
«Eh bien! monsieur le professeur, cette mer Rouge vous plaît-elle? Avez-vous suffisamment observé les merveilles qu'elle recouvre, ses poissons et ses zoophytes, ses parterres d'éponges et ses forêts de corail? Avez-vous entrevu les villes jetées sur ses bords?
-Sí, capitán Nemo, y el Nautilus se ha prestado maravillosamente a estas observaciones. ¡Ah! ¡Es un barco inteligente!
— Oui, capitaine Nemo, répondis-je, et le Nautilus s'est merveilleusement prêté à toute cette étude. Ah! c'est un intelligent bateau!
-Sí, señor, inteligente, audaz e invulnerable. No teme ni a las terribles tempestades del mar Rojo, ni a sus corrientes, ni a sus escollos.
— Oui, monsieur, intelligent, audacieux et invulnérable! Il ne redoute ni les terribles tempêtes de la mer Rouge, ni ses courants, ni ses écueils.
-En efecto, este mar ha sido calificado como uno de los peores, y si no recuerdo mal, en tiempos de los antiguos su reputación era detestable.
— En effet, dis-je, cette mer est citée entre les plus mauvaises, et si je ne me trompe, au temps des Anciens, sa renommée était détestable.
-Detestable, en efecto, señor Aronnax. Los historiadores griegos y latinos no hablaban muy bien de él, y Estrabón dijo que era particularmente duro en las épocas de los vientos etesios y de la estación de lluvias. El árabe Edrisi, que lo describió bajo el nombre de Colzum, cuenta que los navíos se destrozaban en gran número en sus bancos de arena y que nadie se arriesgaba a navegar de noche. Es, decía, un mar sometido a terribles huracanes, sembrado de islas inhóspitas y que no «ofrece nada bueno» ni en sus profundidades ni en su superficie. Y tal es la opinión también de Arriano, Agatárquides y Artemidoro.
— Détestable, monsieur Aronnax. Les historiens grecs et latins n'en parlent pas à son avantage, et Strabon dit qu'elle est particulièrement dure à l'époque des vents Etésiens et de la saison des pluies. L'Arabe Edrisi qui la dépeint sous le nom de golfe de Colzoum raconte que les navires périssaient en grand nombre sur ses bancs de sable, et que personne ne se hasardait à y naviguer la nuit. C'est, prétend-il, une mer sujette à d'affreux ouragans, semée d'îles inhospitalières, et «qui n'offre rien de bon» ni dans ses profondeurs, ni à sa surface. En effet, telle est l'opinion qui se trouve dans Arrien, Agatharchide et Artémidore.
-Bien claro está que estos historiadores no navegaron a bordo del Nautilus.
— On voit bien, répliquai-je, que ces historiens n'ont pas navigué à bord du Nautilus.
-Ciertamente -respondió sonriente el capitán-, y a este respecto, los modernos no están más adelantados que los antiguos. Han sido necesarios siglos para descubrir la potencia mecánica del vapor. ¡Quién sabe si de aquí a cien años podrá verse un segundo Nautilus! ¡Los progresos son tan lentos, señor Aronnax!
— En effet, répondit en souriant le capitaine, et sous ce rapport, les modernes ne sont pas plus avancés que les anciens. Il a fallu bien des siècles pour trouver la puissance mécanique de la vapeur! Qui sait si dans cent ans, on verra un second Nautilus! Les progrès sont lents, monsieur Aronnax.
-Es cierto. Su nave se adelanta en un siglo, en varios, tal vez, a su época. ¡Qué lástima que semejante invento deba perecer con su creador!
— C'est vrai, répondis-je, votre navire avance d'un siècle, de plusieurs peut-être, sur son époque. Quel malheur qu'un secret pareil doive mourir avec son inventeur!»
El capitán Nemo no respondió. Tras algunos minutos de silencio, dijo:
Le capitaine Nemo ne me répondit pas. Après quelques minutes de silence:
-Hablaba usted antes de la opinión de los historiadores de la antigüedad sobre los peligros de la navegación por el mar Rojo…
«Vous me parliez, dit-il, de l'opinion des anciens historiens sur les dangers qu'offre la navigation de la mer Rouge?
-Así es, pero ¿no eran un poco exagerados sus temores?
— C'est vrai, répondis-je, mais leurs craintes n'étaient-elles pas exagérées?
-Sí y no, señor Aronnax -me respondió el capitán Nemo, que parecía conocer a fondo «su mar Rojo»-. Lo que ya no es peligroso para un navío moderno, bien aparejado y sólidamente construido, dueño de su dirección gracias al dócil vapor, se presentaba lleno de riesgos para los barcos de los antiguos. Hay que imaginarse lo que era para aquellos navegantes aventurarse en el mar con barcas hechas de planchas unidas con cuerdas de palmeras, calafateadas con resina y con grasa de perro marino. No tenían ni siquiera instrumentos Para orientarse y navegaban a la estima, en medio de corrientes que apenas conocían. En tales condiciones, los naufragios eran y debían ser numerosos. Pero en nuestra época, los vapores que hacen servicio entre Suez y los mares del Sur no tienen ya nada que temer de la violencia de este golfo, pese a los monzones contrarios. Sus capitanes y sus pasajeros no tienen que hacer ya sacrificios propiciatorios al partir, ni ir al templo más próximo, al regreso, a dar las gracias a los dioses.
— Oui et non, monsieur Aronnax, me répondit le capitaine Nemo, qui me parut posséder à fond «sa mer Rouge». Ce qui n'est plus dangereux pour un navire moderne, bien gréé, solidement construit, maître de sa direction grâce à l'obéissante vapeur, offrait des périls de toutes sortes aux bâtiments des anciens. Il faut se représenter ces premiers navigateurs s'aventurant sur des barques faites de planches cousues avec des cordes de palmier, calfatées de résine pilée et enduites de graisse de chiens de mer. Ils n'avaient pas même d'instruments pour relever leur direction, et ils marchaient à l'estime au milieu de courants qu'ils connaissaient à peine. Dans ces conditions, les naufrages étaient et devaient être nombreux. Mais de notre temps, les steamers qui font le service entre Suez et les mers du Sud n'ont plus rien à redouter des colères de ce golfe, en dépit des moussons contraires. Leurs capitaines et leurs passagers ne se préparent pas au départ par des sacrifices propitiatoires, et, au retour, ils ne vont plus, ornés de guirlandes et de bandelettes dorées, remercier les dieux dans le temple voisin.
-Convengo en ello -dije -y en que el vapor parece haber matado el agradecimiento en el corazón de los marinos. Pero, capitán, puesto que parece que ha estudiado usted a fondo este mar, ¿podría decirme cuál es el origen de su nombre?
— J'en conviens, dis-je, et la vapeur me paraît avoir tué la reconnaissance dans le coeur des marins. Mais capitaine, puisque vous semblez avoir spécialement étudié cette mer, pouvez-vous m'apprendre quelle est l'origine de son nom?
-Hay numerosas explicaciones a este respecto, señor Aronna.x. ¿Quiere conocer la opinión de un cronista del siglo XIV?
— Il existe, monsieur Aronnax, de nombreuses explications à ce sujet. Voulez-vous connaître l'opinion d'un chroniqueur du XIVe siècle?
-Dígame.
— Volontiers.
-Pretende dicho visionario que este mar recibió su nombre tras el paso de los israelitas, cuando el faraón pereció en las aguas que habían vuelto a cerrarse a la orden de Moisés:
— Ce fantaisiste prétend que son nom lui fut donné après le passage des Israélites, lorsque le Pharaon eut péri dans les flots qui se refermèrent à la voix de Moïse:
Como signo del portento,
roja tornóse la mar,
y le dieron cognomento
de bermeja, roja mar
En signe de cette merveille,
Devint la mer rouge et vermeille.
Non puis ne surent la nommer
Autrement que la rouge mer.
-Explicación de poeta, capitán Nemo, que no puede satisfacerme. Le pido su opinión personal.
— Explication de poète, capitaine Nemo, répondis-je, mais je ne saurais m'en contenter. Je vous demanderai donc votre opinion personnelle.
-Mi opinión personal, señor Aronnax, es la de que hay que ver en esta denominación de mar Rojo una traducción de la palabra hebrea Edrom, y si los antiguos le dieron tal nombre fue a causa de la coloración particular de sus aguas.
— La voici. Suivant moi, monsieur Aronnax, il faut voir dans cette appellation de mer Rouge une traduction du mot hébreu «Edrom», et si les anciens lui donnèrent ce nom, ce fut à cause de la coloration particulière de ses eaux.
-Hasta ahora, sin embargo, no he visto más que agua límpida, sin coloración alguna.
— Jusqu'ici cependant je n'ai vu que des flots limpides et sans aucune teinte particulière.
-Así es, pero al avanzar hacia el fondo del golfo verá usted el fenómeno. Yo recuerdo haber visto la bahía de Tor completamente roja, como un lago de sangre.
— Sans doute, mais en avançant vers le fond du golfe, vous remarquerez cette singulière apparence. Je me rappelle avoir vu la baie de Tor entièrement rouge, comme un lac de sang.
-Y ese color ¿lo atribuye usted a la presencia de un alga microscópica?
— Et cette couleur, vous l'attribuez à la présence d'une algue microscopique?
-Sí. Es una materia inucilaginosa, de color púrpura, producída por esas algas filamentosas llamadas Tricodesmias, tan diminutas que cuarenta mil de ellas apenas ocupan el espacio de un milímetro cuadrado. Tal vez pueda verlas cuando lleguemos a Tor.
— Oui. C'est une matière mucilagineuse pourpre produite par ces chétives plantules connues sous le nom de trichodesmies, et dont il faut quarante mille pour occuper l'espace d'un millimètre carré. Peut-être en rencontrerez-vous. quand nous serons à Tor.
-No es ésta, pues, la primera vez que recorre el mar Rojo a bordo del Nautilus.
— Ainsi. capitaine Nemo, ce n'est pas la première fois que vous parcourez la mer Rouge à bord du Nautilus?
-No.
— Non, monsieur.
-Puesto que antes se refería usted al paso de los israelitas y a la catástrofe de los egipcios, le preguntaré si ha reconocido usted bajo el agua algún vestigio de ese hecho histórico.
— Alors, puisque vous parliez plus haut du passage des Israélites et de la catastrophe des Égyptiens, je vous demanderai si vous avez reconnu sous les eaux des traces de ce grand fait historique?
-No, señor profesor, y ello por una sólida razón.
— Non, monsieur le professeur, et cela pour une excellente raison.
-¿Cuál?
— Laquelle?
-La de que el lugar por el que pasó Moisés con todo su pueblo está hoy tan enarenado que los camellos apenas pueden bañarse las patas. Comprenderá usted que mi Nautilus no tiene agua suficiente.
— C'est que l'endroit même où Moïse a passé avec tout son peuple est tellement ensablé maintenant que les chameaux y peuvent à peine baigner leurs jambes. Vous comprenez que mon Nautilus n'aurait pas assez d'eau pour lui.
-¿Dónde está ese lugar?
— Et cet endroit?... demandai-je.
-Un poco más arriba de Suez, en ese brazo que formaba antiguamente un profundo estuario, cuando el mar Rojo se extendía hasta los lagos Amargos. Fuese milagroso o no el paso, lo cierto es que los israelitas ganaron por allí la Tierra Prometida, y allí fue donde pereció el ejército del faraón. Yo creo que si se hicieran excavaciones en esos arenales se descubriría una gran cantidad de armas y de instrumentos de origen egipcio.
— Cet endroit est situé un peu au-dessus de Suez, dans ce bras qui formait autrefois un profond estuaire, alors que la mer Rouge s'étendait jusqu'aux lacs amers. Maintenant, que ce passage soit miraculeux ou non, les Israélites n'en ont pas moins passé là pour gagner la Terre promise, et l'armée de Pharaon a précisément péri en cet endroit. Je pense donc que des fouilles pratiquées au milieu de ces sables mettraient à découvert une grande quantité d'armes et d'instruments d'origine égyptienne.
-Es evidente -respondí-, y hay que esperar que los arqueólogos realicen algún día esas excavacíones cuando se erijan nuevas ciudades en el istmo tras la apertura del canal de Suez. Un canal inútil, por cierto, para un navío como el Nautilus.
— C'est évident, répondis-je, et il faut espérer pour les archéologues que ces fouilles se feront tôt ou tard, lorsque des villes nouvelles s'établiront sur cet isthme, après le percement du canal de Suez. Un canal bien inutile pour un navire tel que le Nautilus !
-Pero de gran utilidad para el mundo entero -dijo el capitán Nemo-. Los antiguos comprendieron la utilidad para su tráfico comercial de establecer una comunicación entre el mar Rojo y el Mediterráneo, pero no pensaron en abrir un canal directo y tomaron el Nilo como intermediario. Muy probablemente, el canal que unía al Nilo con el mar Rojo fue comenzado bajo Sesostris, de creer a la tradición. Lo que es seguro es que, seiscientos quince años antes de Jesucristo, Necos emprendió las obras de un canal alimentado por las aguas del Nilo, a través de la llanura de Egipto que mira a Arabia. Se recorría el canal en cuatro días, y su anchura era suficiente para dejar paso a dos trirremes. Fue continuado por Darío, hijo de Hystaspo, y acabado probablemente por Ptolomeo II. Estrabón lo vio empleado en la navegación. Pero la escasa pendiente entre su punto de partida, cerca de Bubastis, y el mar Rojo lo hacía apto para la navegación tan sólo durante algunos meses al año. El canal sirvió al comercio hasta el siglo de los Antoninos. Abandonado, se cubrió de arena hasta que el califa Omar ordenó su restablecimiento. Fue definitivamente cegado en el año 761 ó 762 por el califa Almanzor, para impedir que le llegaran por él víveres a Mohamed ben Abdallah, que se había sublevado contra él. Durante su expedición a Egipto el general Bonaparte encontró vestigios del canal en el desierto de Suez, donde, sorprendido por la marea, estuvo a punto de perecer unas horas antes de llegar a Hadjaroth, el lugar mismo en que Moisés había acampado tres mil trescientos años antes que él.
— Sans doute, mais utile au monde entier, dit le capitaine Nemo. Les anciens avaient bien compris cette utilité pour leurs affaires commerciales d'établir une communication entre la mer Rouge et la Méditerranée; mais ils ne songèrent point à creuser un canal direct, et ils prirent le Nil pour intermédiaire. Très probablement, le canal qui réunissait le Nil à la mer Rouge fut commencé sous Sésostris, si l'on en croit la tradition. Ce qui est certain, c'est que, six cent quinze ans avant Jésus-Christ, Necos entreprit les travaux d'un canal alimenté par les eaux du Nil, à travers la plaine d'Égypte qui regarde l'Arabie. Ce canal se remontait en quatre jours, et sa largeur était telle que deux trirèmes pouvaient y passer de front. Il fut continué par Darius, fils d'Hytaspe. et probablement achevé par Ptolémée II. Strabon le vit employé à la navigation; mais la faiblesse de sa pente entre son point de départ, près de Bubaste, et la mer Rouge, ne le rendait navigable que pendant quelques mois de l'année. Ce canal servit au commerce jusqu'au siècle des Antonins; abandonné, ensablé, puis rétabli par les ordres du calife Omar, il fut définitivement comblé en 761 ou 762 par le calife Al-Mansor, qui voulut empêcher les vivres d'arriver à Mohammed-ben-Abdoallah, révolté contre lui. Pendant l'expédition d'Égypte, votre général Bonaparte retrouva les traces de ces travaux dans le désert de Suez, et, surpris par la marée. il faillit périr quelques heures avant de rejoindre Hadjaroth, là même où Moïse avait campé trois mille trois cents ans avant lui.
-Pues bien, capitán, lo que no osaron emprender los antiguos, esta unión entre los dos mares, que acortará en nueve mil kilómetros la travesía desde Cádiz a la India, lo ha hecho el señor Lesseps, quien dentro de muy poco va a convertir a África en una inmensa isla.
— Eh bien, capitaine, ce que les anciens n'avaient osé entreprendre, cette jonction entre les deux mers qui abrégera de neuf mille kilomètres la route de Cadix aux Indes, M. de Lesseps l'a fait, et avant peu, il aura changé l'Afrique en une île immense.
-Así es, señor Aronnax, y puede usted sentirse orgulloso de su compatriota. Es un hombre que honra tanto a una nación como sus más grandes capitanes. Como tantos otros, ha comenzado hallando dificultades e incomprensión, pero ha triunfado de todo por poseer el genio de la voluntad. Es triste pensar que esta obra, que hubiera debido ser internacional, que habría bastado por sí sola para ilustrar a un reino, no hallará culminación más que por la energía de un solo hombre. ¡Gloria, pues, al señor de Lesseps!
— Oui, monsieur Aronnax, et vous avez le droit d'être fier de votre compatriote. C'est un homme qui honore plus une nation que les plus grands capitaines! Il a commencé comme tant d'autres par les ennuis et les rebuts, mais il a triomphé, car il a le génie de la volonté. Et il est triste de penser que cette oeuvre, qui aurait dû être une oeuvre internationale, qui aurait suffi à illustrer un règne, n'aura réussi que par l'énergie d'un seul homme. Donc, honneur à M. de Lesseps!
-Sí, ¡gloria a este gran ciudadano! -respondí, sorprendido por el tono con que el capitán Nemo acababa de hablar.
— Oui, honneur à ce grand citoyen, répondis-je, tout surpris de l'accent avec lequel le capitaine Nemo venait de parler.
-Desgraciadamente -continuó diciendo -no puedo conducirle a través de ese canal de Suez, pero podrá usted ver los largos muelles de Port Said, pasado mañana, cuando estemos en el Mediterráneo.
— Malheureusement, reprit-il, je ne puis vous conduire à travers ce canal de Suez, mais vous pourrez apercevoir les longues jetées de Port-Saïd après-demain, quand nous serons dans la Méditerranée.
-¡En el Mediterráneo! -exclamé.
— Dans la Méditerranée! m'écriai-je.
-Sí, señor profesor. ¿Le asombra?
— Oui. monsieur le professeur. Cela vous étonne?
-Lo que me asombra es pensar que podamos llegar pasado mañana.
— Ce qui m'étonne, c'est de penser que nous y serons après-demain.
-¿De veras?
— Vraiment?
-Sí, capitán, aunque ya debería estar acostumbrado a no sorprenderme ante nada desde que estoy con usted.
— Oui, capitaine, bien que je dusse être habitué à ne m'étonner de rien depuis que je suis à votre bord!
-Pero ¿qué es lo que le sorprende tanto?
— Mais à quel propos cette surprise?
-¿Qué va a ser? La increíble velocidad que deberá usted exigir al Nautilus para que pueda estar pasado mañana en el Mediterráneo tras haber dado la vuelta a África y doblado el cabo de Buena Esperanza.
— A propos de l'effroyable vitesse que vous serez forcé d'imprimer au Nautilus s'il doit se retrouver après-demain en pleine Méditerranée, ayant fait le tour de l'Afrique et doublé le cap de Bonne-Espérance!
-Pero ¿quién le ha dicho que vamos a dar la vuelta a África? ¿Quién ha hablado del cabo de Buena Esperanza?
— Et qui vous dit qu'il fera le tour de l'Afrique, monsieur le professeur? Qui vous parle de doubler le cap de Bonne-Espérance!
-¡Pero-… ! A menos que el Nautilus pase por encima del istmo, navegando por tierra firme…
— Cependant, à moins que le Nautilus ne navigue en terre ferme et qu'il ne passe par-dessus l'isthme...
-O por debajo, señor Aronnax.
— Ou par-dessous, monsieur Aronnax.
-¿Por debajo?
— Par-dessous?
-Sí -respondió tranquilamente el capitán Nemo-. Desde hace mucho tiempo, la naturaleza ha hecho bajo esta lengua de tierra lo que los hombres están haciendo hoy en su superficie.
— Sans doute, répondit tranquillement le capitaine Nemo. Depuis longtemps la nature a fait sous cette langue de terre ce que les hommes font aujourd'hui à sa surface.
-¡Cómo! ¿Hay un paso?
— Quoi! il existerait un passage!
-Sí, un paso subterráneo al que yo he dado el nombre de Túnel Arábigo, y que partiendo desde un poco más abajo de Suez acaba en el golfo de Pelusa.
— Oui, un passage souterrain que j'ai nommé Arabian-Tunnel. Il prend au-dessous de Suez et aboutit au golfe de Péluse.
-Pero ¿no está compuesto el istmo de arenas movedizas?
— Mais cet isthme n'est composé que de sables mouvants?
-Sólo hasta una cierta profundidad. A cincuenta metros hay una sólida base de roca.
— Jusqu'à une certaine profondeur. Mais à cinquante mètres seulement se rencontre une inébranlable assise de roc.
Cada vez más sorprendido, pregunté:
-¿Es el azar el que le ha permitido descubrir ese paso?
— Et c'est par hasard que vous avez découvert ce passage? demandai-je de plus en plus surpris.
-El azar y el razonamiento, y diría que más el razonamiento que el azar.
— Hasard et raisonnement, monsieur le professeur, et même, raisonnement plus que hasard.
-Capitán, le escucho, pero mis oídos se resisten a oír lo que oyen.
— Capitaine, je vous écoute, mais mon oreille résiste à ce qu'elle entend.
-¡Ah! Aures habent et non audíent, siempre ha sido así. Bien, no sólo existe el paso, sino que yo lo he atravesado varias veces. Si no, no me hubiera aventurado hoy en el mar Rojo.
— Ah monsieur! Aures habent et non audient est de tous les temps. Non seulement ce passage existe, mais j'en ai profité plusieurs fois. Sans cela, je ne me serais pas aventuré aujourd'hui dans cette impasse de la mer Rouge.
-¿Sería indiscreto preguntarle cómo descubrió ese túnel?
— Est-il indiscret de vous demander comment vous avez découvert ce tunnel?
-No puede haber nada secreto entre hombres que no deben separarse nunca.
— Monsieur, me répondit le capitaine, il n'y peut y avoir rien de secret entre gens qui ne doivent plus se quitter.»
Haciendo caso omiso de su insinuación, esperé el relato del capitán Nemo.
Je ne relevai pas l'insinuation et j'attendis le récit du capitaine Nemo.
-Señor profesor, fue un simple razonamiento de naturalista lo que me condujo a descubrir este paso, que soy el único en conocer. Yo había observado que en el mar Rojo y en el Mediterráneo existían peces de especies absolutamente idénticas: ofídidos, pércidos, aterínidos, exocétidos, budiones, larnpugas, etc. Convencido de este hecho, me pregunté si no existiría una comunicación entre los dos mares. Pesqué un gran número de peces en las cercanías de Suez, les puse en la cola un anillo de cobre y los devolví al mar. Algunos meses más tarde, en las costas de Siria pesqué varios peces anillados. Estaba demostrada la comunicación entre ambos mares. La busqué con mi Nautilus, la descubrí, y me aventuré por ella. Y dentro de muy poco usted también habrá franqueado mi túnel arábigo, señor profesor.
«Monsieur le professeur, me dit-il, c'est un simple raisonnement de naturaliste qui m'a conduit a découvrir ce passage que je suis seul à connaître. J'avais remarqué que dans la mer Rouge et dans la Méditerranée, il existait un certain nombre de poissons d'espèces absolument identiques, des ophidies, des fiatoles, des girelles, des persègues, des joels, des exocets. Certain de ce fait je me demandai s'il n'existait pas de communication entre les deux mers. Si elle existait, le courant souterrain devait forcément aller de la mer Rouge à la Méditerranée par le seul effet de la différence des niveaux. Je pêchai donc un grand nombre de poissons aux environs de Suez. Je leur passai à la queue un anneau de cuivre, et je les rejetai à la mer. Quelques mois plus tard, sur les côtes de Syrie, je reprenais quelques échantillons de mes poissons ornés de leur anneau indicateur. La communication entre les deux m'était donc démontrée. Je la cherchai avec mon Nautilus, je la découvris, je m'y aventurai, et avant peu, monsieur le professeur, vous aussi vous aurez franchi mon tunnel arabique!»