Veinte mil leguas de viaje submarino

Vingt mille lieues sous les mers

   Capítulo 5

   V

   ¡A la aventura!

   À L'AVENTURE!

   Ningún incidente marcó durante algún tiempo el viaje del Abraham Lincoln, aunque se presentó una circunstancia que patentizó la maravillosa habilidad de Ned Land y mostró la confianza que podía depositarse en él.

   Le voyage de l'Abraham-Lincoln, pendant quelque temps, ne fut marqué par aucun incident. Cependant une circonstance se présenta, qui mit en relief la merveilleuse habileté de Ned Land, et montra quelle confiance on devait avoir en lui.

   A lo largo de las Malvinas, el 30 de junio, la fragata entró en comunicación con unos balleneros norteamericanos, que nos informaron no haber visto al narval. Pero uno de ellos, el capitán del Monroe, conocedor de que Ned Land se hallaba a bordo del Abraham Lincoln, requirió su ayuda para cazar una ballena que tenían a la vista. Deseoso el comandante Farragut de ver en acción a Ned Land, le autorizó a subir a bordo del Monroe. Y el azar fue tan propicio a nuestro canadiense que en vez de una ballena arponeó a dos con un doble golpe, asestándoselo a una directamente en el corazón. Se apoderó de la otra después de una persecución de algunos minutos.

   Au large des Malouines, le 30 juin, la frégate communiqua avec des baleiniers américains, et nous apprîmes qu'ils n'avaient eu aucune connaissance du narwal. Mais l'un d'eux, le capitaine du Monroe, sachant que Ned Land était embarqué à bord de l'Abraham-Lincoln, demanda son aide pour chasser une baleine qui était en vue. Le commandant Farragut, désireux de voir Ned Land à l'oeuvre, l'autorisa à se rendre à bord du Monroe. Et le hasard servit si bien notre Canadien, qu'au lieu d'une baleine, il en harponna deux d'un coup double, frappant l'une droit au coeur, et s'emparant de l'autre après une poursuite de quelques minutes!

   Decididamente, si el monstruo llegaba a habérselas con el arpón de Ned Land, no apostaría yo un céntimo por el monstruo.

   Décidément, si le monstre a jamais affaire au harpon de Ned Land, je ne parierai pas pour le monstre.

   La fragata corrió a lo largo de la costa sudeste de América con una prodigiosa rapidez. El 3 de julio nos hallábamos a la entrada del estrecho de Magallanes, a la altura del cabo de las Vírgenes. Pero el comandante Farragut no quiso adentrarse en ese paso sinuoso y maniobró para doblar el cabo de Hornos, decisión que mereció la unánime aprobación de lo tripulación, ante la improbabilidad de encontrar al narval en ese angosto estrecho.

   La frégate prolongea la côte sud-est de l'Amérique avec une rapidité prodigieuse. Le 3 juillet, nous étions à l'ouvert du détroit de Magellan, à la hauteur du cap des Vierges. Mais le commandant Farragut ne voulut pas prendre ce sinueux passage, et manoeuvra de manière à doubler le cap Horn.

   Fueron muchos los marineros que opinaban que el monstruo no podía pasar por él, que «era demasiado grande para eso».

   L'équipage lui donna raison à l'unanimité. Et en effet, était-il probable que l'on pût rencontrer le narwal dans ce détroit resserré? Bon nombre de matelots affirmaient que le monstre n'y pouvait passer, «qu'il était trop gros pour cela!»

   El 6 de julio, hacia las tres de la tarde, el Abraham Lincoln doblaba a quince millas al sur ese islote solitario, esa roca perdida en la extremidad del continente americano, al que los marinos holandeses impusieron el nombre de su ciudad natal, el cabo de Hornos. Se enderezó el rumbo al Noroeste y, al día siguiente, la hélice de la fragata batía, al fin, las aguas del Pacífico.

   Le 6 juillet, vers trois heures du soir, I'Abraham Lincoln, à quinze milles dans le sud, doubla cet îlot solitaire, ce roc perdu à l'extrémité du continent américain, auquel des marins hollandais imposèrent le nom de leur villa natale, le cap Horn. La route fut donnée vers le nord-ouest, et le lendemain, l'hélice de la frégate battit enfin les eaux du Pacifique.

   -¡Abre el ojo! ¡Abre el ojo! -repetían los marineros del Abraham Lincoln.

   «Ouvre l'oeil! ouvre l'oeil!» répétaient les matelots de l 'Abraham Lincoln.

   Y los abrían desmesuradamente. Los ojos y los catalejos, un poco deslumbrados, cierto es, por la perspectiva de los dos mil dólares, no tuvieron un instante de reposo. Día y noche se observaba la superficie del océano. Los nictálopes, cuya facultad de ver en la oscuridad aumentaba sus posibilidades en un cincuenta por ciento, jugaban con ventaja en la conquista del premio.

   Et ils l'ouvraient démesurément. Les yeux et les lunettes, un peu éblouis, il est vrai, par la perspective de deux mille dollars, ne restèrent pas un instant au repos. Jour et nuit, on observait la surface de l'Océan, et les nyctalopes, dont la faculté de voir dans l'obscurité accroissait les chances de cinquante pour cent, avaient beau jeu pour gagner la prime.

   No era yo el menos atento a bordo, sin que me incitara a ello el atractivo del dinero. Concedía tan sólo algunos minutos a las comidas y algunas horas al sueño para, indiferente al sol o a la lluvia, pasar todo mi tiempo sobre el puente. Unas veces inclinado sobre la batayola del castillo y otras apoyado en el coronamiento de popa, yo devoraba con ávida mirada la espumosa estela que blanqueaba el mar hasta el límite de la mirada. ¡Cuántas veces compartí la emoción del estado mayor y de la tripulación cuando una caprichosa ballena elevaba su oscuro lomo sobre las olas! Cuando eso sucedía, se poblaba el puente de la fragata en un instante. Las escotillas vomitaban un torrente de marineros y oficiales, que, sobrecogidos de emoción, observaban los movimientos del cetáceo. Yo miraba, miraba hasta agotar mi retina y quedarme ciego, lo que le hacía decirme a Conseil, siempre flemático, en tono sereno:

   Moi, que l'appât de l'argent n'attirait guère, je n'étais pourtant pas le moins attentif du bord. Ne donnant que quelques minutes au repas, quelques heures au sommeil, indifférent au soleil ou à la pluie, je ne quittais plus le pont du navire. Tantôt penché sur les bastingages du gaillard d'avant, tantôt appuyé à la lisse de l'arrière, je dévorais d'un oeil avide le cotonneux sillage qui blanchissait la mer jusqu'à perte de vue! Et que de fois j'ai partagé l'émotion de l'état-major, de l'équipage, lorsque quelque capricieuse baleine élevait son dos noirâtre au-dessus des flots. Le pont de la frégate se peuplait en un instant. Les capots vomissaient un torrent de matelots et d'officiers. Chacun, la poitrine haletante, l'oeil trouble, observait la marche du cétacé. Je regardais, je regardais à en user ma rétine, à en devenir aveugle, tandis que Conseil, toujours phlegmatique, me répétait d'un ton calme:

   -Si el señor forzara menos los ojos, vería mejor.

   «Si monsieur voulait avoir la bonté de moins écarquiller ses yeux, monsieur verrait bien davantage!»

   ¡Vanas emociones aquellas! El Abraham Lincoln modificaba su rumbo en persecución del animal señalado, que resultaba ser una simple ballena o un vulgar cachalote que pronto desaparecían entre un concierto de imprecaciones.

   Mais, vaine émotion! L'Abraham-Lincoln modifiait sa route, courait sur l'animal signalé, simple baleine ou cachalot vulgaire, qui disparaissait bientôt au milieu d'un concert d'imprécations!

   El tiempo continuaba siendo favorable y el viaje iba transcurriendo en las mejores condiciones. Nos hallábamos entonces en la mala estación austral, por corresponder el mes de julio de aquella zona al mes de enero en Europa, pero la mar se mantenía tranquila y se dejaba observar fácilmente en un vasto perímetro.

   Cependant, le temps restait favorable. Le voyage s'accomplissait dans les meilleures conditions. C'était alors la mauvaise saison australe, car le juillet de cette zone correspond à notre janvier d'Europe; mais la mer se maintenait belle, et se laissait facilement observer dans un vaste périmètre.

   Ned Land continuaba manifestando la más tenaz incredulidad, hasta el punto de mostrar ostensiblemente su desinterés por el examen de la superficie del mar cuando no estaba de servicio o cuando ninguna ballena se hallaba a la vista. Y, sin embargo, su maravillosa potencia visual nos hubiera sido muy útil. Pero de cada doce horas, ocho por lo menos las pasaba el testarudo canadiense leyendo o durmiendo en su camarote. Más de cien veces le reconvine por su indiferencia.

   Ned Land montrait toujours la plus tenace incrédulité; il affectait même de ne point examiner la surface des flots en dehors de son temps de bordée — du moins quand aucune baleine n'était en vue. Et pourtant sa merveilleuse puissance de vision aurait rendu de grands services. Mais, huit heures sur douze, cet entêté Canadien lisait ou dormait dans sa cabine. Cent fois, je lui reprochai son indifférence.

   -¡Bah! -respondía-, no hay nada, señor Aronnax, y aunque existiese ese animal, ¿qué posibilidades tenemos de verlo, corriendo, como lo estamos haciendo, a la aventura? Se ha dicho que se vio a esa bestia en los altos mares del Pacífico, lo que estoy dispuesto a admitir, pero han pasado ya más de dos meses desde ese hallazgo, y a juzgar por el temperamento de su narval no parece gustarle enmohecerse en los mismos parajes. Parece estar dotado de una prodigiosa facilidad de desplazamiento. Y usted sabe mejor que yo, señor profesor, que la naturaleza no hace nada sin sentido; por eso, no habría dado a un animal lento por constitución la facultad de moverse rápidamente si no tuviera la necesidad de utilizar esa facultad. Luego, si la bestia existe, debe estar ya lejos.

   «Bah! répondait-il, il n'y a rien, monsieur Aronnax, et y eût-il quelque animal, quelle chance avons-nous de l'apercevoir? Est-ce que nous ne courons pas à l'aventure? On a revu, dit-on, cette bête introuvable dans les hautes mers du Pacifique, je veux bien l'admettre, mais deux mois déjà se sont écoulés depuis cette rencontre, et à s'en rapporter au tempérament de votre narwal, il n'aime point à moisir longtemps dans les mêmes parages! Il est doué d'une prodigieuse facilité de déplacement. Or, vous le savez mieux que moi, monsieur le professeur, la nature ne fait rien à contre sens, et elle ne donnerait pas à un animal lent de sa nature la faculté de se mouvoir rapidement, s'il n'avait pas besoin de s'en servir. Donc, si la bête existe, elle est déjà loin!»

   No sabía yo qué responder a tal argumentación. Era evidente que íbamos a ciegas. Pero ¿cómo podríamos proceder de otro modo? Cierto que nuestras probabilidades eran muy limitadas. Pese a todo, nadie a bordo dudaba todavía del éxito, y no había un marinero dispuesto a apostar contra la próxima aparición del narval.

   A cela, je ne savais que répondre. Évidemment, nous marchions en aveugles. Mais le moyen de procéder autrement? Aussi, nos chances étaient-elles fort limitées. Cependant, personne ne doutait encore du succès, et pas un matelot du bord n'eût parié contre le narwal et contre sa prochaine apparition.

   El 20 de julio atravesamos el trópico de Capricornio a 105º de longitud, y el 27 del mismo mes, el ecuador, por el meridiano 110. La fragata tomó entonces una más decidida dirección hacia el Oeste, hacia los mares centrales del Pacífico.

   Le 20 juillet, le tropique du Capricorne fut coupé par 105° de longitude, et le 27 du même mois, nous franchissions l'équateur sur le cent dixième méridien. Ce relèvement fait, la frégate prit une direction plus décidée vers l'ouest, et s'engagea dans les mers centrales du Pacifique.

   El comandante Farragut pensaba, con fundamento, que era mejor frecuentar las aguas profundas y alejarse de los continentes y de las islas, cuyas proximidades parecía haber evitado siempre el animal, «sin duda porque no había demasiada agua para él», decía el contramaestre. La fragata pasó, pues, a lo largo de las islas Pomotú, Marquesas y Sandwich, cortó el trópico de Cáncer a 132º de longitud y se dirigió hacia los mares de China.

   Le commandant Farragut pensait, avec raison, qu'il valait mieux fréquenter les eaux profondes, et s'éloigner des continents ou des îles dont l'animal avait toujours paru éviter l'approche, «sans doute parce qu'il n'y avait pas assez d'eau pour lui!» disait le maître d'équipage. La frégate passa donc au large des Pomotou, des Marquises, des Sandwich, coupa le tropique du Cancer par 132° de longitude, et se dirigea vers les mers de Chine.

   Por fin nos hallábamos en el escenario de la última aparición del monstruo. A partir de entonces puede decirse que ya no se vivía a bordo. Los corazones latían furiosamente, incubando futuros aneurismas incurables. La tripulación entera sufría una sobreexcitación nerviosa de la que yo no podría dar una pálida idea. No se comía ni se dormía. Veinte veces al día, un error de apreciación, una ilusión óptica de algún marinero encaramado a una cofa, causaban un súbito alboroto, y estas emociones, veinte veces repetidas, nos mantenían en un estado de eretismo demasiado violento para no provocar una próxima recesión.

   Nous étions enfin sur le théâtre des derniers ébats du monstre! Et, pour tout dire, on ne vivait plus à bord. Les coeurs palpitaient effroyablement, et se préparaient pour l'avenir d'incurables anévrismes. L'équipage entier subissait une surexcitation nerveuse, dont je ne saurais donner l'idée. On ne mangeait pas, on ne dormait plus. Vingt fois par jour, une erreur d'appréciation, une illusion d'optique de quelque matelot perché sur les barres, causaient d'intolérables douleurs, et ces émotions, vingt fois répétées, nous maintenaient dans un état d'éréthisme trop violent pour ne pas amener une réaction prochaine.

   Y, en efecto, la reacción no tardó en producirse. Durante tres meses, tres meses de los que cada día duraba un siglo, el Abraham Lincoln surcó todos los mares septentrionales del Pacífico, corriendo tras de las ballenas señaladas, procediendo a bruscos cambios de rumbo, virando súbitamente de uno a otro bordo, parando repentinamente sus máquinas, forzando o reduciendo el vapor alternativamente, con riesgo de desnivelar su maquinaria, y sin dejar un punto inexplorado desde las costas del Japón a las de América. ¡Y nada! ¡Nada más que la inmensidad de las olas desiertas! Nada que se asemejara a un narval gigantesco, ni a un islote submarino, ni a un resto de naufragio, ni a un escollo fugaz ni a nada sobrenatural.

   Et en effet, la réaction ne tarda pas à se produire. Pendant trois mois, trois mois dont chaque jour durait un siècle! l'Abraham-Lincoln sillonna toutes les mers septentrionales du Pacifique, courant aux baleines signalées, faisant de brusques écarts de route, virant subitement d'un bord sur l'autre, s'arrêtant soudain, forçant ou renversant sa vapeur, coup sur coup, au risque de déniveler sa machine, et il ne laissa pas un point inexploré des rivages du Japon à la côte américaine. Et rien! rien que l'immensité des flots déserts! Rien qui ressemblât à un narwal gigantesque, ni à un îlot sous-marin, ni à une épave de naufrage, ni à un écueil fuyant, ni à quoi que ce fût de surnaturel!

   La previsible reacción a tanto entusiasmo baldío se produjo inevitablemente. El desánimo se apoderó de todos y abrió una brecha a la incredulidad. Un nuevo sentimiento nos embargó a todos, un sentimiento que se componía de tres décimas de vergüenza y siete décimas de furor. Había que ser estúpidos para dejarse seducir por una quimera, y esta reflexión aumentaba nuestro furor. Las montañas de argumentos acumulados desde hacía un año se derrumbaban lamentablemente. Cada uno pensaba ya únicamente en desquitarse, en las horas del sueño y de las comidas, del tiempo que había sacrificado tan estúpidamente.

   La réaction se fit donc. Le découragement s'empara d'abord des esprits, et ouvrit une brèche à l'incrédulité. Un nouveau sentiment se produisit à bord, qui se composait de trois dixièmes de honte contre sept dixièmes de fureur. On était «tout bête» de s'être laissé prendre à une chimère, mais encore plus furieux! Les montagnes d'arguments entassés depuis un an s'écroulèrent à la fois, et chacun ne songea plus qu'à se rattraper aux heures de repas ou de sommeil du temps qu'il avait si sottement sacrifié.

   Con la versatdidad inherente al espíritu humano, se pasó de un exceso al extremadamente opuesto. Los más fervientes partidarios de la empresa se convirtieron fatalmente en sus más ardientes detractores. La reacción subió desde los fondos del navío, desde los puestos de los pañoleros hasta los de la oficialidad, y, ciertamente, sin la muy particular obstinación del capitán Farragut, la fragata hubiese puesto definitivamente proa al Sur.

   Avec la mobilité naturelle à l'esprit humain, d'un excès on se jeta dans un autre. Les plus chauds partisans de l'entreprise devinrent fatalement ses plus ardents détracteurs. La réaction monta des fonds du navire, du poste des soutiers jusqu'au carré de l'état-major, et certainement, sans un entêtement très particulier du commandant Farragut, la frégate eût définitivement remis le cap au sud.

   Sin embargo, no podía prolongarse mucho más tiempo esa búsqueda inútil. El Abraham Lincoln no tenía nada que reprocharse, pues había hecho todo lo posible por lograrlo. Nunca una tripulación de un buque de la marina norteamericana había dado más muestras de celo y de paciencia, y en ningún caso podía imputársele la responsabilidad de fracaso.

   Cependant, cette recherche inutile ne pouvait se prolonger plus longtemps. L'Abraham-Lincoln n'avait rien à se reprocher, ayant tout fait pour réussir. Jamais équipage d'un bâtiment de la marine américaine ne montra plus de patience et plus de zèle; son insuccès ne saurait lui être imputé; il ne restait plus qu'à revenir.

   Ya no quedaba más que regresar, y así se le comunicó al comandante, quien se mantuvo firme en su intención de persistir en su empeño. Los marineros no ocultaron entonces su descontento, de lo que se resintió el servicio, sin que ello quiera decir que se produjese una rebelión a bordo. Después de un razonable período de obstinación, el comandante Farragut, al igual que Colón en otro tiempo, pidió tres días de paciencia. Si en ese plazo no apareciera el monstruo, el timonel daría tres vueltas de rueda y el Abraham Lincoln pondría rumbo a los mares de Europa.

   Une représentation dans ce sens fut faite au commandant. Le commandant tint bon. Les matelots ne cachèrent point leur mécontentement, et le service en souffrit. Je ne veux pas dire qu'il y eut révolte à bord, mais après une raisonnable période d'obstination, le commandant Farragut comme autrefois Colomb, demanda trois jours de patience. Si dans le délai de trois jours, le monstre n'avait pas paru, l'homme de barre donnerait trois tours de roue, et l'Abraham-Lincoln ferait route vers les mers européennes.

   Tal promesa fue hecha el 2 de noviembre, y tuvo por resultado inmediato reanimar a la abatida tripulación. De nuevo volvió a escrutarse el horizonte con la mayor atención, empeñados todos y cada uno en consagrarle esa última mirada en la que se resume el recuerdo. Se apuntaron los catalejos al horizonte con una ansiedad febril. Era el supremo desafío al gigantesco narval, y éste no podía razonablemente dejar de responder a esta convocatoria de «comparecencia».

   Cette promesse fut faite le 2 novembre. Elle eut tout d'abord pour résultat de ranimer les défaillances de l'équipage. L'Océan fut observé avec une nouvelle attention. Chacun voulait lui jeter ce dernier coup d'oeil dans lequel se résume tout le souvenir. Les lunettes fonctionnèrent avec une activité fiévreuse. C'était un suprême défi porté au narwal géant, et celui-ci ne pouvait raisonnablement se dispenser de répondre à cette sommation «à comparaître!»

   Transcurrieron los dos primeros días. El Abraham Lincoln navegaba a presión reducida. Se emplearon todos los medios posibles para llamar la atención o para estimular la apatía del animal, en el supuesto de que se hallase en aquellos parajes. Se echaron al mar, a la rastra, enormes trozos de tocino, para la mayor satisfacción de los tiburones, debo decirlo. Se echaron al agua varios botes para explorar en todas direcciones, en un amplio radio de acción, el mar en torno al Abraham Lincoln, dejado al pairo. Pero la noche del 4 de noviembre llegó sin que se hubiera desvelado el misterio submarino.

   Deux jours se passèrent. L'Abraham-Lincoln se tenait sous petite vapeur. On employait mille moyens pour éveiller l'attention ou stimuler l'apathie de l'animal, au cas où il se fût rencontré dans ces parages. D'énormes quartiers de lard furent mis à la traîne pour la plus grande satisfaction des requins, je dois le dire. Les embarcations rayonnèrent dans toutes les directions autour de l'Abraham-Lincoln, pendant qu'il mettait en panne, et ne laissèrent pas un point de mer inexploré. Mais le soir du 4 novembre arriva sans que se fût dévoilé ce mystère sous-marin.

   Al día siguiente, 5 de noviembre, expiraba a mediodía el plazo de rigor. Tras fijar la posición, el comandante Farragut, fiel a su promesa, debía poner rumbo al Sudeste y abandonar definitivamente las regiones septentrionales del Pacífico.

   Le lendemain, 5 novembre, à midi, expirait le délai de rigueur. Après le point, le commandant Farragut, fidèle à sa promesse, devait donner la route au sud-est, et abandonner définitivement les régions septentrionales du Pacifique.

   La fragata se hallaba entonces a 31º 15' de latitud Norte y 136º 42' de longitud Este. Las tierras del Japón distaban menos de doscientas millas a sotavento. Se acercaba ya la noche, acababan de dar las ocho. Grandes nubarrones velaban el disco lunar, entonces en su primer cuarto. La mar ondulaba apaciblemente bajo la roda de la fragata.

   La frégate se trouvait alors par 31°15' de latitude nord et par 136°42' de longitude est. Les terres du Japon nous restaient à moins de deux cents milles sous le vent. La nuit approchait. On venait de piquer huit heures. De gros nuages voilaient le disque de la lune, alors dans son premier quartier. La mer ondulait paisiblement sous l'étrave de la frégate.

   Yo me hallaba a proa, apoyado en la batayola de estribor. A mi lado, Consed miraba el horizonte. La tripulación, encaramada a los obenques, escrutaba el horizonte que iba reduciéndose y oscureciéndose poco a poco. Los oficiales escudriñaban la creciente oscuridad con sus catalejos de noche. De vez en cuando el oscuro océano resplandecía fugazmente bajo un rayo de luna entre dos nubes. Luego, el rayo de luz se desvanecía de nuevo en las tinieblas.

   En ce moment, j'étais appuyé à l'avant, sur le bastingage de tribord. Conseil, posté près de moi, regardait devant lui. L'équipage, juché dans les haubans, examinait l'horizon qui se rétrécissait et s'obscurcissait peu à peu. Les officiers, armes de leur lorgnette de nuit, fouillaient l'obscurité croissante. Parfois le sombre Océan étincelait sous un rayon que la lune dardait entre la frange de deux nuages. Puis, toute trace lumineuse s'évanouissait dans les ténèbres.

   Observando a Conseil, creí ver que el buen muchacho se había dejado contagiar un poco del estado de ánimo general. Quizá y por vez primera sus nervios vibraban bajo el sentimiento de la curiosidad.

   En observant Conseil, je constatai que ce brave garçon subissait tant soit peu l'influence générale. Du moins, je le crus ainsi. Peut-être, et pour la première fois, ses nerfs vibraient-ils sous l'action d'un sentiment de curiosité.

   -Vamos, Conseil -le dije-, ésta es la última ocasión de embolsarse dos mil dólares.

   «Allons, Conseil, lui dis-je, voilà une dernière occasion d'empocher deux mille dollars.

   -Permítame el señor decirle que en ningún momento he contado con esa prima, y que aunque se hubieran ofrecido cien mil dólares no por eso se hubiera visto más pobre el gobierno de la Unión.

   — Que monsieur me permette de le lui dire, répondit Conseil, je n'ai jamais compté sur cette prime, et le gouvernement de l'Union pouvait promettre cent mille dollars, il n'en aurait pas été plus pauvre.

   -Tienes razón, Conseil. Después de todo, es una estúpida aventura, y nos hemos lanzado a ella con una excesiva ligereza. ¡Cuánto tiempo perdido y cuántas emociones inútiles! ¡Pensar que hace ya seis meses que podíamos estar en Francia!

   — Tu as raison, Conseil. C'est une sotte affaire, après tout, et dans laquelle nous nous sommes lancés trop légèrement. Que de temps perdu, que d'émotions inutiles! Depuis six mois déjà, nous serions rentrés en France...

   -En la casa del señor, en el museo del señor. Y yo tendría ya clasificados los fósiles del señor. El babirusa del señor estaría ya instalado en su jaula del jardín de Plantas, y sería la atracción de todos los curiosos de la capital.

   — Dans le petit appartement de monsieur, répliqua Conseil, dans le Muséum de monsieur! Et j'aurais déjà classé les fossiles de monsieur! Et le babiroussa de monsieur serait installé dans sa cage du Jardin des Plantes, et il attirerait tous les curieux de la capitale!

   -Así es, Conseil. Y lo que es más, así me lo temo, la gente va a burlarse de nosotros.

   — Comme tu dis, Conseil, et sans compter, j'imagine, que l'on se moquera de nous!

   -En efecto -respondió muy tranquilamente Conseil-. Creo que van a burlarse del señor. Y ¿puedo permitirme decir que … ?

   — Effectivement, répondit tranquillement Conseil, je pense que l'on se moquera de monsieur. Et, faut-il le dire...?

   -Puedes permitírtelo, Conseil.

   — Il faut le dire, Conseil.

   -Pues bien, que el señor se lo tiene merecido.

   — Eh bien, monsieur n'aura que ce qu'il mérite!

   -¿De veras?

   — Vraiment!

   -Cuando se tiene el honor de ser un sabio como el señor, no se puede exponer uno a…

   — Quand on a l'honneur d'être un savant comme monsieur, on ne s'expose pas...»

   Conseil no pudo acabar su frase. En medio del silencio, se oyó una voz. La de Ned Land. Y la voz de Ned Land gritaba:

   Conseil ne put achever son compliment. Au milieu du silence général, une voix venait de se faire entendre. C'était la voix de Ned Land, et Ned Land s'écriait:

   -¡Ohé! ¡La cosa en cuestión, a sotavento, al través!

   «Ohé! la chose en question, sous le vent, par le travers à nous!»