Esa manera de hablar, lo imprevisto de la escena, la historia del barco patriota y la emoción con que el extraño personaje había pronunciado la últimas palabras, ese nombre de Vengeur, cuya significación no podía escaparme, me impresionaron profundamente. No podía dejar de mirar al capitán que, con las manos extendidas hacia el mar, contemplaba, fascinado, los gloriosos restos. Quizá no debiera yo saber jamás quién era, de dónde venía, adónde iba, pero cada vez veía con más claridad al hombre liberarse del sabio. No era una misantropía común la que había encerrado en el Nautilus al capitán Nemo y a sus hombres, sino un odio monstruoso o sublime que el tiempo no podía debilitar.
Cette façon de dire, l'imprévu de cette scène, cet historique du navire patriote froidement raconté d'abord, puis l'émotion avec laquelle l'étrange personnage avait prononcé ses dernières paroles, ce nom de Vengeur, dont la signification ne pouvait m'échapper, tout se réunissait pour frapper profondément mon esprit. Mes regards ne quittaient plus le capitaine. Lui, les mains tendues vers la mer, considérait d'un oeil ardent la glorieuse épave. Peut-être ne devais-je jamais savoir qui il était, d'où il venait, où il allait, mais je voyais de plus en plus l'homme se dégager du savant. Ce n'était pas une misanthropie commune qui avait enfermé dans les flancs du Nautilus le capitaine Nemo et ses compagnons, mais une haine monstrueuse ou sublime que le temps ne pouvait affaiblir.
¿Buscaba ese odio la venganza? El futuro debía darme pronto la respuesta.
Cette haine cherchait-elle encore des vengeances? L'avenir devait bientôt me l'apprendre.
El Nautilus ascendía ya lentamente hacia la superficie, y poco a poco vi desaparecer las formas confusas del Vengeur. Pronto, un ligero balanceo me indicó que flotábamos en la superficie.
Cependant, le Nautilus remontait lentement vers la surface de la mer, et je vis disparaître peu à peu les formes confuses du Vengeur. Bientôt un léger roulis m'indiqua que nous flottions à l'air libre.
En aquel momento, se oyó una sorda detonación. Miré al capitán. Éste no se había movido.
En ce moment, une sourde détonation se fit entendre. Je regardai le capitaine. Le capitaine ne bougea pas.
-¡Capitán!
« Capitaine?» dis-je.
No respondió.
Il ne répondit pas.
Le dejé y subí a la plataforma. Conseil y Ned Land me ha bían precedido.
Je le quittai et montai sur la plate-forme. Conseil et le Canadien m'y avaient précédé.
-¿De dónde viene esa detonación? -pregunté.
« D'où vient cette détonation? demandai-je.
-Un cañonazo -respondió Ned Land.
— Un coup de canon», répondit Ned Land.
Miré en la dirección del navío que había visto. Se acercaba al Nautilus y se veía que forzaba el vapor. Seis millas le separaban de nosotros.
Je regardai dans la direction du navire que j'avais aperçu. Il s'était rapproché du Nautilus et l'on voyait qu'il forçait de vapeur. Six milles le séparaient de nous.
-¿Qué barco es ése, Ned?
« Quel est ce bâtiment, Ned?
-Por su aparejo y por la altura de sus masteleros -respondió el canadiense -apostaría a que es un barco de guerra. ¡Ojalá pueda llegar hasta nosotros y echar a pique a este condenado Nautilus!
— A son gréement, à la hauteur de ses bas mâts, répondit le Canadien, je parierais pour un navire de guerre. Puisse-t-il venir sur nous et couler, s'il le faut, ce damné Nautilus !
-¿Y qué daño podría hacerle al Nautilus, Ned? -dijo Conseil-. ¿Puede atacarle bajo el agua, cañonearle en el fondo del mar?
— Ami Ned, répondit Conseil, quel mal peut-il faire au Nautilus? Ira-t-il l'attaquer sous les flots? Ira-t-il le canonner au fond des mers?
-Dígame, Ned, ¿puede usted reconocer la nacionalidad de ese barco?
— Dites-moi, Ned, demandai-je, pouvez-vous reconnaître la nationalité de ce bâtiment?»
El canadiense frunció las cejas, plegó los párpados, guiñó los ojos y miró fijamente durante algunos instantes al barco con toda la potencia de su mirada.
Le Canadien, fronçant ses sourcils, abaissant ses paupières, plissant ses yeux aux angles, fixa pendant quelques instants le navire de toute la puissance de son regard.
-No, señor. No puedo reconocer la nación a la que pertenece. No lleva izado el pabellón. Pero sí puedo afirmar que es un barco de guerra, porque en lo alto de su palo mayor ondea un gallardete.
« Non, monsieur, répondit-il. Je ne saurais reconnaître à quelle nation il appartient. Son pavillon n'est pas hisse. Mais je puis affirmer que c'est un navire de guerre, car une longue flamme se déroule à l'extrémité de son grand mât.»
Durante un cuarto de hora continuamos observando al barco que se dirigía hacia nosotros. Yo no podía admitir, sin embargo, que hubieran podido reconocer al Nautilus a esa distancia y aún menos que supiesen lo que era este ingenio submarino.
Pendant un quart d'heure, nous continuâmes d'observer le bâtiment qui se dirigeait vers nous. Je ne pouvais admettre, cependant. qu'il eût reconnu le Nautilus à cette distance, encore moins qu'il sût ce qu'était cet engin sous-marin.
No tardó el canadiense en precisar que se trataba de un buque de guerra acorazado de dos puentes. Sus dos chimeneas escupían una espesa humareda negra. Sus velas plegadas se confundían con las líneas de las vergas, y a popa no llevaba izado el pabellón. La distancia impedía aún distinguir los colores de su gallardete que flotaba como una delgada cinta.
Bientôt le Canadien m'annonça que ce bâtiment était un grand vaisseau de guerre, à éperon, un deux-ponts cuirassé. Une épaisse fumée noire s'échappait de ses deux cheminées. Ses voiles serrées se confondaient avec la ligne des vergues. Sa corne ne portait aucun pavillon. La distance empêchait encore de distinguer les couleurs de sa flamme, qui flottait comme un mince ruban.
Avanzaba rápidamente. Si el capitán Nemo le dejaba acercarse se abriría ante nosotros una posibilidad de salvación.
Il s'avançait rapidement. Si le capitaine Nemo le laissait approcher, une chance de salut s'offrait à nous.
-Señor -dijo Ned Land-, como pase a una milla de nosotros me tiro al mar, y les exhorto a hacer como yo.
« Monsieur, me dit Ned Land, que ce bâtiment nous passe à un mille je me jette à la mer, et je vous engage faire comme moi.»
No respondí a la proposición del canadiense, y continué observando al barco, que aumentaba de tamaño a medida que se acercaba. Ya fuese inglés, francés, americano o ruso, era seguro que nos acogerían si podíamos acercarnos a él.
Je ne répondis pas à la proposition du Canadien, et je continuai de regarder le navire qui grandissait à vue d'oeil. Qu'il fût anglais, français, américain ou russe, il était certain qu'il nous accueillerait, si nous pouvions gagner son bord.
-El señor haría bien en recordar -dijo entonces Conseil- que ya tenemos alguna experiencia de la natación. Puede confiar en que yo le remolcaré si decide seguir al amigo Ned.
« Monsieur voudra bien se rappeler, dit alors Conseil, que nous avons quelque expérience de la natation. Il peut se reposer sur moi du soin de le remorquer vers ce navire, s'il lui convient de suivre l'ami Ned.»
Iba a responderle, cuando un vapor blanco surgió a proa del navío de guerra. Algunos segundos después, el agua, perturbada por la caída de un cuerpo pesado, salpicó la popa del Nautilus. Inmediatamente se escuchó una detonación.
J'allais répondre, lorsqu'une vapeur blanche jaillit à l'avant du vaisseau de guerre. Puis, quelques secondes plus tard, les eaux troublées par la chute d'un corps pesant, éclaboussèrent l'arrière du Nautilus. Peu après, une détonation frappait mon oreille.
-¡Vaya! ¡Nos cañonean! -exclamé.
« Comment? ils tirent sur nous! m'écriai-je.
-¡Buena gente! -murmuró el canadiense.
— Braves gens! murmura le Canadien.
-No nos toman, pues, por náufragos aferrados a una tabla.
— Ils ne nous prennent donc pas pour des naufragés accrochés à une épave!
-Mal que le pese al señor.. Bueno -dijo Conseil, sacudiéndose el agua que un nuevo obús había hecho saltar sobre él-, decía que han debido reconocer al narval y lo están canoneando.
— N'en déplaise à monsieur.... Bon, fit Conseil en secouant l'eau qu'un nouveau boulet avait fait jaillir jusqu'à lui.- N'en déplaise à monsieur, ils ont reconnu le narwal, et ils canonnent le narwal.
-Pero deberían ver -repuse -que están tirando contra hombres.
— Mais ils doivent bien voir, m'écriai-je qu'ils ont affaire à des hommes.
-Tal vez sea por eso -respondió Ned Land, mirándome.
— C'est peut-être pour cela!» répondit Ned Land en me regardant.
Sus palabras me hicieron comprender. Sin duda, se sabía a qué atenerse ya sobre la existencia del supuesto monstruo. Sin duda, en su colisión con el Abraham Lincoln cuando el canadiense le golpeó con su arpón, el comandante Farragut había reconocido en el narval a un barco submarino, más peligroso que un sobrenatural cetáceo.
Toute une révélation se fit dans mon esprit. Sans doute, on savait à quoi s'en tenir maintenant sur l'existence du prétendu monstre. Sans doute, dans son abordage avec l'Abraham-Lincoln, lorsque le Canadien le frappa de son harpon, le commandant Farragut avait reconnu que le narwal était un bateau sous-marin, plus dangereux qu'un cétacé surnaturel?
Sí, eso debía ser, y era seguro que en todos los mares se perseguía a ese terrible in genio de destrucción.
Oui, cela devait être ainsi, et sur toutes les mers, sans doute, on poursuivait maintenant ce terrible engin de destruction!
Terrible, en efecto, si, como podía su ponerse, el capitán Nemo empleara al Nautilus en una obra de venganza. ¿No habría atacado a algún navío aquella noche, en medio del océano Índico, cuando nos encerró en la celda? ¿Aquel hombre enterrado en el cementerio de cora no habría sido víctima del choque provocado por el Nautilus? Sí, lo repito, así debía ser. Eso desvelaba una parte de la misteriosa existencia del capitán Nemo. Y aunque su identidad no fuera conocida, las naciones, coaligadas contra él perseguían no ya a un ser quimérico, sino a un hombre que las odiaba implacablemente.
Terrible en effet, si comme on pouvait le supposer, le capitaine Nemo employait le Nautilus à une oeuvre de vengeance! Pendant cette nuit, lorsqu'il nous emprisonna dans la cellule, au milieu de l'Océan Indien, ne s'était-il pas attaqué à quelque navire? Cet homme enterré maintenant dans le cimetière de corail, n'avait-il pas été victime du choc provoqué par le Nautilus? Oui, je le répète. Il en devait être ainsi. Une partie de la mystérieuse existence du capitaine Nemo se dévoilait. Et si son identité n'était pas reconnue, du moins, les nations coalisées contre lui, chassaient maintenant, non plus un être chimérique, mais un homme qui leur avait voué une haine implacable!
En un momento, entreví ese pasado formidable, y me di cuenta de que en vez de encontrar amigos en ese navío que se acercaba no podríamos sino hallar enemigos sin piedad.
Tout ce passé formidable apparut à mes yeux. Au lieu de rencontrer des amis sur ce navire qui s'approchait, nous n'y pouvions trouver que des ennemis sans pitié.
Los obuses se multiplicaban en torno nuestro. Algunos, tras golpear la superficie líquida, se alejaban por rebotes a distancias considerables. Pero ninguno alcanzó al Nautilus.
Cependant les boulets se multipliaient autour de nous. Quelques-uns, rencontrant la surface liquide, s'en allaient par ricochet se perdre à des distances considérables. Mais aucun n'atteignit le Nautilus.
El buque acorazado no estaba ya más que a tres millas. Pese al violento cañoneo, el capitán Nemo no había aparecido en la plataforma. Y, sin embargo, cualquiera de esos obuses cónicos que hubiera golpeado al casco del Nautilus le hubiera sido fatal.
Le navire cuirassé n'était plus alors qu'à trois milles. Malgré sa violente canonnade, le capitaine Nemo ne paraissait pas sur la plate-forme. Et cependant, l'un de ces boulets coniques, frappant normalement la coque du Nautilus, lui eût été fatal.
Le Canadien me dit alors:
-Señor -me dijo entonces el canadiense-, debemos intentarlo todo para salir de este mal paso. Hagámosles señales. ¡Mil diantres! Tal vez entiendan que somos gente honrada.
« Monsieur, nous devons tout tenter pour nous tirer de ce mauvais pas. Faisons des signaux! Mille diables! On comprendra peut-être que nous sommes d'honnêtes gens!»
Y diciendo esto, Ned Land sacó su pañuelo para agitarlo en el aire. Pero apenas lo había desplegado cuando caía sobre el puente, derribado por un brazo de hierro, pese a su fuerza prodigiosa.
Ned Land prit son mouchoir pour l'agiter dans l'air. Mais il l'avait à peine déployé, que terrassé par une main de fer, malgré sa force prodigieuse, il tombait sur le pont.
-¡Miserable! -rugió el capitán-. ¿Es que quieres que te ensarte en el espolón del Nautilus antes de que lo lance contra ese buque?
« Misérable, s'écria le capitaine, veux-tu donc que je te cloue sur l'éperon du Nautilus avant qu'il ne se précipite contre ce navire!»
Si terrible fue oír al capitán Nemo lo que había dicho, más terrible aún era verlo. Su rostro palideció a consecuencia de los espasmos de su corazón, que había debido cesar de latir un instante. Sus ojos se habían contraído espantosamente. Su voz era un rugido. Inclinado hacia adelante, sus manos retorcían los hombros del canadiense.
Le capitaine Nemo, terrible à entendre, était plus terrible encore à voir. Sa face avait pâli sous les spasmes de son coeur, qui avait dû cesser de battre un instant. Ses pupilles s'étaient contractées effroyablement. Sa voix ne parlait plus, elle rugissait. Le corps penché en avant, il tordait sous sa main les épaules du Canadien.
Luego le abandonó, y volviéndose hacia el buque de guerra cuyos obuses llovían en torno suyo, le increpó así:
Puis, l'abandonnant et se retournant vers le vaisseau de guerre dont les boulets pleuvaient autour de lui:
-¡Ah! ¿Sabes quién soy yo, barco de una nación maldita? Yo no necesito ver tus colores para reconocerte. ¡Mira! ¡Voy a mostrarte los míos!
« Ah! tu sais qui je suis, navire d'une nation maudite! s'écria-t-il de sa voix puissante. Moi, je n'ai pas eu besoin de tes couleurs pour te reconnaître! Regarde! Je vais te montrer les miennes!»
Y el capitán Nemo desplegó sobre la parte anterior de la plataforma un pabellón negro, igual al que había plantado en el Polo Sur.
Et le capitaine Nemo déploya à l'avant de la plate-forme un pavillon noir. semblable à celui qu'il avait déjà planté au pôle sud.
En aquel momento, un obús rozó oblicuamente el casco del Nautilus sin dañarlo, y pasó de rebote cerca del capitán antes de perderse en el mar.
A ce moment, un boulet frappant obliquement la coque du Nautilus, sans l'entamer, et passant par ricochet près du capitaine. alla se perdre en mer.
El capitán Nemo se alzó de hombros. Luego se dirigió a mí:
Le capitaine Nemo haussa les épaules. Puis, s'adressant à moi:
-¡Descienda! -me dijo en un tono imperativo-. ¡Baje con sus compañeros!
« Descendez, me dit-il d'un ton bref, descendez, vous et vos compagnons.
-Señor, ¿va usted a atacar a ese buque?
— Monsieur, m'ecriai-je, allez-vous donc attaquer ce navire,
-Señor, voy a echarlo a pique.
— Monsieur, je vais le couler.
-¡No hará usted eso!
— Vous ne ferez pas cela!
-Lo haré -respondió fríamente el capitán Nemo-. Absténgase de juzgarme, señor. La fatalidad va a mostrarle lo que no debería haber visto. Me han atacado y la respuesta será terrible. ¡Baje usted!
— Je le ferai, répondit froidement le capitaine Nemo. Ne vous avisez pas de me juger, monsieur. La fatalité vous montre ce que vous ne deviez pas voir. L'attaque est venue. La riposte sera terrible. Rentrez.
-¿Qué barco es ése?
— Ce navire, quel est-il?
-¿No lo sabe? Pues bien, tanto mejor. Su nacionalidad, al menos, será un secreto para usted. ¡Baje!
— Vous ne le savez pas? Eh bien! tant mieux! Sa nationalité, du moins, restera un secret pour vous. Descendez.»
El canadiense, Conseil y yo no podíamos hacer otra cosa que obedecer. Una quincena de marineros del Nautilus rodeaban al capitán y miraban con un implacable sentimiento de odio al navío que avanzaba hacia ellos. Se sentía que el mismo espíritu de venganza animaba a todos aquellos hombres.
Le Canadien, Conseil et moi, nous ne pouvions qu'obéir. Une quinzaine de marins du Nautilus entouraient le capitaine et regardaient avec un implacable sentiment de haine ce navire qui s'avançait vers eux. On sentait que le même souffle de vengeance animait toutes ces âmes.
Descendí en el momento mismo en que un nuevo proyectil rozaba otra vez el casco del Nautilus, y oí gritar al capitán:
Je descendis au moment où un nouveau projectile éraillait encore la coque du Nautilus, et j'entendis le capitaine s'écrier:
-¡Tira, barco insensato! Prodiga tus inútiles obuses. No escaparás al espolón del Nautílus. Pero no es aquí donde debes perecer, no quiero que tus ruinas vayan a confundirse con las del Vengeur.
« Frappe, navire insensé! Prodigue tes inutiles boulets! Tu n'échapperas pas à l'éperon du Nautilus. Mais ce n'est pas à cette place que tu dois périr! Je ne veux pas que tes ruines aillent se confondre avec les ruines du Vengeur !»
Volví a mi camarote. El capitán y su segundo se habían quedado en la plataforma. La hélice se puso en movimiento y el Nautilus se alejó velozmente, poniéndose fuera del alcance de los obuses del navío. Pero la persecución prosiguió y el capitán Nemo se limitó a mantener la distancia.
Je regagnai ma chambre. Le capitaine et son second étaient restés sur la plate-forme. L'hélice fut mise en mouvement, le Nautilus, s'éloignant avec vitesse se mit hors de la portée des boulets du vaisseau. Mais la poursuite continua, et le capitaine Nemo se contenta de maintenir sa distance.
Hacia las cuatro de la tarde, incapaz de contener la impaciencia y la inquietud que me devoraban, volví a la escalera central. La escotilla estaba abierta y me arriesgué sobre la plataforma. El capitán se paseaba por ella agitadamente y miraba al buque, situado a unas cinco o seis millas a sotavento. El capitán Nemo se dejaba perseguir atrayendo al buque hacia el Este. No le atacaba, sin embargo. ¿Dudaba tal vez?
Vers quatre heures du soir, ne pouvant contenir l'impatience et l'inquiétude qui me dévoraient, je revins vers l'escalier central. Le panneau était ouvert. Je me hasardai sur la plate-forme. Le capitaine s'y promenait encore d'un pas agité. Il regardait le navire qui lui restait sous le vent à cinq ou six milles. Il tournait autour de lui comme une bête fauve, et l'attirant vers l'est, il se laissait poursuivre. Cependant, il n'attaquait pas. Peut-être hésitait-il encore?
Quise intervenir por última vez. Pero apenas interpelé al capitán Nemo, me impuso el silencio.
Je voulus intervenir une dernière fois. Mais j'avais a peine interpellé le capitaine Nemo, que celui-ci m'imposait silence:
-Yo soy el derecho, yo soy la justicia -me dijo-. Yo soy el oprimido y ése es el opresor. Es por él por lo que ha perecido todo lo que he amado y venerado: patria, esposa, hijos, padre y madre. Todo lo que yo odio está ahí. ¡Cállese!
« Je suis le droit, je suis la justice! me dit-il. Je suis l'opprimé, et voilà l'oppresseur! C'est par lui que tout ce que J'ai aime, chéri, vénéré, patrie, femme, enfants, mon père, ma mère, j'ai vu tout périr! Tout ce que je hais est là! Taisez-vous!»
Dirigí una última mirada al buque de guerra que forzaba sus calderas. Luego me reuní con Ned y Conseil.
Je portai un dernier regard vers le vaisseau de guerre qui forçait de vapeur. Puis, je rejoignis Ned et Conseil.
-¡Huiremos! -les dije.
« Nous fuirons! m'écriai-je.
-Bien -repuso Ned-. ¿Qué barco es ése?
— Bien, fit Ned. Quel est ce navire?
-Lo ignoro. Pero sea quien sea, será hundido antes de que llegue la noche. En todo caso, más vale perecer con él que hacerse cómplices de represalias cuya equidad no puede medirse.
— Je l'ignore. Mais quel qu'il soit, il sera coulé avant la nuit. En tout cas, mieux vaut périr avec lui que de se faire les complices de représailles dont on ne peut pas mesurer l'équité.
-Ésa es mi opinión -dijo fríamente Ned Land-. Esperemos a la noche.
— C'est mon avis, répondit froidement Ned Land. Attendons la nuit.»
Y llegó la noche. Un profundo silencio reinaba a bordo. La brújula indicaba que el Nautilus no había modificado su dirección. Oía el zumbido de su hélice, que batía el agua con una rápida regularidad. Se mantenía en la superficie, y un ligero balanceo le sacudía de babor a estribor y viceversa.
La nuit arriva. Un profond silence régnait à bord. La boussole indiquait que le Nautilus n'avait pas modifié sa direction. J'entendais le battement de son hélice qui frappait les flots avec une rapide régularité. Il se tenait à la surface des eaux, et un léger roulis le portait tantôt sur un bord, tantôt sur un autre.
Mis compañeros y yo habíamos resuelto fugarnos en el momento en que el buque estuviera bastante cerca y sus tripulantes pudieran oírnos o vernos a la luz de la luna, a la que faltaban tres días para alcanzar su plenilunio. Una vez a bordo de ese barco, si no pudiéramos evitar el golpe que le amenazaba, haríamos, al menos, todo lo que las circunstancias nos permitieran intentar.
Varias veces creí que el Nautilus se disponía para el ataque. Pero seguía limitándose a dejar acercarse al adversario para luego reemprender la huida.
Mes compagnons et moi, nous avions résolu de fuir au moment où le vaisseau serait assez rapproché, soit pour nous faire entendre, soit pour nous faire voir, car la lune. qui devait être pleine trois jours plus tard, resplendissait. Une fois à bord de ce navire, si nous ne pouvions prévenir le coup qui le menaçait, du moins nous ferions tout ce que les circonstances nous permettaient de tenter. Plusieurs fois, je crus que le Nautilus se disposait pour l'attaque. Mais il se contentait de laisser se rapprocher son adversaire, et, peu de temps après, il reprenait son allure de fuite.
Transcurrió una buena parte de la noche sin incidente alguno. Acechábamos la ocasión de pasar a la acción y hablábamos poco, dominados por la emoción. Ned Land quería precipitarse al mar. Yo le forcé a esperar. Pensaba yo que el Nautilus debía atacar al dos puentes en la superficie y entonces sería no sólo posible sino fácil evadirse.
Une partie de la nuit se passa sans incident. Nous guettions l'occasion d'agir. Nous parlions peu, étant trop émus. Ned Land aurait voulu se précipiter à la mer. Je le forçai d'attendre. Suivant moi, le Nautilusdevait attaquer le deux-ponts à la surface des flots, et alors il serait non seulement possible, mais facile de s'enfuir.
A las tres de la mañana, inquieto, subí a la plataforma. El capitán Nemo no la había abandonado. Estaba en pie, a proa, cerca de su pabellón, al que la ligera brisa desplegaba por encima de su cabeza. No perdía de vista al navío. Su mirada, de una extraordinaria intensidad, parecía atraerlo, fascinarlo, tirar de él más seguramente que si lo hubiera remolcado.
A trois heures du matin, inquiet, je montai sur la plate-forme. Le capitaine Nemo ne l'avait pas quittée. Il était debout, à l'avant, près de son pavillon. qu'une légère brise déployait au-dessus de sa tête. Il ne quittait pas le vaisseau des yeux. Son regard, d'une extraordinaire intensité, semblait l'attirer, le fasciner, l'entraîner plus sûrement que s'il lui eût donné la remorque!
La luna pasaba por el meridiano. júpiter se elevaba hacia el Este. El cielo y el océano rivalizaban en tranquilidad, y la mar ofrecía al astro nocturno el más bello espejo que nunca hubiese reflejado su imagen.
La lune passait alors au méridien. Jupiter se levait dans l'est. Au milieu de cette paisible nature, le ciel et l'Océan rivalisaient de tranquillité, et la mer offrait a l'astre des nuits le plus beau miroir qui eût jamais reflété son image.
Al pensar en esa calma de los elementos y compararla con la cólera que incubaba el Nautilus sentí estremecerse todo mi ser.
Et quand je pensais à ce calme profond des éléments, comparé à toutes ces colères qui couvaient dans les flancs de l'imperceptible Nautilus, je sentais frissonner tout mon être.
El buque se mantenía a dos millas de nosotros. Se había acercado, marchando hacia ese brillo fosforescente que señalaba la presencia del Nautilus. Vi sus luces de posición, verde y roja, y su fanal blanco suspendido del estay de mesana. Una vaga reverberación iluminaba su aparejo e indicaba que sus calderas habían sido llevadas al máximo de presión. Haces de chispas y escorias de carbones encendidas se escapaban de sus chimeneas e iluminaban la noche.
Le vaisseau se tenait a deux mille de nous. Il s'était rapproché, marchant toujours vers cet éclat phosphorescent qui signalait la présence du Nautilus Je vis ses feux de position, vert et rouge, et son fanal blanc suspendu au grand étai de misaine. Une vague réverbération éclairait son gréement et indiquait que les feux étaient poussés à outrance. Des gerbes d'étincelles, des scories de charbons enflammés, s'échappant de ses cheminées, étoilaient l'atmosphère.
Permanecí así hasta las seis de la mañana, sin que el capitán Nemo pareciera darse cuenta de mi presencia. El buque se había acercado a milla y media y con las primeras luces del alba recomenzó su cañoneo. No podía faltar ya mucho tiempo para que el Nautilus se decidiera a atacar y nosotros a dejar para siempre a aquel hombre al que yo no osaba juzgar.
Je demeurai ainsi jusqu'à six heures du matin, sans que le capitaine Nemo eût paru m'apercevoir. Le vaisseau nous restait à un mille et demi, et avec les première, lueurs du jour. sa canonnade recommença. Le moment ne pouvait être éloigné où, le Nautilus attaquant son adversaire, mes compagnons et moi, nous quitterions pour jamais cet homme que je n'osais juger.
Me disponía ya a bajar, a fin de prevenir a mis companeros, cuando el segundo subió a la plataforma, acompañado de varios marinos. El capitán Nemo no les vio o no quiso verlos. Se tomaron las disposiciones que podrían llamarse de «zafarrancho de combate». Eran muy sencillas; consistían únicamente en bajar la barandilla de la plataforma, el receptáculo del fanal y la cabina del timonel para que la superficie del largo cigarro de acero no ofreciera un solo saliente que pudiese dificultar sus movimientos.
Je me disposais à descendre afin de les prévenir, lorsque le second monta sur la plate-forme. Plusieurs marins l'accompagnaient. Le capitaine Nemo ne les vit pas ou ne voulut pas les voir. Certaines dispositions furent prises qu'on aurait pu appeler le « branle-bas de combat» du Nautilus. Elles étaient très simples. La filière qui formait balustrade autour de la plate-forme. fut abaissée. De même, les cages du fanal et du timonier rentrèrent dans la coque de manière à l'affleurer seulement. La surface du long cigare de tôle n'offrait plus une seule saillie qui pût gêner sa manoeuvre.
Regresé al salón. El Nautilus continuaba navegando en superficie. Las primeras luces del día se infiltraban en el agua. De vez en cuando, con las ondulaciones de las olas se animaban los cristales del salón con los tonos encendidos del sol levante. Amanecía aquel terrible 2 de junio.
Je revins au salon. Le Nautilus émergeait toujours. Quelques lueurs matinales s'infiltraient dans la couche liquide. Sous certaines ondulations des lames, les vitres s'animaient des rougeurs du soleil levant. Ce terrible jour du 2 juin se levait.
A las cinco, la corredera me indicó que el Nautilus reducía su velocidad. Quería eso decir que dejaba acercarse al buque de guerra, cuyos cañonazos se oían cada vez con más intensidad. Los obuses surcaban el agua circundante y se hundían en ella con un silbido singular.
A cinq heures, le loch m'apprit que la vitesse du Nautilus se modérait. Je compris qu'il se laissait approcher. D'ailleurs les détonations se faisaient plus violemment entendre. Les boulets labouraient l'eau ambiante et s'y vissaient avec un sifflement singulier.
-Amigos míos -dije-, ha llegado el momento. Un apretón de manos y que Dios nos guarde.
« Mes amis, dis-je, le moment est venu. Une poignée de main, et que Dieu nous garde!»
Ned Land estaba decidido, Conseil, tranquilo, yo, nervioso, sin poder contenerme apenas. Pasamos a la biblioteca.
Ned Land était résolu, Conseil calme, moi nerveux, me contenant à peine.
Pero en el momento en que yo empujaba la puerta que comunicaba con la escalera central, oí el ruido de la escotilla al cerrarse bruscamente.
Nous passâmes dans la bibliothèque. Au moment où je poussais la porte qui s'ouvrait sur la cage de l'escalier central, j'entendis le panneau supérieur se fermer brusquement.
El canadiense se lanzó hacia los peldaños, pero conseguí retenerle. Un silbido bien conocido indicaba que el agua penetraba en los depósitos. En efecto, en unos instantes el Nautilus se sumergió a algunos metros de la superficie.
Le Canadien s'élança sur les marches, mais je l'arrêtai. Un sifflement bien connu m'apprenait que l'eau pénétrait dans les réservoirs du bord. En effet, en peu d'instants, le Nautilus s'immergea à quelques mètres au-dessous de la surface des flots.
Era ya demasiado tarde para actuar.
Je compris sa manoeuvre. Il était trop tard pour agir.
Comprendí la maniobra. El Nautilus no iba a golpear al buque en su impenetrable coraza, sino por debajo de su línea de flotación, donde el casco no está blindado.
Le Nautilus ne songeait pas a frapper le deux-ponts dans son impénétrable cuirasse, mais au-dessous de sa ligne de flottaison, là ou la carapace métallique ne protège plus le bordé.
De nuevo estábamos aprisionados, como obligados testigos del siniestro drama que se fraguaba. Apenas tuvimos tiempo para reflexionar. Refugiados en mi camarote, nos mirábamos sin pronunciar una sola palabra. Me sentía dominado por un profundo estupor, incapaz de pensar. Me hallaba en ese penoso estado que precede a la espera de una espantosa detonación. Esperaba, escuchaba, con todo mi ser concentrado en el oído.
Nous étions emprisonnés de nouveau, témoins obligés du sinistre drame qui se préparait. D'ailleurs, nous eûmes à peine le temps de réfléchir. Réfugiés dans ma chambre, nous nous regardions sans prononcer une parole. Une stupeur profonde s'était emparée de mon esprit. Le mouvement de la pensée s'arrêtait en moi.. Je me trouvais dans cet état pénible qui précède l'attente d'une détonation épouvantable. J'attendais, j'écoutais, je ne vivais que par le sens de l'ouïe!
La velocidad del Nautilus aumentó sensiblemente hasta hacer vibrar toda su armazón. Era el indicio de que estaba tomando impulso.
Cependant, la vitesse du Nautilus s'accrut sensiblement. C'était son élan qu'il prenait ainsi. Toute sa coque frémissait.
El choque me arrancó un grito. Fue un choque relativamente débil, pero que me hizo sentir la fuerza penetrante del espolón de acero, al oír los estridentes chasquidos. Lanzado por su potencia de propulsión, el Nautilus atravesaba la masa del buque como la aguja pasa a través de la tela.
Soudain, je poussai un cri. Un choc eut lieu, mais relativement léger. Je sentis la force pénétrante de l'éperon d'acier. J'entendis des éraillements, des raclements. Mais le Nautilus, emporté par sa puissance de propulsion, passait au travers de la masse du vaisseau comme l'aiguille du voilier à travers la toile!
No pude soportarlo. Enloquecido, fuera de mí, salí de mi camarote y me precipité al salón.
Je ne pus y tenir. Fou, éperdu, je m'élançai hors de ma chambre et me précipitai dans le salon.
Allí estaba el capitán Nemo. Mudo, sombrío, implacable, miraba por el tragaluz de babor.
Le capitaine Nemo était là. Muet, sombre, implacable, il regardait par le panneau de bâbord.
Una masa enorme zozobraba bajo el agua. Para no perderse el espectáculo de su agonía, el Nautilus descendía con ella al abismo. A unos diez metros de mí vi el casco entreabierto por el que se introducía el agua fragorosamente, y la -doble línea de los cañones y los empalletados. El puente estaba lleno de sombras oscuras que se agitaban.
Une masse énorme sombrait sous les eaux, et pour ne rien perdre de son agonie, le Nautilus descendait dans l'abîme avec elle. A dix mètres de moi, je vis cette coque entr'ouverte, où l'eau s'enfonçait avec un bruit de tonnerre, puis la double ligne des canons et les bastingages. Le pont était couvert d'ombres noires qui s'agitaient.
El agua subía y los desgraciados se lanzaban a los obenques, se agarraban a los mástiles, se retorcían en el agua. Era un hormiguero humano sorprendido por la invasión de la mar.
L'eau montait. Les malheureux s'élançaient dans les haubans, s'accrochaient aux mâts, se tordaient sous lés eaux. C'était une fourmilière humaine surprise par l'envahissement d'une mer!
Paralizado, atenazado por la angustia, los cabellos erizados, los ojos desmesuradamente abiertos, la respiración contenida, sin aliento y sin voz, yo miraba también aquello, pegado al cristal por una irresistible atracción.
Paralysé, raidi par l'angoisse, les cheveux hérissés, l'oeil démesurément ouvert, la respiration incomplète, sans souffle, sans voix, je regardais, moi aussi! Une irrésistible attraction me collait à la vitre!
El enorme buque se hundía lentamente, mientras el Nautilus le seguía espiando su caída. De repente se produjo una explosión. El aire comprimido hizo volar los puentes del barco como si el fuego se hubiera declarado en las bodegas. El empuje del agua fue tal que desvió al Nautilus.
L'énorme vaisseau s'enfonçait lentement. Le Nautilus le suivant, épiait tous ses mouvements. Tout à coup, une explosion se produisit. L'air comprimé fit voler les ponts du bâtiment comme si le feu eût pris aux soutes. La poussée des eaux fut telle que le Nautilus dévia.
Entonces el desafortunado navío se hundió con mayor rapidez, y aparecieron ante nuestros ojos sus cofas, cargadas de víctimas, luego sus barras también con racimos de hombres y, por último, la punta del palo mayor. Luego, la oscura masa desapareció, y con ella su tripulación de cadáveres en medio de un formidable remolino.
Alors le malheureux navire s'enfonça plus rapidement. Ses hunes, chargées de victimes, apparurent, ensuite des barres, pliant sous des grappes d'hommes. enfin le sommet de son grand mât. Puis, la masse sombre disparut, et avec elle cet équipage de cadavres entraînés par un formidable remous...
Me volví hacia el capitán Nemo. Aquel terrible justiciero, verdadero arcángel del odio, continuaba mirando. Cuando todo hubo terminado, el capitán Nemo se dirigió a la puerta de su camarote, la abrió y entró, seguido por mi mirada.
Je me retournai vers le capitaine Nemo. Ce terrible justicier, véritable archange de la haine, regardait toujours. Quand tout fut fini, le capitaine Nemo, se dirigeant vers la porte de sa chambre, l'ouvrit et entra. Je le suivis des yeux.
En la pared del fondo, debajo de los retratos de sus héroes, vi el de una mujer joven y los de dos niños pequeños. El capitán Nemo los miró durante algunos instantes, les tendió los brazos, y, arrodillándose, prorrumpió en sollozos.
Sur le panneau du fond, au-dessous des portraits de ses héros, je vis le portrait d'une femme jeune encore et de deux petits enfants. Le capitaine Nemo les regarda pendant quelques instants, leur tendit les bras, et, s'agenouillant. il fondit en sanglots.