Vingt mille lieues sous les mers

Veinte mil leguas de viaje submarino

   V

   Capítulo 5

   ARABIAN-TUNNEL

   «Arabian Tunnel»

   Ce jour même, je rapportai à Conseil et à Ned Land la partie de cette conversation qui les intéressait directement. Lorsque je leur appris que, dans deux jours, nous serions au milieu des eaux de la Méditerranée, Conseil battit des mains, mais le Canadien haussa les épaules.

   Aquel mismo día referí a Conseil y a Ned Land cuanto de aquella conversación podía interesarles directamente. Al informarles de que dentro de dos días estaríamos en aguas del Mediterráneo, Conseil palmoteó de contento, pero el canadiense se alzó de hombros.

   «Un tunnel sous-marin! s'écria-t-il, une communication entre les deux mers! Qui a jamais entendu parler de cela?

   -¡Un túnel submarino! ¡Una comunicación entre los dos mares! ¿Quién ha oído hablar de tal cosa?

   — Ami Ned, répondit Conseil, aviez-vous jamais entendu parler du Nautilus? Non! il existe cependant. Donc, ne haussez pas les épaules si légèrement, et ne repoussez pas les choses sous prétexte que vous n'en avez Jamais entendu parler.

   -Amigo Ned -respondió Conseil-, ¿había oído usted hablar alguna vez del Nautilus? No, y, sin embargo, existe. Luego, no se alce de hombros tan a la ligera, y no rechace nada bajo pretexto de que nunca ha oído hablar de ello.

   — Nous verrons bien! riposta Ned Land, en secouant la tête. Après tout, je ne demande pas mieux que de croire à son passage, à ce capitaine, et fasse le ciel qu'il nous conduise, en effet, dans la Méditerranée.»

   -Ya veremos -replicó Ned Land, moviendo la cabeza-. Después de todo, nadie desea más que yo creer en la existencia de ese paso, y haga el cielo que el capitán nos conduzca al Mediterráneo.

   Le soir même, par 21°30' de latitude nord, le Nautilus, flottant à la surface de la mer, se rapprocha de la côte arabe. J'aperçus Djeddah, important comptoir de l'Égypte, de la Syrie, de la Turquie et des Indes. Je distinguai assez nettement l'ensemble de ses constructions, les navires amarrés le long des quais, et ceux que leur tirant d'eau obligeait à mouiller en rade. Le soleil, assez bas sur l'horizon, frappait en plein les maisons de la ville et faisait ressortir leur blancheur. En dehors, quelques cabanes de bois ou de roseaux indiquaient le quartier habité par les Bédouins.

   Aquella misma tarde, a 21º 30’ de latitud Norte, el Nautilus, navegando en superficie, se aproximó a la costa árabe. Pude ver Yidda, importante factoría comercial para Egipto, Siria, Turquía y la India. Distinguí claramente el conjunto de sus construcciones, los navíos amarrados a lo largo de los muelles y los fondeados en la rada por su excesivo calado. El sol, ya muy bajo en el horizonte, deba de lleno en las casas de la ciudad, haciendo resaltar su blancura. En los arrabales, las cabañas de madera o de cañas indicaban las zonas habitadas por los beduinos.

   Bientôt Djeddah s'effaça dans les ombres du soir, et le Nautilus rentra sous les eaux légèrement phosphorescentes.

   Pronto Yidda se esfumó en las sombras crepusculares, y el Nautilus se sumergió en las aguas, ligeramente fosforescentes.

   Le lendemain, 10 février, plusieurs navires apparurent qui couraient à contre-bord de nous. Le Nautilus reprit sa navigation sous-marine; mais à midi, au moment du point, la mer étant déserte, il remonta jusqu'à sa ligne de flottaison.

   Al día siguiente, 10 de febrero, aparecieron varios barcos que llevaban rumbo opuesto al nuestro, y el Nautilus volvió a sumergirse, pero a mediodía, hallándose desierto el mar, emergió nuevamente a la superficie.

   Accompagné de Ned et de Conseil, je vins m'asseoir sur la plate-forme. La côte à l'est se montrait comme une masse à peine estompée dans un humide brouillard.

   Acompañado de Ned Land y de Conseil fui a sentarme en la plataforma. La costa se dibujaba al Este como una masa esfumada en la bruma.

   Appuyés sur les flancs du canot, nous causions de choses et d'autres, quand Ned Land tendant sa main vers un point de la mer, me dit:

   Adosados al costado de la canoa, hablábamos de unas cosas y otras, cuando Ned Land, con la mano tendida hacia un punto del mar, me dijo:

   «Voyez-vous là quelque chose, monsieur le professeur?

   -¿No ve usted nada, allí, señor profesor?

   — Non, Ned, répondis-je, mais je n'ai pas vos yeux, vous le savez.

   -No, Ned, pero ya sabe usted que yo no tengo su vista.

   — Regardez bien, reprit Ned, là, par tribord devant, à peu près à la hauteur du fanal! Vous ne voyez pas une masse qui semble remuer?

   -Mire bien, allí, por estribor, casi a la altura del fanal. ¿No ve una masa que parece moverse?

   — En effet, dis-je, après une attentive observation, j'aperçois comme un long corps noirâtre à la surface des eaux.

   -En efecto -dije, tras una atenta observación-, parece un largo cuerpo negruzco en la superficie del agua.

   — Un autre Nautilus? dit Conseil.

   -¿Tal vez otro Nautilus? -dijo Conseil.

   — Non, répondit le Canadien, mais je me trompe fort, ou c'est là quelque animal marin.

   -No -respondió el canadiense-, o mucho me equivoco o es un animal marino.

   — Y a-t-il des baleines dans la mer Rouge? demanda Conseil.

   -¿Hay ballenas en el mar Rojo? -pregunto Conseil.

   — Oui, mon garçon, répondis-je, on en rencontre quelquefois.

   -Sí, muchacho, se ven a veces.

   — Ce n'est point une baleine, reprit Ned Land, qui ne perdait pas des yeux l'objet signalé. Les baleines et moi, nous sommes de vieilles connaissances, et je ne me tromperais pas à leur allure.

   -No es una ballena -dijo Ned Land, que no perdía de vista el objeto señalado-. Las ballenas y yo somos viejos conocidos, y no puedo confundirme.

   — Attendons, dit Conseil. Le Nautilus se dirige de ce côté, et avant peu nous saurons à quoi nous en tenir.»

   -Esperemos un poco -dijo Conseil-. El Nautilus se dirige hacia allá y dentro de poco sabremos a qué atenernos.

   En effet, cet objet noirâtre ne fut bientôt qu'à un mille de nous. Il ressemblait à un gros écueil échoué en pleine mer. Qu'était-ce? Je ne pouvais encore me prononcer.

   Pronto el objeto negruzco estuvo a una milla de distancia. Parecía un gran escollo, pero ¿qué era? No podía pronunciarme aún.

   «Ah! il marche! il plonge! s'écria Ned Land. Mille diables! Quel peut être cet animal? Il n'a pas la queue bifurquée comme les baleines ou les cachalots, et ses nageoires ressemblent à des membres tronqués.

   -¡Ah! ¡Se mueve, se sumerge! -exclamó Ned Land-. ¡Mil diantres! ¿Qué animal puede ser? No tiene la cola bifurcada como las de las ballenas o los cachalotes, y sus aletas parecen miembros troncados.

   — Mais alors...., fis-je.

   -Pero entonces… es…

   — Bon, reprit le Canadien, le voilà sur le dos, et il dresse ses mamelles en l'air!

   -¡Miren! -dijo el canadiense-, se ha vuelto de espalda y enseña las mamas.

   — C'est une sirène, s'écria Conseil, une véritable sirène, n'en déplaise à monsieur.»

   -Es una sirena, una verdadera sirena, diga lo que diga el señor -dijo Conseil.

   Ce nom de sirène me mit sur la voie, et je compris que cet animal appartenait à cet ordre d'êtres marins, dont la fable a fait les sirènes, moitié femmes et moitié poissons.

   El nombre de sirena me puso en la vía, y comprendí que aquel animal pertenecía a ese orden de seres marinos que han dado nacimiento al mito de las sirenas, mitad mujeres y mitad peces.

   «Non, dis-je à Conseil, ce n'est point une sirène, mais un être curieux dont il reste à peine quelques échantillons dans la mer Rouge. C'est un dugong.

   -No, no es una sirena, sino un curioso ser del que apenas quedan algunos ejemplares en el mar Rojo. Es un dugongo.

   — Ordre des syréniens, groupe des pisciformes, sous-classe des monodelphiens, classe des mammifères, embranchement des vertébrés», répondit Conseil.

   -Orden de los sirenios, grupo de los pisciformes, subdase de los monodelfos, clase de los mamíferos, rama de los vertebrados.

   Et lorsque Conseil avait ainsi parlé, il n'y avait plus rien à dire.

   Y cuando Conseil hablaba así, no había más que decir.

   Cependant Ned Land regardait toujours. Ses yeux brillaient de convoitise à la vue de cet animal. Sa main semblait prête à le harponner. On eût dit qu'il attendait le moment de se jeter à la mer pour l'attaquer dans son élément.

   Ned Land continuaba mirando, con los ojos brillantes de codicia. Su mano parecía dispuesta al manejo del arpón. Se hubiese dicho que esperaba el momento de lanzarse al mar para atacarlo en su elemento.

   «Oh! monsieur, me dit-il d'une voix tremblante d'émotion, je n'ai jamais tué de«cela».»

   -¡Oh! -exclamó, con una voz trémula de emoción-. ¡jamas he matado eso!

   Tout le harponneur était dans ce mot.

   En esa frase estaba expresado todo el arponero.

   En cet instant, le capitaine Nemo parut sur la plateforme. Il aperçut le dugong. Il comprit l'attitude du Canadien, et s'adressant directement à lui:

   En aquel momento, apareció el capitán Nemo. Vio al dugongo y comprendió la actitud del canadiense. Dirigiéndose a él, dijo:

   «Si vous teniez un harpon, maître Land, est-ce qu'il ne vous brûlerait pas la main?

   -Señor Land, si tuviera usted un arpón ¿no le quemaría la mano?

   — Comme vous dites, monsieur.

   -Usted lo ha dicho, señor.

   — Et il ne vous déplairait pas de reprendre pour un jour votre métier de pêcheur, et d'ajouter ce cétacé à la liste de ceux que vous avez déjà frappés?

   -¿Le desagradaría recuperar por un momento su oficio de arponero y añadir ese cetáceo a la lista de los que ha golpeado?

   — Cela ne me déplairait point.

   -Puede creer que no.

   — Eh bien, vous pouvez essayer.

   -Bien, pues haga la prueba.

   — Merci, monsieur, répondit Ned Land dont les yeux s'enflammèrent.

   -Gracias, capitán -respondió Ned Land, cuyos ojos brillaban de alegría.

   — Seulement, reprit le capitaine, je vous engage à ne pas manquer cet animal, et cela dans votre intérêt.

   -Pero le recomiendo muy vivamente -añadió el capitán-, y en su propio interés, que no falle.

   — Est-ce que ce dugong est dangereux à attaquer? demandai-je malgré le haussement d'épaule du Canadien.

   -¿Es que es peligrosa la caza del dugongo? -pregunté, a la vez que el canadiense se alzaba de hombros.

   — Oui, quelquefois, répondit le capitaine. Cet animal revient sur ses assaillants et chavire leur embarcation. Mais pour maître Land, ce danger n'est pas à craindre. Son coup d'oeil est prompt, son bras est sûr. Si je lui recommande de ne pas manquer ce dugong, c'est qu'on le regarde justement comme un fin gibier, et je sais que maître Land ne déteste pas les bons morceaux.

   -Sí, a veces -respondió el capitán-, porque el animal se revuelve contra sus atacantes, y en sus embestidas logra, frecuentemente, hacer zozobrar las barcas. Pero con el buen ojo y mejor brazo del señor Land no cabe temer ese peligro. Si le recomiendo que no falle es porque el dugongo está considerado, y con justicia, como una pieza gastronómica, y yo sé que el señor Land es aficionado a la buena mesa.

   — Ah! fit le Canadien, cette bête-la se donne aussi le luxe d'être bonne à manger?

   -¡Ah! -dijo el canadiense-, así que esa bestia se permite también el lujo de ser apetitosa en la mesa…

   — Oui, maître Land. Sa chair, une viande véritable, est extrêmement estimée, et on la réserve dans toute la Malaisie pour la table des princes. Aussi fait-on à cet excellent animal une chasse tellement acharnée que, de même que le lamantin, son congénère, il devient de plus en plus rare.

   -Así es, señor Land. Su carne, que es verdadera carne, goza de gran estimación, hasta el punto de que en toda la Malasia está reservada a la mesa de los príncipes. Por eso se le ha hecho víctima y objeto de una caza tan encarnizada que, al igual que su congénere, el manatí, va escaseando cada vez más.

   — Alors, monsieur le capitaine, dit sérieusement Conseil, si par hasard celui-ci était le dernier de sa race, ne conviendrait-il pas de l'épargner dans l'intérêt de la science?

   -Entonces, capitán -dijo Conseil-, si por casualidad éste fuera el último de su especie, convendría dejarle con vida, en interés de la ciencia.

   — Peut-être, répliqua le Canadien; mais, dans l'intérêt de la cuisine, il vaut mieux lui donner la chasse.

   -Tal vez -replicó el canadiense-, pero en interés de la cocina, más vale cazarle.

   — Faites donc, maître Land», répondit le capitaine Nemo.

   -Adelante, pues, señor Land -respondió el capitán Nemo.

   En ce moment sept hommes de l'équipage, muets et impassibles comme toujours, montèrent sur la plate-forme. L'un portait un harpon et une ligne semblable à celles qu'emploient les pêcheurs de baleines. Le canot fut déponté, arraché de son alvéole, lancé à la mer. Six rameurs prirent place sur leurs bancs et le patron se mit à la barre. Ned, Conseil et moi, nous nous assîmes à l'arrière.

   Siete hombres de la tripulación, tan mudos e impasibles como siempre, aparecieron en la plataforma. Uno de ellos llevaba un arpón y una cuerda semejante a las utilizadas por los pescadores de ballenas. Se retiró el puente de la canoa, se arrancó ésta a su alvéolo y se botó al mar. Seis remeros se instalaron en sus bancos y otro se puso al timón. Ned, Conseil y yo nos instalamos a popa.

   «Vous ne venez pas, capitaine? demandai-je.

   -¿No viene usted, capitán? -le pregunté.

   — Non, monsieur, mais je vous souhaite une bonne chasse.»

   -No. Les deseo buena caza, señores.

   Le canot déborda, et, enlevé par ses six avirons, il se dirigea rapidement vers le dugong, qui flottait alors à deux milles du Nautilus.

   Impulsado por sus seis remeros, el bote se dirigió rápidamente hacia el dugongo, que flotaba a unas dos millas del Nautilus.

   Arrivé à quelques encablures du cétacé, il ralentit sa marche, et les rames plongèrent sans bruit dans les eaux tranquilles. Ned Land, son harpon à la main, alla se placer debout sur l'avant du canot. Le harpon qui sert à frapper la baleine est ordinairement attaché à une très longue corde qui se dévide rapidement lorsque l'animal blessé l'entraîne avec lui. Mais ici la corde ne mesurait pas plus d'une dizaine de brasses, et son extrémité était seulement frappée sur un petit baril qui, en flottant, devait indiquer la marche du dugong sous les eaux.

   Llegado a algunos cables del cetáceo, el bote aminoró su marcha hasta que los remos descansaron en las aguas tranquilas. Ned Land, arpón en mano, se colocó a proa.

El arpón con que se golpea a la ballena está ordinariamente sujeto a una cuerda muy larga que se desenrolla rápidamente cuando el animal herido la arrastra consigo. Pero la cuerda que iba a manejar Ned Land en esa ocasión no medía más de una decena de brazas, y su extremidad estaba fijada a un barrilito que, al flotar, debía indicar la marcha del dugongo bajo el agua.

   Je m'étais levé et j'observais distinctement l'adversaire du Canadien. Ce dugong, qui porte aussi le nom d'halicore, ressemblait beaucoup au lamantin. Son corps oblong se terminait par une caudale très allongée et ses nageoires latérales par de véritables doigts. Sa différence avec le lamantin consistait en ce que sa mâchoire supérieure était armée de deux dents longues et pointues, qui formaient de chaque côté des défenses divergentes.

   Puesto en pie, observaba yo al adversario del canadiense, que se parecía mucho al manatí. Su cuerpo oblongo terminaba en una cola muy alargada, y sus aletas laterales en verdaderos dedos. Se diferenciaba del manatí en que su mandíbula superior estaba armada de dos dientes largos y puntiagudos que formaban a cada lado defensas divergentes.

   Ce dugong, que Ned Land se préparait à attaquer, avait des dimensions colossales, et sa longueur dépassait au moins sept mètres. Il ne bougeait pas et semblait dormir à la surface des flots, circonstance qui rendait sa capture plus facile.

   Tenía dimensiones colosales, su longitud sobrepasaba casi los siete metros. No se movía y parecía dormir en la superficie del agua, lo que hacía más fácil su captura.

   Le canot s'approcha prudemment à trois brasses de l'animal. Les avirons restèrent suspendus sur leurs dames. Je me levai à demi. Ned Land, le corps un peu rejeté en arrière, brandissait son harpon d'une main exercée.

   El bote se aproximó prudentemente a unas tres brazas del animal, manteniéndose a dicha distancia, con los remos inmovilizados.

Ned Land, con el cuerpo ligeramente echado hacia atrás, blandía su arpón con mano experta.

   Soudain, un sifflement se fit entendre, et le dugong disparut. Le harpon, lancé avec force, n'avait frappé que l'eau sans doute.

   De repente se oyó un silbido y el dugongo desapareció. El arpón, lanzado con gran fuerza, había debido herir el agua únicamente.

   «Mille diables! s'écria le Canadien furieux, je l'ai manqué!

   -¡Mil diablos! -exclamó, furioso, el canadiense-. ¡Erré el golpe!

   — Non, dis-je, l'animal est blessé, voici son sang, mais votre engin ne lui est pas resté dans le corps.

   -No -le dije-, el animal está herido, mire la sangre, pero el arpón no le ha quedado en el cuerpo.

   — Mon harpon! mon harpon!» cria Ned Land.

   -¡Mi arpón! ¡Mi arpón! -gritó Ned Land.

   Les matelots se remirent à nager, et le patron dirigea l'embarcation vers le baril flottant. Le harpon repêché, le canot se mit à la poursuite de l'animal.

   Los marineros comenzaron a remar, y el timonel dirigió el bote hacia el barril flotante.

   Celui-ci revenait de temps en temps à la surface de la mer pour respirer. Sa blessure ne l'avait pas affaibli, car il filait avec une rapidité extrême. L'embarcation, manoeuvrée par des bras vigoureux, volait sur ses traces. Plusieurs fois elle l'approcha à quelques brasses, et le Canadien se tenait prêt à frapper; mais le dugong se dérobait par un plongeon subit, et il était impossible de l'atteindre.

   Repescado el arpón, la canoa se lanzó a la persecución del cetáceo, que emergía de vez en cuando para respirar. Su herida no había debido debilitarle, pues se desplazaba con una extremada rapidez. El bote, impulsado por brazos vigorosos, corría tras él. Varias veces consiguió acercarse a unas cuantas brazas y entonces el canadiense intentaba golpearle, pero el dugongo se sumergía frustrando las intenciones del arponero, cuya natural impaciencia se sobreexcitaba con la ira.

   On juge de la colère qui surexcitait l'impatient Ned Land. Il lançait au malheureux animal les plus énergiques jurons de la langue anglaise. Pour mon compte, je n'en étais encore qu'au dépit de voir le dugong déjouer toutes nos ruses.

   Ned Land obsequiaba al desgraciado animal con las más enérgicas palabrotas de la lengua inglesa. Por mi parte, únicamente sentía un cierto despecho cada vez que veía cómo el dugongo burlaba todas nuestras maniobras.

   On le poursuivit sans relâche pendant une heure, et je commençais à croire qu'il serait très difficile de s'en emparer, quand cet animal fut pris d'une malencontreuse idée de vengeance dont il eut à se repentir. Il revint sur le canot pour l'assaillir à son tour.

   Llevábamos ya una hora persiguiéndole sin descanso, y comenzaba ya a creer que no podríamos apoderarnos de él, cuando el animal tuvo la inoportuna inspiración de vengarse, inspiración de la que habría de arrepentirse. En efecto, el animal pasó al ataque en dirección a la canoa.

   Cette manoeuvre n'échappa point au Canadien.

   Su maniobra no escapó a la atención del arponero.

   «Attention!» dit-il.

   -¡Cuidado! -gritó.

   Le patron prononça quelques mots de sa langue bizarre, et sans doute il prévint ses hommes de se tenir sur leurs gardes.

   El timonel pronunció unas palabras en su extraña lengua, alertando sin duda a sus compañeros para que se mantuvieran en guardia.

   Le dugong, arrivé à vingt pieds du canot, s'arrêta, huma brusquement l'air avec ses vastes narines percées non à l'extrémité, mais à la partie supérieure de son museau. Puis. prenant son élan, il se précipita sur nous.

   Llegado a unos veinte pies de la canoa, el digongo se detuvo, olfateó bruscamente el aire con sus anchas narices agujereadas no en la extremidad sino en la parte superior de su hocico y luego, tomando impulso, se precipitó contra nosotros.

   Le canot ne put éviter son choc; à demi renversé, il embarqua une ou deux tonnes d'eau qu'il fallut vider; mais, grâce à l'habileté du patron, abordé de biais et non de plein, il ne chavira pas. Ned Land, cramponné à l'étrave, lardait de coups de harpon le gigantesque animal, qui, de ses dents incrustées dans le plat-bord, soulevait l'embarcation hors de l'eau comme un lion fait d'un chevreuil. Nous étions renversés les uns sur les autres, et je ne sais trop comment aurait fini l'aventure, si le Canadien, toujours acharné contre la bête, ne l'eût enfin frappée au coeur.

   La canoa no pudo evitar el choque y, volcada a medias embarcó una o dos toneladas de agua que hubo que achicar, pero abordada al bies y no de lleno, gracias a la habilidad de patrón, no zozobró.

Ned Land acribillaba a golpes de arpón al gigantesco animal, que, incrustados sus dientes en la borda, levantaba la embarcación fuera del agua con tanta fuerza como la de un león con un cervatillo en sus fauces. Sus embates nos habían derribado a unos sobre otros, y no sé cómo hubiera terminado la aventura si el canadiense, en su feroz encarnizamiento, no hubiese golpeado, por fin, a la bestia en el corazón.

   J'entendis le grincement des dents sur la tôle, et le dugong disparut, entraînant le harpon avec lui. Mais bientôt le baril revint à la surface, et peu d'instants après, apparut le corps de l'animal, retourné sur le dos. Le canot le rejoignit, le prit à la remorque et se dirigea vers le Nautilus.

   Oí el rechinar de sus dientes contra la embarcación antes de que el dugongo desapareciera en el agua, arrastrando consigo el arpón. Pero pronto retornó el barril a la superficie y, unos instantes después, apareció el cuerpo del animal vuelto de espalda. El bote se acercó y se lo llevó a remolque hacia el Nautilus.

   Il fallut employer des palans d'une grande puissance pour hisser le dugong sur la plate-forme. Il pesait cinq mille kilogrammes. On le dépeça sous les yeux du Canadien, qui tenait à suivre tous les détails de l'opération. Le jour même, le stewart me servit au dîner quelques tranches de cette chair habilement apprêtée par le cuisinier du bord. Je la trouvai excellente, et même supérieure à celle du veau, sinon du boeuf.

   Hubo de emplearse palancas de gran potencia para izar al dugongo a la plataforma. Pesaba casi cinco mil kilogramos. Se le despedazó bajo los ojos del canadiense, que no quiso perderse ningún detalle de la operación.

El mismo día, el steward me sirvió en la cena algunas rodajas de esta carne, magníficamente preparada por el cocinero. Tenía un gusto excelente, superior incluso a la de ternera, si no a la del buey.

   Le lendemain 11 février, l'office du Nautilus s'enrichit encore d'un gibier délicat. Une compagnie d'hirondelles de mer s'abattit sur le Nautilus. C'était une espèce de sterna nilotica, particulière à l'Égypte, dont le bec est noir, la tête grise et pointillée, l'oeil entouré de points blancs, le dos, les ailes et la queue grisâtres, le ventre et la gorge blancs, les pattes rouges. On prit aussi quelques douzaines de canards du Nil, oiseaux sauvages d'un haut goût, dont le cou et le dessus de la tête sont blancs et tachetés de noir.

   Al día siguiente, 11 de febrero, la despensa del Nautilus se enriqueció con otro delicado manjar, al abatirse sobre él una bandada de golondrinas de mar, palmípedas de la especie Sterna Nilótica, propia de Egipto, que tienen el pico negro, la cabeza gris con manchitas, el ojo rodeado de puntos blancos, el dorso, las alas y la cola grisáceas, el vientre y el cuello blancos y las patas rojas. Cazamos también unas docenas de patos del Nilo, aves salvajes con el cuello y la cabeza blancos moteados de puntos negros, que eran muy sabrosos.

   La vitesse du Nautilus était alors modérée. Il s'avançait en flânant, pour ainsi dire. J'observai que l'eau de la mer Rouge devenait de moins en moins salée, a mesure que nous approchions de Suez.

   El Nautilus se desplazaba a una velocidad muy moderada, de paseo, por decirlo así. Observé que el agua del mar Rojo iba haciéndose menos salada a medida que nos aproximábamos a Suez.

   Vers cinq heures du soir, nous relevions au nord le cap de Ras-Mohammed. C'est ce cap qui forme l'extrémité de l'Arabie Pétrée, comprise entre le golfe de Suez et le golfe d'Acabah.

   Hacia las cinco de la tarde avistamos, al Norte, el cabo de Ras Mohammed, que forma la extremidad de la Arabia Pétrea, comprendida entre el golfo de Suez y el golfo de Aqaba.

   Le Nautilus pénétra dans le détroit de Jubal, qui conduit au golfe de Suez. J'aperçus distinctement une haute montagne, dominant entre les deux golfes le Ras-Mohammed. C'était le mont Oreb, ce Sinaï, au sommet duquel Moïse vit Dieu face à face, et que l'esprit se figure incessamment couronné d'éclairs.

   El Nautílus penetró en el estrecho de jubal, que conduce al golfo de Suez. Pude ver con claridad la alta montaña que domina entre los dos golfos el Ras Mohammed. Era el monte Horeb, ese Sinaí en cuya cima Moisés vio a Dios cara a cara, y al que la imaginación corona siempre de incesantes relámpagos.

   A six heures, le Nautilus, tantôt flottant, tantôt immergé, passait au large de Tor, assise au fond d'une baie dont les eaux paraissaient teintées de rouge, observation déjà faite par le capitaine Nemo. Puis la nuit se fit, au milieu d'un lourd silence que rompaient parfois le cri du pélican et de quelques oiseaux de nuit, le bruit du ressac irrité par les rocs ou le gémissement lointain d'un steamer battant les eaux du golfe de ses pales sonores.

   A las seis, el Nautilus, alternativamente sumergido y en superficie, pasó ante Tor, alojada en el fondo de una bahía cuyas aguas parecían teñidas de rojo, observación ya efectuada por el capitán Nemo.

Se hizo de noche, en medio de un pesado silencio, roto a veces por los gritos de los pelícanos y de algunos pájaros nocturnos, por el rumor de la resaca batiendo en las rocas o por el lejano zumbido de un vapor golpeando con sus hélices las aguas del golfo.

   De huit à neuf heures, le Nautilus demeura à quelques mètres sous les eaux. Suivant mon calcul, nous devions être très près de Suez. A travers les panneaux du salon, j'apercevais des fonds de rochers vivement éclairés par notre lumière électrique. Il me semblait que le détroit se rétrécissait de plus en plus.

   Desde las ocho a las nueve, el Nautilus navegó sumergido a muy pocos metros de la superficie. Debíamos estar ya muy cerca de Suez, según mis cálculos. A través de los cristales del salón, veía los fondos de roca vivamente iluminados por nuestra luz eléctrica. Me parecía que el estrecho iba cerrándose cada vez más.

   A neuf heures un quart, le bateau étant revenu à la surface, je montai sur la plate-forme. Très impatient de franchir le tunnel du capitaine Nemo, je ne pouvais tenir en place, et je cherchais à respirer l'air frais de la nuit.

   A las nueve y cuarto emergió nuevamente el Nautilus. Impaciente por franquear el túnel del capitán Nemo, no podía yo estarme quieto y subí a la plataforma a respirar el aire fresco de la noche.

   Bientôt, dans l'ombre, j'aperçus un feu pâle, à demi décoloré par la brume, qui brillait à un mille de nous.

   En la oscuridad vi una pálida luz que brillaba, atenuada por la bruma, a una milla de distancia.

   «Un phare flottant», dit-on près de moi.

   -Un faro flotante -dijo alguien cerca de mí.

   Je me retournai et je reconnus le capitaine.

   Me volví y reconocí al capitán.

   «C'est le feu flottant de Suez, reprit-il. Nous ne tarderons pas à gagner l'orifice du tunnel.

   -Es el faro flotante de Suez -añadió-. No tardaremos en llegar al túnel.

   — L'entrée n'en doit pas être facile?

   -Supongo que la entrada no debe ser fácil.

   — Non, monsieur. Aussi j'ai pour habitude de me tenir dans la cage du timonier pour diriger moi-même la manoeuvre. Et maintenant, si vous voulez descendre, monsieur Aronnax, le Nautilus va s'enfoncer sous les flots, et il ne reviendra à leur surface qu'après avoir franchi l'Arabian-Tunnel.»

   -No. Por eso, soy yo quien asegura la dirección del barco tomando el timón. Y ahora le ruego que baje, señor Aronnax, pues el Nautilus va a sumergirse para no reaparecer a la superficie hasta después de haber atravesado el Arabian Tunnel.

   Je suivis le capitaine Nemo. Le panneau se ferma, les réservoirs d'eau s'emplirent, et l'appareil s'immergea d'une dizaine de mètres.

   Seguí al capitán Nemo. Se cerró la escotilla, se llenaron de agua los depósitos y el navío se sumergió una decena de metros.

   Au moment où me disposais à regagner ma chambre, le capitaine m'arrêta.

   En el momento en que me disponía a volver a mi camarote, el capitán me detuvo.

   «Monsieur le professeur, me dit-il, vous plairait-il de m'accompagner dans la cage du pilote?

   -¿Le gustaría acompañarme en la cabina del piloto, señor profesor?

   — Je n'osais vous le demander, répondis-je.

   -No me atrevía a pedírselo -respondí.

   — Venez donc. Vous verrez ainsi tout ce que l'on peut voir de cette navigation à la fois sous-terrestre et sous-marine.»

   -Venga, pues. Así verá todo lo que puede verse en esta navegación a la vez submarina y subterránea.

   Le capitaine Nemo me conduisit vers l'escalier central. A mi-rampe, il ouvrit une porte, suivit les coursives supérieures et arriva dans la cage du pilote, qui, on le sait, s'élevait à l'extrémité de la plate-forme.

   El capitán Nemo me condujo hacia la escalera central. A media rampa, abrió una puerta, se introdujo por los corredores superiores y llegó a la cabina del piloto que se elevaba en la extremidad de la plataforma.

   C'était une cabine mesurant six pieds sur chaque face, à peu près semblable à celles qu'occupent les timoniers des steamboats du Mississipi ou de l'Hudson. Au milieu se manoeuvrait une roue disposée verticalement, engrenée sur les drosses du gouvernail qui couraient jusqu'à l'arrière du Nautilus. Quatre hublots de verres lenticulaires, évidés dans les parois de la cabine, permettaient à l'homme de barre de regarder dans toutes les directions.

   Las dimensiones de la cabina eran de unos seis pies por cada lado, y era muy semejante a la de los steamboats del Mississippi o del Hudson. En el centro estaba la rueda, dispuesta verticalmente, engranada en los guardines del timón que corrían hasta la popa del Nautilus. Cuatro portillas de cristales lenticulares encajadas en las paredes de la cabina daban visibilidad al timonel en todas direcciones.

   Cette cabine était obscure; mais bientôt mes yeux s'accoutumèrent à cette obscurité, et j'aperçus le pilote, un homme vigoureux, dont les mains s'appuyaient sur les jantes de la roue. Au-dehors, la mer apparaissait vivement éclairée par le fanal qui rayonnait en arrière de la cabine, à l'autre extrémité de la plate-forme.

   Pronto mis ojos se acostumbraron a la oscuridad de la cabina y vi al piloto, un hombre vigoroso que manejaba la rueda. El mar estaba vivamente iluminado por el foco del fanal situado más atrás de la cabina, en el otro extremo de la plataforma.

   «Maintenant, dit le capitaine Nemo, cherchons notre passage.»

   -Ahora -dijo el capitán -busquemos nuestro paso.

   Des fils électriques reliaient la cage du timonier avec la chambre des machines, et de là, le capitaine pouvait communiquer simultanément à son Nautilus la direction et le mouvement. Il pressa un bouton de métal, et aussitôt la vitesse de l'hélice fut très diminuée.

   Una serie de cables eléctricos unían la cabina del timonel con la sala de máquinas, y desde allí el capitán podía comunicar simultáneamente dirección y movimiento a su Nautilus. El capitán Nemo oprimió un botón metálico, y al instante disminuyó la velocidad de rotación de la hélice.

   Je regardais en silence la haute muraille très accore que nous longions en ce moment, inébranlable base du massif sableux de la côte. Nous la suivîmes ainsi pendant une heure, à quelques mètres de distance seulement. Le capitaine Nemo ne quittait pas du regard la boussole suspendue dans la cabine à ses deux cercles concentriques. Sur un simple geste, le timonier modifiait à chaque instant la direction du Nautilus.

   En silencio, yo miraba la alta y escarpada muralla ante la que íbamos pasando, basamento inquebrantable del macizo arenoso de la costa. Continuamos así durante una hora, a unos metros de distancia tan sólo. El capitán Nemo no perdía de vista la brújula, y a cada gesto que hacía, el timonel modificaba instantáneamente la dirección del Nautilus.

   Je m'étais placé au hublot de bâbord, et j'apercevais de magnifiques substructions de coraux, des zoophytes, des algues et des crustacés agitant leurs pattes énormes, qui s'allongeaient hors des anfractuosités du roc.

   Yo me había colocado ante la portilla de babor, y por ello veía magníficas aglomeraciones de corales y zoófitos, algas y crustáceos que agitaban sus patas enormes entre las anfractuosidades de la roca.

   A dix heures un quart, le capitaine Nemo prit lui-même la barre. Une large galerie, noire et profonde, s'ouvrait devant nous. Le Nautilus s'y engouffra hardiment. Un bruissement inaccoutumé se fit entendre sur ses flancs. C'étaient les eaux de la mer Rouge que la pente du tunnel précipitait vers la Méditerranée. Le Nautilus suivait le torrent, rapide comme une flèche, malgré les efforts de sa machine qui, pour résister, battait les flots à contre-hélice.

   A las diez y cuarto, el capitán Nemo se puso él mismo al timón. Ante nosotros se abría una larga galería, negra y profunda. El Nautilus se adentró audazmente por ella. Oí un ruido insólito en sus flancos. Eran las aguas del mar Rojo que la pendiente del túnel precipitaba hacia el Mediterráneo. El Nautilus se confió al torrente, rápido como una flecha, a pesar de los esfuerzos de su maquinaria que, para resistir, batía el agua a contrahélice.

   Sur les murailles étroites du passage, je ne voyais plus que des raies éclatantes, des lignes droites, des sillons de feu tracés par la vitesse sous l'éclat de l'électricité. Mon coeur palpitait, et je le comprimais de la main.

   A lo largo de las estrechas murallas del paso, no veía más que rayas brillantes, líneas rectas, surcos luminosos trazados por la velocidad bajo el resplandor de la electricidad. Mi corazón latía con fuerza y yo sujetaba sus latidos con la mano.

   A dix heures trente-cinq minutes, le capitaine Nemo abandonna la roue du gouvernail, et se retournant vers moi:

   A las diez treinta y cinco, el capitán Nemo abandonó la rueda del gobernalle y volviéndose hacia mí, dijo:

   «La Méditerranée», me dit-il.

   -El Mediterráneo.

   En moins de vingt minutes, le Nautilus, entraîné par ce torrent, venait de franchir l'isthme de Suez.

   En menos de veinte minutos, arrastrado por el torrente, el Nautilus había franqueado el istmo de Suez.