Vingt mille lieues sous les mers

Veinte mil leguas de viaje submarino

   III

   Capítulo 3

   UNE PERLE DE DIX MILLIONS

   Una perla de diez millones

   La nuit arriva. Je me couchai. Je dormis assez mal. Les squales jouèrent un rôle important dans mes rêves, et je trouvai très juste et très injuste à la fois cette étymologie qui fait venir le mot requin du mot «requiem».

   No pude apenas dormir aquella noche. Los escualos atravesaban mis sueños. Me parecía tan justa como injusta a la vez esa etimología que hace proceder la palabra francesa con que se designa al tiburón, requin, de la palabra requiem.

   Le lendemain, à quatre heures du matin, je fus réveillé par le stewart que le capitaine Nemo avait spécialement mis à mon service. Je me levai rapidement, je m'habillai et je passai dans le salon.

   A las cuatro de la mañana me despertó el steward que el capitán Nemo había puesto especialmente a mi servicio. Me levanté rápidamente, me vestí y pasé al salón, donde ya se hallaba el capitán Nemo.

   Le capitaine Nemo m'y attendait.

   «Monsieur Aronnax, me dit-il, êtes-vous prêt à partir?

   -¿Está usted dispuesto, señor Aronnax?

   — Je suis prêt.

   -Lo estoy, capitán.

   — Veuillez me suivre.

   -Entonces, sígame.

   — Et mes compagnons, capitaine?

   -¿Y mis compañeros?

   — Ils sont prévenus et nous attendent.

   -Nos están esperando ya.

   — N'allons-nous pas revêtir nos scaphandres? demandai-je.

   -¿No vamos a ponernos las escafandras?

   — Pas encore. Je n'ai pas laissé le Nautilus approcher de trop près cette côte, et nous sommes assez au large du banc de Manaar; mais j'ai fait parer le canot qui nous conduira au point précis de débarquement et nous épargnera un assez long trajet. Il emporte nos appareils de plongeurs, que nous revêtirons au moment où commencera cette exploration sous-marine.»

   -Todavía no. No he acercado el Nautilus a la costa, y estamos bastante lejos del banco de Manaar. Pero he hecho preparar la canoa, que nos conducirá al punto preciso de desembarco evitándonos un largo trayecto. Nos equiparemos con los trajes de buzo en el momento de dar comienzo a esta exploración submarina.

   Le capitaine Nemo me conduisit vers l'escalier central, dont les marches aboutissaient à la plate-forme. Ned et Conseil se trouvaient là, enchantés de la «partie de plaisir «qui se préparait. Cinq matelots du Nautilus, les avirons armés, nous attendaient dans le canot qui avait été bossé contre le bord.

   El capitán Nemo me condujo hacia la escalera central, cuyos peldaños terminaban en la plataforma. Ned y Conseil estaban ya allí, visiblemente contentos de la «placentera expedición» que se preparaba.

Cinco marineros nos esperaban en la canoa adosada al flanco del Nautilus.

   La nuit était encore obscure. Des plaques de nuages couvraient le ciel et ne laissaient apercevoir que de rares étoiles. Je portai mes yeux du côté de la terre, mais je ne vis qu'une ligne trouble qui fermait les trois quarts de l'horizon du sud-ouest au nord-ouest. Le Nautilus, ayant remonté pendant la nuit la côte occidentale de Ceylan, se trouvait à l'ouest de la baie, ou plutôt de ce golfe formé par cette terre et l'île de Manaar. Là, sous les sombres eaux, s'étendait le banc de pintadines, inépuisable champ de perles dont la longueur dépasse vingt milles.

   Aún era de noche. Las nubes cubrían el cielo, dejando apenas entrever algunas estrellas. Dirigí la mirada a tierra, pero no vi más que una línea confusa que cerraba las tres cuartas partes del horizonte del Sudoeste al Noroeste. El Nautilus había costeado durante la noche la región occidental de Ceilán y se hallaba al Oeste de la bahía, o más bien del golfo que forma con ese país la isla de Manaar. Allí, bajo sus oscuras aguas, se extendía el banco de madreperlas sobre más de veinte millas de longitud.

   Le capitaine Nemo, Conseil, Ned Land et moi. nous prîmes place à l'arrière du canot. Le patron de l'embarcation se mit à la barre; ses quatre compagnons appuyèrent sur leurs avirons; la bosse fut larguée et nous débordâmes.

   El capitán Nemo, Conseil, Ned Land y yo nos instalamos a popa. Un marinero se puso al timón, mientras los otros cuatro tomaban los remos. Se largó la boza y nos alejamos del Nautilus, con rumbo Sur.

   Le canot se dirigea vers le sud. Ses nageurs ne se pressaient pas. J'observai que leurs coups d'aviron, vigoureusement engagés sous l'eau, ne se succédaient que de dix secondes en dix secondes, suivant la méthode généralement usitée dans les marines de guerre. Tandis que l'embarcation courait sur son erre, les gouttelettes liquides frappaient en crépitant le fond noir des flots comme des bavures de plomb fondu. Une petite houle, venue du large, imprimait au canot un léger roulis, et quelques crêtes de lames clapotaient à son avant.

   Los remeros trabajaban sin prisa. Observé que sus vigorosos movimientos se sucedían cada diez segundos, según el método generalmente usado por las marinas de guerra.

Mientras corría la embarcación por su derrotero, las gotas líquidas golpeaban a los remos crepitando como esquirlas de plomo fundido. Un ligero oleaje imprimía a la canoa un pequeño balanceo, y las crestas de algunas olas chapoteaban en la proa.

   Nous étions silencieux. A quoi songeait le capitaine Nemo? Peut-être à cette terre dont il s'approchait. et qu'il trouvait trop près de lui, contrairement a l'opinion du Canadien, auquel elle semblait encore trop éloignée. Quant à Conseil, il était là en simple curieux.

   Íbamos silenciosos. ¿En qué pensaba el capitán Nemo? Tal vez en esa tierra hacia la que se aproximaba y que debía parecerle excesivamente cercana, al contrario que al canadiense, para quien debía estar excesivamente lejana. Conseil iba como un simple curioso.

   Vers cinq heures et demie, les premières teintes de l'horizon accusèrent plus nettement la ligne supérieure de la côte. Assez plate dans l'est, elle se renflait un peu vers le sud. Cinq milles la séparaient encore, et son rivage se confondait avec les eaux brumeuses. Entre elle et nous, la mer était déserte. Pas un bateau, pas un plongeur. Solitude profonde sur ce lieu de rendez-vous des pêcheurs de perles. Ainsi que le capitaine Nemo me l'avait fait observer, nous arrivions un mois trop tôt dans ces parages.

   Hacia las cinco y media empezó a acusarse más netamente en el horizonte la línea superior de la costa. Bastante llana por el Este, se elevaba un poco hacia el Sur. Cinco millas nos separaban todavía de ella y su perfil se confundía aún con las aguas brumosas. Entre la costa y nosotros, el mar desierto. Ni un barco, ni un buceador. Soledad profunda en este lugar de cita de los pescadores de perlas. Tal como había dicho el capitán Nemo, llegábamos a estos parajes con un mes de anticipación.

   A six heures, le jour se fit subitement, avec cette rapidité particulière aux régions tropicales, qui ne connaissent ni l'aurore ni le crépuscule. Les rayons solaires percèrent le rideau de nuages amoncelés sur l'horizon oriental, et l'astre radieux s'éleva rapidement.

   A las seis, se hizo súbitamente de día, con esa rapidez peculiar de las regiones tropicales, que no conocen ni la aurora ni el crepúsculo. Los rayos solares atravesaron la cortina de nubes amontonadas en el horizonte oriental y el astro radiante se elevó rápidamente.

   Je vis distinctement la terre, avec quelques arbres épars çà et là.

   Vi entonces con toda claridad la tierra sobre la que se elevaban algunos árboles dispersos.

   Le canot s'avança vers l'île de Manaar, qui s'arrondissait dans le sud. Le capitaine Nemo s'était levé de son banc et observait la mer.

   La canoa avanzó hacia la isla de Manaar que tomaba una forma redondeada por el Sur. El capitán Nemo se puso en pie y observó el mar.

   Sur un signe de lui, l'ancre fut mouillée, et la chaîne courut à peine, car le fond n'était pas à plus d'un mètre, et il formait en cet endroit l'un des plus hauts points du banc de pintadines. Le canot évita aussitôt sous la poussée du jusant qui portait au large.

   A una señal suya, se echó el ancla. La cadena corrió apenas, pues el fondo no estaba a más de un metro en aquel lugar, uno de los más elevados del banco de madreperlas. La canoa giró en seguida en torno a su ancla, por el empuje del reflujo.

   «Nous voici arrivés, monsieur Aronnax, dit alors le capitaine Nemo. Vous voyez cette baie resserrée. C'est ici même que dans un mois se réuniront les nombreux bateaux de pêche des exploitants, et ce sont ces eaux que leurs plongeurs iront audacieusement fouiller. Cette baie est heureusement disposée pour ce genre de pêche. Elle est abritée des vents les plus forts, et la mer n'y est jamais très houleuse, circonstance très favorable au travail des plongeurs. Nous allons maintenant revêtir nos scaphandres, et nous commencerons notre promenade.»

   -Ya hemos llegado, señor Aronnax -dijo el capitán Nemo-. En esta cerrada bahía, dentro de un mes se reunirán los numerosos barcos de los pescadores y los buceadores se sumergirán audazmente en su rudo trabajo. La disposición de la bahía es magnífica para este tipo de pesca, al hallarse abrigada de los vientos. El oleaje no es nunca demasiado fuerte, lo que favorece el trabajo de los buceadores. Vamos a ponernos las escafandras, para comenzar nuestra expedición.

   Je ne répondis rien, et tout en regardant ces flots suspects, aidé des matelots de l'embarcation, je commençai à revêtir mon lourd vêtement de mer. Le capitaine Nemo et mes deux compagnons s'habillaient aussi. Aucun des hommes du Nautilus ne devait nous accompagner dans cette nouvelle excursion.

   No respondí, y sin dejar de mirar aquellas aguas sospechosas, comencé a ponerme mi pesado traje marino, ayudado por los marineros. El capitán Nemo y mis dos compañeros se estaban vistiendo también. Ninguno de los hombres del Nautilus iba a acompañarnos en esta nueva excursión.

   Bientôt nous fûmes emprisonnés jusqu'au cou dans le vêtement de caoutchouc, et des bretelles fixèrent sur notre dos les appareils à air. Quant aux appareils Ruhmkorff, il n'en était pas question. Avant d'introduire ma tête dans sa capsule de cuivre, j'en fis l'observation au capitaine.

   No tardamos en hallarnos aprisionados hasta el cuello en los trajes de caucho, con los aparatos de aire fijados a la espalda por los tirantes.

En esa ocasión no eran necesarios los aparatos Ruhmkorff. Antes de introducir mi cabeza en la cápsula de cobre, se lo había preguntado al capitán.

   «Ces appareils nous seraient inutiles, me répondit le capitaine. Nous n'irons pas à de grandes profondeurs, et les rayons solaires suffiront à éclairer notre marche. D'ailleurs, il n'est pas prudent d'emporter sous ces eaux une lanterne électrique. Son éclat pourrait attirer inopinément quelque dangereux habitant de ces parages.»

   -No nos serían de ninguna utilidad -me había respondido el capitán Nemo-. No iremos a grandes profundidades y nos iluminará la luz del sol. Además, no es prudente llevar bajo estas aguas una linterna eléctrica, que podría atraer inopinadamente a algún peligroso habitante.

   Pendant que le capitaine Nemo prononçait ces paroles, je me retournai vers Conseil et Ned Land. Mais ces deux amis avaient déjà emboîté leur tête dans la calotte métallique, et ils ne pouvaient ni entendre ni répondre.

   Al decir esto el capitán Nemo, me volví hacia Conseil y Ned Land, pero éstos, embutidos ya en su casco metálico, no podían ni oír ni responder.

   Une dernière question me restait à adresser au capitaine Nemo:

   Me quedaba por hacer una última pregunta al capitán Nemo.

   «Et nos armes, lui demandai-je, nos fusils?

   -¿Y nuestras armas? ¿Los fusiles?

   — Des fusils! à quoi bon? Vos montagnards n'attaquent-ils pas l'ours un poignard à la main, et l'acier n'est-il pas plus sûr que le plomb? Voici une lame solide. Passez-la à votre ceinture et partons.»

   -¿Para qué? ¿No atacan los montañeses al oso con un puñal? ¿No es más seguro el acero que el plomo? He aquí un buen cuchillo. Póngaselo en su cinturón y partamos.

   Je regardai mes compagnons. Ils étaient armés comme nous, et, de plus, Ned Land brandissait un énorme harpon qu'il avait déposé dans le canot avant de quitter le Nautilus.

   Miré a mis compañeros y les vi armados como nosotros. Sólo que, además, Ned Land esgrimía un enorme arpón que había depositado en la canoa antes de abandonar el Nautilus.

   Puis, suivant l'exemple du capitaine, je me laissai coiffer de la pesante sphère de cuivre, et nos réservoirs a air furent immédiatement mis en activité.

   Luego, siguiendo el ejemplo del capitán, me dejé poner la pesada esfera de cobre sobre la cabeza. Nuestros depósitos de aire entraron inmediatamente en actividad.

   Un instant après, les matelots de l'embarcation nous débarquaient les uns après les autres, et, par un mètre et demi d'eau, nous prenions pied sur un sable uni. Le capitaine Nemo nous fit un signe de la main. Nous le suivîmes, et par une pente douce nous disparûmes sous les flots.

   Un instante después, los marineros nos desembarcaron uno tras otro, y tocamos pie a metro y medio de profundidad, sobre una arena compacta. El capitán Nemo nos hizo señal de seguirle y por una suave pendiente desaparecimos bajo el agua.

   Là, les idées qui obsédaient mon cerveau m'abandonnèrent. Je redevins étonnamment calme. La facilité de mes mouvements accrut ma confiance, et l'étrangeté du spectacle captiva mon imagination.

   Una vez allí, me abandonaron inmediatamente las ideas que atormentaban a mi cerebro, y me hallé completamente tranquilo. La facilidad de mis movimientos aumentó mi confianza, mientras la rareza del espectáculo cautivaba mi imaginación.

   Le soleil envoyait déjà sous les eaux une clarté suffisante. Les moindres objets restaient perceptibles. Après dix minutes de marche, nous étions par cinq mètres d'eau, et le terrain devenait à peu près plat.

   La luz solar penetraba con suficiente claridad para hace visibles los menores objetos.

Al cabo de unos diez minutos de marcha, nos hallábamo a una profundidad de cinco metros y el fondo iba haciéndo se llano.

   Sur nos pas, comme des compagnies de bécassines dans un marais, se levaient des volées de poissons curieux du genre des monoptères, dont les sujets n'ont d'autre nageoire que celle de la queue. Je reconnus le javanais, véritable serpent long de huit décimètres, au ventre livide, que l'on confondrait facilement avec le congre sans les lignes d'or de ses flancs. Dans le genre des stromatées, dont le corps est très comprimé et ovale, j'observai des parus aux couleurs éclatantes portant comme une faux leur nageoire dorsale, poissons comestibles qui, séchés et marinés, forment un mets excellent connu sous le nom de karawade puis des tranquebars, appartenant au genre des apsiphoroïdes, dont le corps est recouvert d'une cuirasse écailleuse à huit pans longitudinaux.

   A nuestro paso, como una bandada de chochas en una laguna, levantaban el «vuelo» unos curiosos peces del género de los monópteros, sin otra aleta que la de la cola. Reconocí al javanés, verdadera serpiente de unos ocho decímetros de longitud, de vientre lívido, al que se le confundiría fácilmente con el congrio de no ser por las rayas doradas de sus flancos. En el género de los estromateos, cuyo cuerpo es ovalado y muy comprimido, vi fiatolas de brillantes colores y con una aleta dorsal como una hoz, peces comestibles que una vez secos y puestos en adobo sirven para la preparación de un plato excelente llamado karawade; «tranquebars», pertenecientes al género de los apsiforoides, con el cuerpo recubierto de una coraza escamosa dividida en ocho partes longitudinales.

   Cependant l'élévation progressive du soleil éclairait de plus en plus la masse des eaux. Le sol changeait peu à peu. Au sable fin succédait une véritable chaussée de rochers arrondis, revêtus d'un tapis de mollusques et de zoophytes. Parmi les échantillons de ces deux embranchements, je remarquai des placènes à valves minces et inégales, sortes d'ostracées particulières à la mer Rouge et à l'océan Indien, des lucines orangées à coquille orbiculaire, des tarières subulées, quelques-unes de ces pourpres persiques qui fournissaient au Nautilus une teinture admirable, des rochers cornus, longs de quinze centimètres, qui se dressaient sous les flots comme des mains prêtes à vous saisir, des turbinelles cornigères, toutes hérissées d'épines, des lingules hyantes, des anatines, coquillages comestibles qui alimentent les marchés de l'Hindoustan, des pélagies panopyres, légèrement lumineuses, et enfin d'admirables oculines flabelliformes, magnifiques éventails qui forment l'une des plus riches arborisations de ces mers.

   La progresiva elevación del sol aumentaba la claridad en el agua. El suelo iba cambiando poco a poco. A la arena fina sucedía una verdadera calzada de rocas redondeadas, revestidas de un tapiz de moluscos y de zoófitos. Entre las numerosas muestras de estas dos ramas, observé placenos de valvas finas y desiguales, especie de ostráceos propios del mar Rojo y del océano índico; lucinas anaranjadas de concha orbicular; tarazas; algunas de esas púrpuras persas que proveían al Nautilus de un tinte admirable; múrices de quince centímetros de largo que se erguían bajo el agua como manos dispuestas a hacer presa; las turbinelas, vulgarmente llamadas dientes de perro, erizadas de espinas; língulas anatinas, conchas comestibles que alimentan los mercados del Indostán; pelagias panópiras, ligeramente luminosas, y admirables oculinas fiabeliformes, magníficos abanicos que forman una de las más ricas arborizaciones de estos mares.

   Au milieu de ces plantes vivantes et sous les berceaux d'hydrophytes couraient de gauches légions d'articulés, particulièrement des ranines dentées, dont la carapace représente un triangle un peu arrondi, des birgues spéciales à ces parages, des parthenopes horribles, dont l'aspect répugnait aux regards. Un animal non moins hideux que je rencontrai plusieurs fois, ce fut ce crabe énorme observé par M. Darwin, auquel la nature a donné l'instinct et la force nécessaires pour se nourrir de noix de coco; il grimpe aux arbres du rivage, il fait tomber la noix qui se fend dans sa chute, et il l'ouvre avec ses puissantes pinces. Ici, sous ces flots clairs, ce crabe courait avec une agilité sans pareille, tandis que des chélonées franches, de cette espèce qui fréquente les côtes du Malabar, se déplaçaient lentement entre les roches ébranlées.

   En medio de estas plantas vivas y bajo los ramajes de los hidrófitos corrían legiones de torpes articulados: raninas dentadas con sus caparazones en forma de triángulo un poco redondeado; birgos propios de estos parajes y horribles partenopes de aspecto verdaderamente repugnante. No menos horroroso era el enorme cangrejo que encontré varias veces, el mismo que fuera observado y descrito por Darwin. Un cangrejo enorme al que la naturaleza ha dado el instinto y la fuerza necesarios para alimentarse de nueces de coco; trepa por los árboles de la orilla y hace caer los cocos que se rajan con el golpe y, ya en el suelo, los abre con sus poderosas pinzas. Bajo el agua, el cangrejo corría con una gran agilidad que contrastaba con el lento desplazamiento entre las rocas de los quelonios que abundan en estas aguas del Malabar.

   Vers sept heures, nous arpentions enfin le banc de pintadines, sur lequel les huîtres perlières se reproduisent par millions. Ces mollusques précieux adhéraient aux rocs et y étaient fortement attachés par ce byssus de couleur brune qui ne leur permet pas de se déplacer. En quoi ces huîtres sont inférieures aux moules elles-mêmes auxquelles la nature n'a pas refusé toute faculté de locomotion.

   Hacia las siete llegábamos por fin al banco de madreperlas en que éstas se reproducen por millones. Estos preciosos moluscos se adherían fuertemente a las rocas por ese biso de color oscuro que les impide desplazarse. En esto, las ostras son inferiores a las almejas, a las que la naturaleza no ha rehusado toda facultad de locomoción.

   La pintadine meleagrina, la mère perle, dont les valves sont à peu près égales, se présente sous la forme d'une coquille arrondie, aux épaisses parois, très rugueuses à l'extérieur. Quelques-unes de ces coquilles étaient feuilletées et sillonnées de bandes verdâtres qui rayonnaient de leur sommet. Elles appartenaient aux jeunes huîtres. Les autres, à surface rude et noire, vieilles de dix ans et plus, mesuraient jusqu'à quinze centimètres de largeur.

   La meleagrina o madreperla, cuyas valvas son casi iguales, se presenta bajo la forma de una concha redondeada, de paredes muy espesas y muy rugosas por fuera. Algunas de ellas estaban formadas por varias capas y surcadas de bandas verduzcas irradiadas desde la punta. Eran ostras jóvenes. Las otras, de superficie ruda y negra, que medían hasta quince centímetros de anchura, tenían diez años y aún más edad.

   Le capitaine Nemo me montra de la main cet amoncellement prodigieux de pintadines, et je compris que cette mine était véritablement inépuisable, car la force créatrice de la nature l'emporte sur l'instinct destructif de l'homme. Ned Land, fidèle a cet instinct, se hâtait d'emplir des plus beaux mollusques un filet qu'il portait à son côté.

   El capitán Nemo me indicó con la mano ese prodigioso amontonamiento de madreperlas, una mina verdaderamente inagotable, pues la fuerza creadora de la naturaleza supera al instinto destructivo del hombre. Fiel a ese instinto, Ned Land se apresuraba a llenar con los más hermosos ejemplares un saquito que había tomado consigo.

   Mais nous ne pouvions nous arrêter. Il fallait suivre le capitaine qui semblait se diriger par des sentiers connus de lui seul. Le sol remontait sensiblement, et parfois mon bras, que j'élevais, dépassait la surface de la mer. Puis le niveau du banc se rabaissait capricieusement. Souvent nous tournions de hauts rocs effilés en pyramidions. Dans leurs sombres anfractuosités de gros crustacés, pointés sur leurs hautes pattes comme des machines de guerre, nous regardaient de leurs yeux fixes, et sous nos pieds rampaient des myrianes, des glycères, des aricies et des annélides, qui allongeaient démesurément leurs antennes et leurs cyrrhes tentaculaires.

   Pero no podíamos detenernos. Había que seguir al capitán, que parecía dirigirse por senderos tan sólo por él conocidos. El suelo ascendía sensiblemente y a veces al elevar el brazo lo sacaba por encima de la superficie del agua. Luego, el nivel del banco descendió de nuevo caprichosamente. A menudo debíamos contornear altas rocas de formas piramidales. En sus oscuras anfractuosidades, grandes crustáceos, apostados sobre sus altas patas como máquinas de guerra, nos miraban con sus ojos fijos, y bajo nuestros pies reptaban diversas clases de nereidos alargando desmesuradamente sus antenas y sus cirros tentaculares.

   En ce moment s'ouvrit devant nos pas une vaste grotte, creusée dans un pittoresque entassement de rochers tapissés de toutes les hautes-lisses de la flore sous-marine. D'abord, cette grotte me parut profondément obscure. Les rayons solaires semblaient s'y éteindre par dégradations successives. Sa vague transparence n'était plus que de la lumière noyée.

   De repente se abrió ante nosotros una vasta gruta excavada en un pintoresco conglomerado de rocas tapizadas de flora submarina. En un primer momento, la gruta me pareció profundamente oscura. Los rayos solares parecían apagarse en ella por degradaciones sucesivas. Su vaga transparencia no era ya más que luz ahogada.

   Le capitaine Nemo y entra. Nous après lui. Mes yeux s'accoutumèrent bientôt à ces ténèbres relatives. Je distinguai les retombées si capricieusement contournées de la voûte que supportaient des piliers naturels, largement assis sur leur base granitique, comme les lourdes colonnes de l'architecture toscane. Pourquoi notre incompréhensible guide nous entraînait-il au fond de cette crypte sous-marine? J'allais le savoir avant peu.

   El capitán Nemo entró en ella y nosotros le seguimos. Mis ojos se acostumbraron pronto a esas tinieblas relativas. Distinguí los arranques de la bóveda, muy caprichosamente torneados, sobre pilares naturales sólidamente sustentados en su base granítica, como las pesadas columnas de la arquitectura toscana.

¿Por qué razón nuestro incomprensible guía nos llevaba al fondo de aquella cripta submarina? Pronto iba a saberlo.

   Après avoir descendu une pente assez raide, nos pieds foulèrent le fond d'une sorte de puits circulaire. Là, le capitaine Nemo s'arrêta, et de la main il nous indiqua un objet que je n'avais pas encore aperçu.

   Tras descender una pendiente bastante pronunciada llegamos al fondo de una especie de pozo circular. Allí se detuvo el capitán Nemo y nos hizo una indicación con la mano.

   C'était une huître de dimension extraordinaire, une tridacne gigantesque, un bénitier qui eût contenu un lac d'eau sainte, une vasque dont la largeur dépassait deux mètres, et conséquemment plus grande que celle qui ornait le salon du Nautilus.

   Lo indicado era una ostra de una dimensión extraordinaria, una tridacna gigantesca, una pila que habría podido contener un lago de agua bendita, un pilón de más de dos metros de anchura y, consecuentemente, más grande que la que adornaba el salón del Nautilus.

   Je m'approchai de ce mollusque phénoménal. Par son byssus il adhérait à une table de granit, et là il se développait isolément dans les eaux calmes de la grotte. J'estimai le poids de cette tridacne à trois cents kilogrammes. Or, une telle huître contient quinze kilos de chair, et il faudrait l'estomac d'un Gargantua pour en absorber quelques douzaines.

   Me acerqué a aquel molusco fenomenal. Estaba adherido por su biso a una gran piedra granítica, y se desarrollaba aisladamente allí en las aguas tranquilas de la gruta. Estimé el peso de esa tridacna en no menos de trescientos kilos. Una ostra semejante debe contener unos quince kilos de carne y haría falta el estómago de un Gargantúa para comerse unas cuantas docenas.

   Le capitaine Nemo connaissait évidemment l'existence de ce bivalve. Ce n'était pas la première fois qu'il le visitait, et je pensais qu'en nous conduisant en cet endroit il voulait seulement nous montrer une curiosité naturelle. Je me trompais. Le capitaine Nemo avait un intérêt particulier à constater l'état actuel de cette tridacne.

   El capitán Nemo conocía evidentemente la existencia de la ostra. No era la primera vez que la visitaba. Yo pensé que al conducirnos a ese lugar quería mostrarnos simplemente una curiosidad natural. Me equivocaba. El capitán Nemo tenía un interés particular por comprobar el estado actual de la tridacna.

   Les deux valves du mollusque étaient entr'ouvertes. Le capitaine s'approcha et introduisit son poignard entre les coquilles pour les empêcher de se rabattre; puis, de la main, il souleva la tunique membraneuse et frangée sur ses bords qui formait le manteau de l'animal.

   Las dos valvas del molusco estaban entreabiertas. El capitán se aproximó e introdujo su puñal entre las conchas para impedir que se cerraran; luego, con la mano, levantó la túnica membranosa con franjas en los bordes que formaban el manto del animal.

   Là, entre les plis foliacés, je vis une perle libre dont la grosseur égalait celle d'une noix de cocotier. Sa forme globuleuse, sa limpidité parfaite, son orient admirable en faisaient un bijou d'un inestimable prix. Emporté par la curiosité, j'étendais la main pour la saisir, pour la peser, pour la palper! Mais le capitaine m'arrêta, fit un signe négatif, et, retirant son poignard par un mouvement rapide, il laissa les deux valves se refermer subitement.

   Entre los pliegues foliáceos vi una perla libre del tamaño de un coco. Su forma globular, su perfecta limpidez, su admirable oriente hacían de ella una joya de un precio inestimable. Llevado de la curiosidad, extendí la mano para cogerla, para sopesarla, para palparla. Pero el capitán Nemo me contuvo con un gesto negativo, y retirando su cuchillo con un rápido gesto dejó que las valvas se cerraran súbitamente.

   Je compris alors quel était le dessein du capitaine Nemo. En laissant cette perle enfouie sous le manteau de la tridacne, il lui permettait de s'accroître insensiblement. Avec chaque année la sécrétion du mollusque y ajoutait de nouvelles couches concentriques. Seul, le capitaine connaissait la grotte où «mûrissait» cet admirable fruit de la nature; seul il l'élevait, pour ainsi dire, afin de la transporter un jour dans son précieux musée. Peut-être même, suivant l'exemple des Chinois et des Indiens, avait-il déterminé la production de cette perle en introduisant sous les plis du mollusque quelque morceau de verre et de métal, qui s'était peu à peu recouvert de la matière nacrée. En tout cas, comparant cette perle à celles que je connaissais déjà, à celles qui brillaient dans la collection du capitaine, j'estimai sa valeur à dix millions de francs au moins. Superbe curiosité naturelle et non bijou de luxe, car je ne sais quelles oreilles féminines auraient pu la supporter.

   Comprendí entonces que el designio del capitán Nemo al dejar la perla era la de permitirle aumentar su tamaño. Cada año, la secreción del molusco añadía nuevas capas concéntricas. Sólo el capitán Nemo conocía la gruta en la que «maduraba» ese admirable fruto de la naturaleza. El capitán Nemo la criaba, por así decirlo, a fin de trasladarla un día a su precioso museo. Tal vez, incluso, siguiendo el ejemplo de los chinos y de los indios, había determinado él la producción de esa perla introduciendo bajo los pliegues del molusco algún trozo de vidrio o de metal recubierto poco a poco por la materia nacarada. En todo caso, la comparación de esa perla con las que yo conocía, y con las que brillaban en la colección del capitán, me daba un valor no inferior a diez millones de francos. Soberbia curiosidad natural y no joya de lujo, pues no había orejas femeninas que pudieran con ella.

   La visite à l'opulente tridacne était terminée. Le capitaine Nemo quitta la grotte, et nous remontâmes sur le banc de pintadines, au milieu de ces eaux claires que ne troublait pas encore le travail des plongeurs.

   La visita a la opulenta ostra había terminado. El capitán Nemo salió de la gruta y tras él ascendimos al banco de madreperlas, en medio de la claridad del agua no turbada aún por el trabajo de los buceadores.

   Nous marchions isolément, en véritables flâneurs, chacun s'arrêtant ou s'éloignant au gré de sa fantaisie. Pour mon compte, je n'avais plus aucun souci des dangers que mon imagination avait exagérés si ridiculement. Le haut-fond se rapprochait sensiblement de la surface de la mer, et bientôt par un mètre d'eau ma tête dépassa le niveau océanique. Conseil me rejoignit, et collant sa grosse capsule à la mienne, il me fit des yeux un salut amical. Mais ce plateau élevé ne mesurait que quelques toises, et bientôt nous fûmes rentrés dans notre élément. Je crois avoir maintenant le droit de le qualifier ainsi.

   Íbamos cada uno por nuestro lado, paseándonos, deteniéndonos o alejándonos a capricho. Yo iba ya absolutamente despreocupado de los peligros que mi imaginación había exagerado tan ridículamente. Los fondos se acercaban sensiblemente a la superficie, hasta que mi cabeza emergió del agua. Conseil se unio a mi y pegando su esfera metálica a la mía me saludó amistosamente con los ojos.

Pero la elevación del fondo se limitaba a unas cuantas toesas y pronto nos hallamos nuevamente en nuestro elemento. Pues creo tener ya el derecho de denominarlo así.

   Dix minutes après, le capitaine Nemo s'arrêtait soudain. Je crus qu'il faisait halte pour retourner sur ses pas. Non. D'un geste, il nous ordonna de nous blottir près de lui au fond d'une large anfractuosité. Sa main se dirigea vers un point de la masse liquide, et je regardai attentivement.

   Apenas habrían pasado diez minutos, cuando el capitán Nemo se detuvo súbitamente. Creí que hacía alto para volver, pero no fue así.

Con un gesto nos ordenó que nos situáramos a su lado, en el fondo de una amplia anfractuosidad. Su mano nos indicó algo en la masa líquida.

   A cinq mètres de moi, une ombre apparut et s'abaissa jusqu'au sol. L'inquiétante idée des requins traversa mon esprit. Mais je me trompais, et, cette fois encore, nous n'avions pas affaire aux monstres de l'Océan.

   Miré atentamente y vi a unos cinco metros de distancia una sombra que descendía hacia el fondo. La inquietante idea de los tiburones volvió a pasar por mi mente. Pero me equivocaba, no teníamos que habérnoslas con esos monstruos del océano.

   C'était un homme, un homme vivant, un Indien, un noir, un pêcheur, un pauvre diable, sans doute, qui venait glaner avant la récolte. J'apercevais les fonds de son canot mouillé à quelques pieds au-dessus de sa tête. Il plongeait, et remontait successivement. Une pierre taillée en pain de sucre et qu'il serrait du pied, tandis qu'une corde la rattachait à son bateau, lui servait à descendre plus rapidement au fond de la mer. C'était là tout son outillage. Arrivé au sol, par cinq mètres de profondeur environ, il se précipitait à genoux et remplissait son sac de pintadines ramassées au hasard. Puis, il remontait, vidait son sac, ramenait sa pierre, et recommençait son opération qui ne durait que trente secondes.

   Era un hombre, un hombre vivo, un indio, un negro, un pescador, un pobre diablo, sin duda, que venía a la rebusca antes de la cosecha. Vi la quilla de su bote a algunos pies por encima de su cabeza. El hombre se sumergía y ascendía sucesivamente. Una piedra entre los pies ligada a su bote por una cuerda constituía todo su equipamiento técnico para descender más rápidamente al fondo del mar. Una vez llegado al fondo, a unos cinco metros de profundidad, se precipitaba a coger, de rodillas, y a llenar su bolsa de todas las madreperlas que podía. Luego, se remontaba, vaciaba su bolsa y recomenzaba su operación, que no duraba más que treinta segundos.

   Ce plongeur ne nous voyait pas. L'ombre du rocher nous dérobait a ses regards. Et d'ailleurs, comment ce pauvre Indien aurait-il jamais supposé que des hommes, des êtres semblables à lui, fussent là, sous les eaux, épiant ses mouvements. ne perdant aucun détail de sa pêche!

   No podía vernos el buceador por hurtarnos a sus miradas la sombra de la roca. Por otra parte, ¿cómo hubiera podido sospechar ese pobre indio que unos hombres, sus semejantes, pudiesen estar allí, bajo el agua espiando sus movimientos sin perder un detalle de su pesca?

   Plusieurs fois, il remonta ainsi et plongea de nouveau. Il ne rapportai pas plus d'une dizaine de pintadines à chaque plongée, car il fallait les arracher du banc auquel elles s'accrochaient par leur robuste byssus. Et combien de ces huîtres étaient privées de ces perles pour lesquelles il risquait sa vie!

   No recogía más de una decena de madreperlas a cada inmersión, pues había que arrancarlas del banco al que se agarraban por su fuerte biso. ¡Y cuántas de aquellas ostras por las que arriesgaba su vida estaban privadas de perlas!

   Je l'observais avec une attention profonde. Sa manoeuvre se faisait régulièrement, et pendant une demi-heure, aucun danger ne parut le menacer. Je me familiarisais donc avec le spectacle de cette pêche intéressante, quand, tout d'un coup, à un moment où l'Indien était agenouillé sur le sol, je lui vis faire un geste d'effroi? se relever et prendre son élan pour remonter à la surface des flots.

   Yo le observaba con una profunda atención. Realizaba sus maniobras con gran regularidad desde hacía ya media hora, sin que ningún peligro pareciera amenazarle. Iba yo familiarizándome con el espectáculo de su actividad, cuando, de repente, en un momento en que se hallaba arrodillado en el suelo, le vi hacer un gesto de espanto, levantarse y tomar impulso para subir a la superficie.

   Je compris son épouvante. Une ombre gigantesque apparaissait au-dessus du malheureux plongeur. C'était un requin de grande taille qui s'avançait diagonalement, l'oeil en feu, les mâchoires ouvertes!

   La sombra gigantesca que apareció por encima del buceador me hizo comprender su espanto. Era la de un tiburón de gran envergadura que avanzaba diagonalmente, con la mirada encendida y las mandíbulas abiertas.

   J'étais muet d'horreur, incapable de faire un mouvement.

   Me sentí sobrecogido de horror, incapaz de todo movimiento.

   Le vorace animal, d'un vigoureux coup de nageoire, s'élança vers l'Indien, qui se jeta de côté et évita la morsure du requin, mais non le battement de sa queue, car cette queue, le frappant à la poitrine, I étendit sur le sol.

   El voraz animal se lanzó hacia el indio, quien se echó a un lado y pudo evitar así la mordedura del tiburón pero no su coletazo, que le golpeó en el pecho y le derribó al suelo.

   Cette scène avait duré quelques secondes à peine. Le requin revint, et, se retournant sur le dos, il s'apprêtait à couper l'Indien en deux, quand je sentis le capitaine Nemo, posté près de moi, se lever subitement. Puis, son poignard à la main, il marcha droit au monstre, prêt à lutter corps à corps avec lui.

   Apenas había durado unos segundos la terrible escena. El tiburón se revolvió y se disponía a cortar al indio en dos, cuando sentí al capitán Nemo erguirse a mi lado y avanzar directamente hacia el monstruo, puñal en mano, dispuesto a luchar cuerpo a cuerpo con él.

   Le squale, au moment où il allait happer le malheureux pêcheur, aperçut son nouvel adversaire, et se replaçant sur le ventre, il se dirigea rapidement vers lui.

   En el momento en que iba a despedazar al desgraciado pescador, el escualo advirtió la presencia de su adversario y se dirigió derecho hacia él.

   Je vois encore la pose du capitaine Nemo. Replié sur lui-même, il attendait avec un admirable sang-froid le formidable squale, et lorsque celui-ci se précipita sur lui, le capitaine, se jetant de côté avec une prestesse prodigieuse, évita le choc et lui enfonça son poignard dans le ventre. Mais, tout n'était pas dit. Un combat terrible s'engagea.

   Aún estoy viendo la postura del capitán Nemo. Replegado en sí mismo, esperaba con extraordinaria sangre fría la acometida del formidable escualo. Cuando éste se precipitó contra él, el capitán se echó a un lado con una prodigiosa agilidad, evitó el choque y le hundió su puñal en el vientre. Pero con ese golpe no acabó sino que comenzó el combate. Un combate terrible.

   Le requin avait rugi, pour ainsi dire. Le sang sortait à flots de ses blessures. La mer se teignit de rouge, et, à travers ce liquide opaque, je ne vis plus rien.

   El tiburón había rugido, si se puede decir así. Salía a oleadas la sangre de su herida. El mar se tiñó de rojo y no vi nada más a través de ese líquido opaco.

   Plus rien, jusqu'au moment où, dans une éclaircie, j'aperçus l'audacieux capitaine, cramponné à l'une des nageoires de l'animal, luttant corps à corps avec le monstre, labourant de coups de poignard le ventre de son ennemi, sans pouvoir toutefois porter le coup définitif, c'est-à-dire l'atteindre en plein coeur. Le squale, se débattant, agitait la masse des eaux avec furie, et leur remous menaçait de me renverser.

   Nada más hasta que, en el momento en que se aclaró algo el agua, hallamos al audaz capitán agarrado a una de las aletas del animal, luchando cuerpo a cuerpo, asestándole una serie de puñaladas al vientre, pero sin poder darle el golpe definitivo, es decir, alcanzarle en pleno corazón. Al debatirse, el escualo agitaba furiosamente el agua y las trombas que producía estuvieron a punto de derribarme.

   J'aurais voulu courir au secours du capitaine. Mais, cloué par l'horreur, je ne pouvais remuer.

   Yo hubiera querido socorrer al capitán, pero el espanto me clavaba al suelo. Miraba despavorido y veía modificarse las fases de la lucha.

   Je regardais, l'oeil hagard. Je voyais les phases de la lutte se modifier. Le capitaine tomba sur le sol, renversé par la masse énorme qui pesait sur lui. Puis, les mâchoires du requin s'ouvrirent démesurément comme une cisaille d'usine, et c'en était fait du capitaine si, prompt comme la pensée, son harpon à la main, Ned Land, se précipitant vers le requin, ne l'eût frappe de sa terrible pointe.

   Derribado por la fuerza inmensa de aquella masa, el capitán cayó al suelo. Las mandíbulas del tiburón se abrieron desmesuradamente como una guillotina, y en ellas hubiera acabado el capitán si, rápido como el rayo, Ned Land, arpón en mano, no hubiera golpeado con él al tiburón.

   Les flots s'imprégnèrent d'une masse de sang. Ils s'agitèrent sous les mouvements du squale qui les battait avec une indescriptible fureur. Ned Land n'avait pas manqué son but. C'était le râle du monstre. Frappé au coeur, il se débattait dans des spasmes épouvantables, dont le contrecoup renversa Conseil.

   El agua se ahogó en una masa de sangre agitada con un indescriptible furor por los movimientos del escualo. Ned Land no había fallado el golpe. Eran los estertores del monstruo. Golpeado en el corazón, se debatía en unos espasmos espantosos que convulsionaban el agua con una violencia tal que Conseil cayó al suelo.

   Cependant, Ned Land avait dégagé le capitaine. Celui-ci, relevé sans blessures, alla droit à l'indien, coupa vivement la corde qui le liait à sa pierre, le prit dans ses bras et, d'un vigoureux coup de talon, il remonta à la surface de la mer.

   Mientras tanto, Ned Land ayudaba a incorporarse al capitán, que estaba indemne. El capitán Nemo se dirigió inmediatamente hacia el indio, cortó la cuerda que le ataba a la piedra, lo tomó en sus brazos y de un vigoroso golpe de talón ascendió a la superficie del mar, seguido de nosotros tres.

   Nous le suivîmes tous trois, et, en quelques instants, miraculeusement sauvés, nous atteignions l'embarcation du pêcheur.

   En algunos instantes, milagrosamente salvados, alcanzamos la barca del pescador.

   Le premier soin du capitaine Nemo fut de rappeler ce malheureux à la vie. Je ne savais s'il réussirait. Je l'espérais, car l'immersion de ce pauvre diable n'avait pas été longue. Mais le coup de queue du requin pouvait l'avoir frappé à mort.

   El primer cuidado del capitán Nemo fue el de reanimar al infortunado pescador. No sabía yo si lo lograría, aunque así lo esperaba porque su inmersión no había sido demasiado larga. Pero el coletazo del tiburón podía haberle herido de muerte.

   Heureusement, sous les vigoureuses frictions de Conseil et du capitaine, je vis, peu à peu, le noyé revenir au sentiment. Il ouvrit les yeux. Quelle dut être sa surpris-je son épouvante même, à voir les quatre grosses têtes de cuivre qui se penchaient sur lui!

   Afortunadamente, vi como poco a poco iba reanimándose bajo las vigorosas fricciones de Conseil y del capitán. El hombre abrió los ojos. ¡Cuán grande debió ser su sorpresa, incluso su espanto, al ver las cuatro cabezas de cobre que se inclinaban sobre él!

   Et surtout, que dut-il penser, quand le capitaine Nemo, tirant d'une poche de son vêtement un sachet de perles, le lui eut mis dans la main? Cette magnifique aumône de l'homme des eaux au pauvre Indien de Ceylan fut acceptée par celui-ci d'une main tremblante.

   ¿Y qué pudo pensar cuando el capitán Nemo le puso en la mano un saquito de perlas que había sacado de un bolsillo de su traje? El pobre indio de Ceilán aceptó con una mano temblorosa la magnífica limosna del hombre de las aguas.

   Ses yeux effarés indiquaient du reste qu'il ne savait à quels êtres surhumains il devait à la fois la fortune et la vie.

   Sus ojos desencajados indicaban que no sabían a qué seres sobrehumanos debía a la vez la fortuna y la vida.

   Sur un signe du capitaine, nous regagnâmes le banc de pintadines, et, suivant la route déjà parcourue, après une demi-heure de marche nous rencontrions l'ancre qui rattachait au sol le canot du Nautilus.

   A una señal del capitán, nos sumergimos nuevamente y, siguiendo el camino ya recorrido, al cabo de media hora de marcha encontramos el ancla que fijaba al suelo la canoa del Nautilus.

   Une fois embarqués, chacun de nous, avec l'aide des matelots, se débarrassa de sa lourde carapace de cuivre.

   Una vez embarcados, nos desembarazamos de nuestras escafandras con la ayuda de los marineros.

   La première parole du capitaine Nemo fut pour le Canadien.

   Las primeras palabras del capitán Nemo fueron para el canadiense.

   «Merci, maître Land, lui dit-il.

   -Gracias, señor Land.

   — C'est une revanche, capitaine, répondit Ned Land. Je vous devais cela.»

   -Es mi desquite, capitán -respondió Ned Land-. Se lo debía.

   Un pâle sourire glissa sur les lèvres du capitaine, et ce fut tout.

   Un asomo de sonrisa afloró a los labios del capitán. Eso fue todo.

   «Au Nautilus», dit-il.

   -Al Nautilus -ordenó.

   L'embarcation vola sur les flots. Quelques minutes plus tard, nous rencontrions le cadavre du requin qui flottait.

   La embarcación se deslizaba rápidamente. Algunos minutos después, vimos el cadáver del tiburón flotando sobre el agua.

   A la couleur noire marquant l'extrémité de ses nageoires, je reconnus le terrible mélanoptère de la mer des Indes, de l'espèce des requins proprement dits. Sa longueur dépassait vingt-cinq pieds; sa bouche énorme occupait le tiers de son corps. C'était un adulte, ce qui se voyait aux six rangées de dents, disposées en triangles isocèles sur la mâchoire supérieure.

   Por el color negro de la extremidad de sus aletas reconocí al terrible melanóptero del mar de las Indias, de la especie de los tiburones propiamente dichos. Su longitud sobrepasaba los veinticinco pies; su enorme boca ocupaba el tercio de su cuerpo. Era un adulto, como se veía por las seis hileras de dientes en forma de triángulos isósceles sobre la mandílula superior.

   Conseil le regardait avec un intérêt tout scientifique, et je suis sûr qu'il le rangeait, non sans raison, dans la classe des cartilagineux. ordre des chondroptérygiens à branchies fixes, famille des sélaciens, genre des squales.

   Conseil le miraba con un interés científico, y estoy seguro de que lo clasificaba, no sin razón, en la clase de los cartilaginosos, orden de los condropterigios de branquias fijas, familia de los selacios, género de los escualos.

   Pendant que je considérais cette masse inerte, une douzaine de ces voraces mélanoptères apparut tout d'un coup autour de l'embarcation; mais, sans se préoccuper de nous, ils se jetèrent sur le cadavre et s'en disputèrent les lambeaux.

   Mientras miraba yo aquella masa inerte, una docena de esos voraces melanópteros apareció de repente en torno a nuestra embarcación. Pero sin preocuparse de nosotros, se lanzaron sobre el cadáver y se disputaron sus pedazos y hasta sus jirones.

   A huit heures et demie, nous étions de retour à bord du Nautilus.

   A las ocho y media estábamos ya de regreso a bordo del Nautilus.

   Là, je me pris à réfléchir sur les incidents de notre excursion au banc de Manaar. Deux observations s'en dégageaient inévitablement. L'une, portant sur l'audace sans pareille du capitaine Nemo, l'autre sur son dévouement pour un être humain, l'un des représentants de cette race qu'il fuyait sous les mers. Quoi qu'il en dît, cet homme étrange n'était pas parvenu encore à tuer son coeur tout entier.

   Allí pude reflexionar ya con calma sobre los incidentes de nuestra excursión al banco de Manaar. Dos conclusiones se derivaban inevitablemente de esos incidentes: la demostración por el capitán Nemo de su audacia sin igual, por una parte, y, por otra, la de su abnegación por un ser humano, por uno de los representantes de la especie de la que él huía bajo los mares. Dijera lo que dijese, ese hombre extraño no había conseguido matar en él sus sentimientos, su humanidad.

   Lorsque je lui fis cette observation, il me répondit d'un ton légèrement ému:

   Al hacerle esta observación, él me respondió con estas palabras no exentas de una cierta emoción:

   «Cet Indien, monsieur le professeur, c'est un habitant du pays des opprimés, et je suis encore, et, jusqu'à mon dernier souffle, je serai de ce pays-là!»

   -Ese indio, señor profesor, es un habitante del país de los oprimidos, y yo soy aún, y lo seré hasta mi muerte, de ese país.