La tempestad nos había rechazado hacia el Este. Toda esperanza de evadirse en las cercanías de Nueva York o del San Lorenzo se había desvanecido. El pobre Ned, desesperado, se aisló como el capitán Nemo. Conseil y yo no nos dejábamos nunca.
A la suite de cette tempête, nous avions été rejetés dans l'est. Tout espoir de s'évader sur les atterrages de New York ou du Saint-Laurent s'évanouissait. Le pauvre Ned, désespéré, s'isola comme le capitaine Nemo. Conseil et moi, nous ne nous quittions plus.
Dije que el Nautilus se había desviado al Este, pero hubiera debido decir más exactamente al Nordeste. Durante algunos días, cuando navegaba en superficie, erró en medio de las brumas de esos parajes tan peligrosas para los navegantes. Esas brumas se deben principalmente a la fundición de los hielos, que mantiene una elevada humedad en la atmósfera. ¡Cuántos navíos se han perdido en esos parajes, en busca de los inciertos faros de la costa! ¡Cuántos naufragios debidos a la extraordinaria opacidad de esas nieblas! ¡Cuántos choques con los escollos en los que el ruido de la resaca es sofocado por el del viento! ¡Cuántas colisiones entre barcos, a pesar de sus luces de posición, de las advertencias de sus pitos y de sus campanas de alarma!
J'ai dit que le Nautilus s'était écarté dans l'est. J'aurais dû dire, plus exactement, dans le nord-est. Pendant quelques jours, il erra tantôt à la surface des flots, tantôt au-dessous, au milieu de ces brumes si redoutables aux navigateurs. Elles sont principalement dues à la fonte des glaces, qui entretient une extrême humidité dans l'atmosphère. Que de navires perdus dans ces parages, lorsqu'ils allaient reconnaître les feux incertains de la côte! Que de sinistres dus à ces brouillards opaques! Que de chocs sur ces écueils dont le ressac est éteint par le bruit du vent! Que de collisions entre les bâtiments, malgré leurs feux de position, malgré les avertissements de leurs sifflets et de leurs cloches d'alarme!
Así, el fondo de esos mares ofrecía el aspecto de un campo de batalla, en el que yacían todos los vencidos del océano; unos, viejos e incrustados ya; otros, jóvenes, cuyos herrajes y carenas de cobre brillaban bajo la luz de nuestro fanal. ¡Cuántos barcos perdidos, con sus tripulaciones, su mundo de emigrantes y sus cargamentos, en los puntos peligrosos que señalan las estadísticas: el cabo Race, la isla San Pablo, el estrecho de Belle Isle, el estuario del San Lorenzo! Y desde hacía un año tan sólo, ¡cuántas víctimas suministradas a esos fúnebres anales por las líneas del Royal Mail, de Inmann, de Montreal-… ! El Solway, el Isis, el Paramatta, el Hungarian, el Canadian, el Anglosaxon, el Humboldt, el United States, todos encallados. El Articy el Lyonnais, hundidos por colisión. El President, el Pacific, el City of glasgow, desaparecidos por causas ignoradas. Todos ellos no eran ya más que restos, entre los que navegaba el Nautilus como si presenciara un desfile de muertos.
Aussi, le fond de ces mers offrait-il l'aspect d'un champ de bataille, où gisaient encore tous ces vaincus de l'Océan; les uns vieux et empâtés déjà; les autres jeunes et réfléchissant l'éclat de notre fanal sur leurs ferrures et leurs carènes de cuivre. Parmi eux, que de bâtiments perdus corps et biens, avec leurs équipages, leur monde d'émigrants, sur ces points dangereux signalés dans les statistiques, le cap Race, l'île Saint-Paul, le détroit de Belle-Ile, l'estuaire du Saint-Laurent! Et depuis quelques années seulement que de victimes fournies à ces funèbres annales par les lignes du Royal-Mail, d'Inmann, de Montréal, le Solway, I'Isis, le Paramatta, I'Hungarian, le Canadian, l'Anglo-Saxon, le Humboldt, l'United-States, tous échoués, l'Artic, le Lyonnais, coulés par abordage, le Président, le Pacific, le City-of-Glasgow, disparus pour des causes ignorées, sombres débris au milieu desquels naviguait le Nautilus, comme s'il eût passé une revue des morts!
El 15 de mayo, nos encontrábamos en la extremidad meridional del banco de Terranova. Este banco es producto de los aluviones marinos, un considerable conglomerado de detritus orgánicos transportados desde el ecuador por la corriente del Golfo y desde el polo boreal por la contracorriente de agua fría que corre a lo largo de la costa americana. Allí se amontonan también los bloques errantes que derivan de la ruptura de los hielos. En el banco se ha formado un vasto «osario» de peces, de moluscos y de zoófitos que perecen en él por millares.
Le 15 mai, nous étions sur l'extrémité méridionale du banc de Terre-Neuve. Ce banc est un produit des alluvions marines, un amas considérable de ces détritus organiques, amenés soit de l'Équateur par le courant du Gulf-Stream, soit du pôle boréal, par ce contre-courant d'eau froide qui longe la côte américaine. Là aussi s'amoncellent les blocs erratiques charriés par la débâcle des glaces. Là s'est formé un vaste ossuaire de poissons de mollusques ou de zoophytes qui y périssent par milliards.
La profundidad no es considerable en el banco de Terranova, algunos centenares de brazas a lo sumo. Pero hacia el Sur se abre súbitamente una profunda depresión, una sima de tres mil metros. Ahí es donde se ensancha el Gulf Stream desparramando sus aguas para convertirse en un mar, al precio de la pérdida de velocidad y de temperatura.
La profondeur de la mer n'est pas considérable au banc de Terre-Neuve. Quelques centaines de brasses au plus. Mais vers le sud se creuse subitement une dépression profonde, un trou de trois mille mètres. Là s'élargit le Gulf-Stream. C'est un épanouissement de ses eaux. Il perd de sa vitesse et de sa température, mais il devient une mer.
Entre los peces que el Nautilus asustó a su paso, citaré al ciclóptero, de un metro de largo, de dorso negruzco y vientre anaranjado, que da a sus congéneres un ejemplo poco seguido de fidelidad conyugal; un unernack de gran tamaño, parecido a la morena, de color esmeralda y de un gusto excelente; unos karraks de gruesos ojos, cuyas cabezas tienen algún parecido con la del perro; blenios, ovovivíparos como las serpientes; gobios negros de dos decímetros; macruros de larga cola y de brillos plateados, peces muy rápidos que se habían aventurado lejos de los mares hiperbóreos.
Parmi les poissons que le Nautilus effaroucha à son passage, je citerai le cycloptère d'un mètre, à dos noirâtre, à ventre orange, qui donne à ses congénères un exemple peu suivi de fidélité conjugale, un unernack de grande taille, sorte de murène émeraude, d'un goût excellent, des karraks à gros yeux, dont la tête a quelque ressemblance avec celle du chien, des blennies, ovovivipares comme les serpents, des gobies-boulerots ou goujons noirs de deux décimètres, des macroures à longue queue, brillant d'un éclat argenté, poissons rapides, aventurés loin des mers hyperboréennes.
Las redes recogieron un pez audaz y vigoroso, armado de púas en la cabeza y de aguijones en las aletas, un verdadero escorpión de dos a tres metros, encarnizado enemigo de los blenios, de los gados y de los salmones. Era el coto de los mares septentrionales, de cuerpo tuberculado, de color pardo y rojo en las aletas. Los hombres del Nautilus tuvieron alguna dificultad en apoderarse de ese pez que, gracias a la conformación de sus opérculos, preserva sus órganos respiratorios del contacto desecante del aire y por ello puede vivir algún tiempo fuera del agua.
Les filets ramassèrent aussi un poisson hardi, audacieux, vigoureux, bien musclé, armé de piquants à la tête et d'aiguillons aux nageoires, véritable scorpion de deux à trois mètres, ennemi acharné des blennies, des gades et des saumons, c'était le cotte des mers septentrionales. au corps tuberculeux, brun de couleur, rouge aux nageoires. Les pêcheurs du Nautilus eurent quelque peine à s'emparer de cet animal, qui, grâce à la conformation de ses opercules, préserve ses organes respiratoires du contact desséchant de l'atmosphère et peut vivre quelque temps hors de l'eau.
Debo dejar constancia también de los bosquianos, pequeños peces que acompañan a los navíos por los mares boreales; de los ableos oxirrincos, propios del Atlántico septentrional, y de los rascacios, antes de llegar a los gádidos y, principalmente, los del inagotable banco de Terranova.
Je cite maintenant — pour mémoire — des bosquiens, petits poissons qui accompagnent longtemps les navires dans les mers boréales, des ables-oxyrhinques, spéciaux à l'Atlantique septentrional, des rascasses, et j'arrive aux gades, principalement à l'espèce morue, que je surpris dans ses eaux de prédilection, sur cet inépuisable banc de Terre-Neuve.
Puede decirse que el bacalao es un pez de la montaña, pues Terranova no es más que una montaña submarina. Cuando el Nautilus se abrió camino a través de sus apretadas falanges, Conseil no pudo retener una exclamación:
On peut dire que ces morues sont des poissons de montagnes, car Terre-Neuve n'est qu'une montagne sous-marine. Lorsque le Nautilus s'ouvrit un chemin à travers leurs phalanges pressées, Conseil ne put retenir cette observation:
-¡Eso es el bacalao! ¡Y yo que creía que era plano como los gallos y los lenguados!
«Ça! des morues! dit-il; mais je croyais que les morues étaient plates comme des limandes ou des soles?
-¡Qué ingenuidad! El bacalao no es plano más que en las tiendas de comestibles donde lo muestran abierto y extendido. En el agua, es un pez fusiforme como el sargo y perfectamente conformado para la marcha.
— Naïf! m'écriai-je. Les morues ne sont plates que chez l'épicier, où on les montre ouvertes et étalées. Mais dans l'eau, ce sont des poissons fusiformes comme les mulets, et parfaitement conformés pour la marche.
-No tengo más remedio que creer al señor. ¡Qué nube! ¡Qué hormiguero!
— Je veux croire monsieur, répondit Conseil. Quelle nuée, quelle fourmilière!
-Y muchos más habría de no ser por sus enemigos, los rascacios y los hombres. ¿Sabes cuántos huevos han podido contarse en una sola hembra?
— Eh! mon ami, il y en aurait bien davantage, sans leurs ennemis, les rascasses et les hommes! Sais-tu combien on a compté d'oeufs dans une seule femelle?
-Seamos generosos. Digamos quinientos mil.
— Faisons bien les choses, répondit Conseil. Cinq cent mille.
-Once millones, amigo mío.
— Onze millions, mon ami.
-Once millones… Eso es algo que no admitiré nunca, a menos que los cuente yo mismo.
— Onze millions. Voila ce que je n'admettrai jamais, à moins de les compter moi-même.
-Cuéntalos, Conseil. Pero terminarás antes creyéndome. Además, los franceses, los ingleses, los americanos, los daneses, los noruegos, pescan los abadejos por millares. Se consume en cantidades prodigiosas, y si no fuera por la asombrosa fecundidad de estos peces los mares se verían pronto despoblados de ellos. Solamente en Inglaterra y en Estados Unidos setenta y cinco mil marineros y cinco mil barcos se dedican a la pesca del bacalao. Cada barco captura como promedio unos cuarenta mil, lo que hace unos veinticinco millones. En las costas de Noruega, lo mismo.
— Compte-les, Conseil. Mais tu auras plus vite fait de me croire. D'ailleurs, c'est par milliers que les Français, les Anglais, les Américains, les Danois, les Norvégiens. pêchent les morues. On les consomme en quantités prodigieuses, et sans l'étonnante fécondité de ces poissons, les mers en seraient bientôt dépeuplées. Ainsi en Angleterre et en Amérique seulement, cinq mille navires montés par soixante-quinze mille marins, sont employés à la pêche de la morue. Chaque navire en rapporte quarante mille en moyenne, ce qui fait vingt-cinq millions. Sur les côtes de la Norvège, même résultat.
-Bien, creeré al señor y no los contaré.
— Bien, répondit Conseil, je m'en rapporte à monsieur. Je ne les compterai pas.
-¿Qué es lo que no contarás?
— Quoi donc?
-Los once millones de huevos. Pero haré una observación.
— Les onze millions d'oeufs. Mais je ferai une remarque.
-¿Cuál?
— Laquelle?
-La de que si todos los huevos se lograran bastaría con cuatro bacalaos para alimentar a Inglaterra, a América y a Noruega.
— C'est que si tous les oeufs éclosaient, il suffirait de quatre morues pour alimenter l'Angleterre, l'Amérique et la Norvège.»
Mientras recorríamos los fondos del banco de Terranova vi perfectamente las largas líneas armadas de doscientos anzuelos que cada barco tiende por docenas. Cada línea, arrastrada por un extremo mediante un pequeño rezón, quedaba retenida en la superficie por un orinque fijado a una boya de corcho. El Nautilus debió maniobrar con pericia en medio de esa red submarina.
Pendant que nous effleurions les fonds du banc de Terre-Neuve, je vis parfaitement ces longues lignes, armées de deux cents hameçons, que chaque bateau tend par douzaines. Chaque ligne entraînée par un bout au moyen d'un petit grappin, était retenue a la surface par un orin fixé sur une bouée de liège. Le Nautilus dut manoeuvrer adroitement au milieu de ce réseau sous-marin.
Pero no permaneció por mucho tiempo en esos parajes tan frecuentados. Se elevó hasta el grado 42 de latitud, a la altura de San Juan de Terranova y de Heart's Content, donde termina el cable transatlántico.
D'ailleurs il ne demeura pas longtemps dans ces parages fréquentés. Il s'éleva jusque vers le quarante-deuxième degré de latitude. C'était à la hauteur de Saint-Jean de Terre-Neuve et de Heart's Content, où aboutit l'extrémité du câble transatlantique.
En vez de continuar su marcha al Norte, el Nautilus puso rumbo al Este, como si quisiera seguir la llanura telegráfica en la que reposa el cable y cuyo relieve ha sido revelado con gran exactitud por los múltiples sondeos realizados.
Le Nautilus, au lieu de continuer à marcher au nord prit direction vers l'est, comme s'il voulait suivre ce plateau télégraphique sur lequel repose le câble, et dont des sondages multipliés ont donné le relief avec une extrême exactitude.
Fue el 17 de mayo, a unas quinientas millas de Heart’s Content y a dos mil ochocientos metros de profundidad, cuando vi el cable yacente sobre el fondo. Conseil, a quien no le había yo prevenido, lo tomó en un primer momento por una gigantesca serpiente de mar y se dispuso a clasificarla según su método habitual. Hube de desengañar al digno muchacho y, para consolarle de su chasco, le referí algunas de las vicisitudes que había registrado la colocación del cable.
Ce fut le 17 mai, à cinq cents milles environ de Heart's Content, par deux mille huit cents mètres de profondeur, que j'aperçus le câble gisant sur le sol. Conseil, que je n'avais pas prévenu, le prit d'abord pour un gigantesque serpent de mer et s'apprêtait à le classer suivant sa méthode ordinaire. Mais je désabusai le digne garçon et pour le consoler de son déboire, je lui appris diverses particularités de la pose de ce câble.
Se tendió el primer cable durante los años 1857 y 1858, pero tras haber transmitido unos cuatrocientos telegramas cesó de funcionar. En 1863, los ingenieros construyeron un nuevo cable, de tres mil cuatrocientos kilómetros de longitud y de cuatro mil quinientas toneladas de peso, que se embarcó a bordo del Great Eastern. Pero esta tentativa fracasó.
Le premier câble fut établi pendant les années 1857 et 1 858; mais, après avoir transmis quatre cents télégrammes environ, il cessa de fonctionner. En 1863, les ingénieurs construisirent un nouveau câble, mesurant trois mille quatre cents kilomètres et pesant quatre mille cinq cents tonnes, qui fut embarqué sur le Great-Eastern. Cette tentative échoua encore.
Precisamente, el 25 de mayo, el Nautilus, sumergido a tres mil ochocientos treinta y seis metros de profundidad, se halló en el lugar mismo en que se produjo la ruptura del cable que arruinó a la empresa. Ese lugar distaba seiscientas treinta y ocho millas de las costas de Irlanda. A las dos de la tarde se dieron cuenta de que acababan de interrumpirse las comunicaciones con Europa. Los electricistas de a bordo decidieron cortar el cable y no repescarlo, y a las once de la noche lograron apoderarse de la parte averiada. Se hizo el empalme cosiendo los chicotes de los dos cabos, y se sumergió de nuevo el cable. Pero unos días más tarde, volvía a romperse sin que se lograra extraerlo de las profundidades del océano.
Or, le 25 mai, le Nautilus, immergé par trois mille huit cent trente-six mètres de profondeur, se trouvait précisément en cet endroit où se produisit la rupture qui ruina l'entreprise. C'était à six cent trente-huit milles de la côte d'Irlande. On s'aperçut, à deux heures après-midi, que les communications avec l'Europe venaient de s'interrompre. Les électriciens du bord résolurent de couper le câble avant de le repêcher, et à onze heures du soir, ils avaient ramené la partie avariée. On refit un joint et une épissure; puis le câble fut immergé de nouveau. Mais, quelques jours plus tard, il se rompit et ne put être ressaisi dans les profondeurs de l'Océan.
Los americanos no se desanimaron. El audaz promotor de la empresa, Cyrus Field, que arriesgaba en ella toda su fortuna, abrió una nueva suscripción, que quedó inmediatamente cubierta. Se construyó otro cable en mejores condiciones. Se protegió bajo una almohadilla de materias textiles, contenida en una armadura metálica, el haz de hilos conductores aislados por una funda de gutapercha. El Great Eastern, con el nuevo cable, volvió a hacerse a la mar el 13 de julio de 1866.
Les Américains ne se découragèrent pas. L'audacieux Cyrus Field, le promoteur de l'entreprise, qui y risquait toute sa fortune, provoqua une nouvelle souscription. Elle fut immédiatement couverte. Un autre câble fut établi dans de meilleures conditions. Le faisceau de fils conducteurs isolés dans une enveloppe de gutta-percha, était protégé par un matelas de matières textiles contenu dans une armature métallique. Le Great-Eastern reprit la mer le 13 juillet 1866.
La operación marchó bien, pese a que en el transcurso de la misma fuera objeto de un sabotaje. En varias ocasiones observaron los electricistas, al desenrollar el cable, que tenía plantados varios clavos. El capitán Anderson, sus oficiales y sus ingenieros se reunieron, deliberaron sobre el asunto y finalmente anunciaron que si se sorprendía al culpable a bordo se le lanzaría al mar sin otro juicio. La criminal tentativa no se reprodujo.
L'opération marcha bien. Cependant un incident arriva. Plusieurs fois, en déroulant le câble, les électriciens observèrent que des clous y avaient été récemment enfoncés dans le but d'en détériorer l'âme. Le capitaine Anderson, ses officiers, ses ingénieurs, se réunirent, délibérèrent, et firent afficher que si le coupable était surpris à bord, il serait jeté à la mer sans autre jugement. Depuis lors, la criminelle tentative ne se reproduisit plus.
El 23 de julio, cuando el Great Eastern se hallaba tan sólo a ochocientos kilómetros de Terranova, se le telegrafió desde Irlanda la noticia del armisticio concertado por Prusia y Australia, tras lo de Sadowa. El día 27 avistaba entre la bruma el puerto de Heart’s Content. La empresa había culminado felizmente, y en su primer despacho, la joven América dirigía a la vieja Europa estas sensatas palabras tan raramente comprendidas: «Gloria a Dios en los cielos y paz en la tierra a los hombres de buena voluntad».
Le 23 juillet, le Great-Eastern n'était plus qu'à huit cents kilomètres de Terre-Neuve, lorsqu'on lui télégraphia d'Irlande la nouvelle de l'armistice conclu entre la Prusse et l'Autriche après Sadowa. Le 27, il relevait au milieu des brumes le port de Heart's Content. L'entreprise était heureusement terminée, et par sa première dépêche, la jeune Amérique adressait à la vieille Europe ces sages paroles si rarement comprises: «Gloire à Dieu dans le ciel, et paix aux hommes de bonne volonté sur la terre.»
No me esperaba hallar el cable eléctrico en su estado primitivo, tal como salió de los talleres de fabricación. La larga serpiente, recubierta de restos de conchas y erizada de foraminíferos, estaba incrustada en una pasta pedregosa que la protegía de los moluscos perforantes. Yacía tranquilamente, al abrigo de los movimientos del mar y bajo una presión favorable a la transmisión de la corriente eléctrica que pasa de América a Europa en treinta y dos centésimas de segundo. La duración del cable será infinita, sin duda, pues se ha observado que la funda de gutapercha mejora con su permanencia en el agua marina. Por otra parte, en esa llanura tan juiciosamente escogida, el cable no se halla a profundidades tan grandes como para provocar su ruptura.
Je ne m'attendais pas à trouver le câble électrique dans son état primitif, tel qu'il était en sortant des ateliers de fabrication. Le long serpent, recouvert de débris de coquille, hérissé de foraminifères, était encroûté dans un empâtement pierreux qui le protégeait contre les mollusques perforants. Il reposait tranquillement, à l'abri des mouvements de la mer, et sous une pression favorable à la transmission de l'étincelle électrique qui passe de l'Amérique à l'Europe en trente-deux centièmes de seconde. La durée de ce câble sera infinie sans doute, car on a observé que l'enveloppe de gutta-percha s'améliore par son séjour dans l'eau de mer.
El Nautilus lo siguió hasta su fondo más bajo, situado a cuatro mil cuatrocientos treinta y un metros, y allí reposaba todavía sin sufrir ningún esfuerzo de tracción. Luego, nos aproximamos al lugar en que se había verificado el accidente de 1863.
D'ailleurs, sur ce plateau si heureusement choisi, le câble n'est jamais immergé à des profondeurs telles qu'il puisse se rompre. Le Nautilus le suivit jusqu'à son fond le plus bas, situé par quatre mille quatre cent trente et un mètres, et là, il reposait encore sans aucun effort de traction. Puis, nous nous rapprochâmes de l'endroit où avait eu lieu l'accident de 1863.
El fondo oceánico formaba un ancho valle de ciento veinte kilómetros, en el que hubiera podido colocarse al Mont Blanc sin que su cima emergiera del agua. El valle está cerrado al Este por una muralla de dos mil metros cortada a pico. Llegamos allí el 28 de mayo. En ese momento, el Nautilus no estaba más que a ciento cincuenta kilómetros de Irlanda.
Le fond océanique formait alors une vallée large de cent vingt kilomètres, sur laquelle on eût pu poser le Mont-Blanc sans que son sommet émergeât de la surface des flots. Cette vallée est fermée à l'est par une muraille à pic de deux mille mètres. Nous y arrivions le 28 mai, et le Nautilus n'était plus qu'à cent cinquante kilomètres de l'Irlande.
¿Iba el capitán Nemo a aproximarse a las islas Británicas? No. Con gran sorpresa mía, descendió hacia el Sur y se dirigió hacia los mares europeos. Al contornear la isla de la Esmeralda, vi por un instante el cabo Clear y el faro de Fastenet que ilumina a los millares de navíos que salen de Glasgow o de Liverpool.
Le capitaine Nemo allait-il remonter pour atterrir sur les îles Britanniques? Non. A ma grande surprise, il redescendit au sud et revint vers les mers européennes. En contournant l'île d'Émeraude, j'aperçus un instant le cap Clear et le feu de Fastenet, qui éclaire les milliers de navires sortis de Glasgow ou de Liverpool.
Una importante cuestión se debatía en mi mente.
Une importante question se posait alors à mon esprit.
¿Osaría el Nautilus adentrarse en el canal de la Mancha? Ned Land, que había reaparecido desde que nos hallamos en la proximidad de la tierra, no cesaba de interrogarme. ¿Qué podía yo responderle? El capitán Nemo continuaba siendo invisible. Tras haber dejado entrever al canadiense las orillas de América, ¿iba a mostrarme las costas de Francia?
Le Nautilus oserait-il s'engager dans la Manche? Ned Land qui avait reparu depuis que nous rallions la terre ne cessait de m'interroger. Comment lui répondre? Le capitaine Nemo demeurait invisible. Après avoir laissé entrevoir au Canadien les rivages d'Amérique, allait-il donc me montrer les côtes de France?
El Nautílus continuaba descendiendo hacia el Sur. El 30 de mayo pasaba por delante del Lands End, entre la punta extrema de Inglaterra y las islas Sorlingas, a las que dejó a estribor.
Cependant le Nautilus s'abaissait toujours vers le sud. Le 30 mai, il passait en vue du Land's End, entre la pointe extrême de l'Angleterre et les Sorlingues, qu'il laissa sur tribord.
Si el capitán Nemo quería entrar en la Mancha tenía que poner rumbo al Este. No lo hizo.
S'il voulait entrer en Manche, il lui fallait prendre franchement à l'est. Il ne le fit pas.
Durante toda la jornada del 31 de mayo, el Nautilus describió en su trayectoria una serie de círculos que me intrigaron vivamente. Parecía estar buscando un lugar de difícil localización. A mediodía, el capitán Nemo subió en persona a fijar la posición. No me dirigió la palabra. Me pareció más sombrío que nunca. ¿Qué era lo que podía entristecerle así?
¿Era la proximidad de las costas de Europa? ¿Algún recuerdo de su abandonado país? ¿Qué sentía? ¿Pesar o remordimientos? Durante mucho tiempo estos interrogantes me acosaron. Tuve el presentimiento de que el azar no tardaría en traicionar los secretos del capitán.
Pendant toute la journée du 31 mai, le Nautilus décrivit sur la mer une série de cercles qui m'intriguèrent vivement. Il semblait chercher un endroit qu'il avait quelque peine à trouver. A midi, le capitaine Nemo vint faire son point lui-même. Il ne m'adressa pas la parole. Il me parut plus sombre que jamais. Qui pouvait l'attrister ainsi? Était-ce sa proximité des rivages européens? Sentait-il quelque ressouvenir de son pays abandonné? Qu'éprouvait-il alors? des remords ou des regrets? Longtemps cette pensée occupa mon esprit, et j'eus comme un pressentiment que le hasard trahirait avant peu les secrets du capitaine.
Al día siguiente, primero de junio, el Nautilus evolucionó como en la víspera. Era evidente que trataba de reconocer un punto preciso del océano. El capitán Nemo subió también ese día a tomar la altura del sol. La mar estaba en calma y puro el cielo. A unas ocho millas al Este, un gran buque de vapor se dibujaba en la línea del horizonte. No pude reconocer su nacionalidad, en la ausencia de todo pabellón.
Le lendemain, 31 juin, le Nautilus conserva les mêmes allures. Il était évident qu'il cherchait à reconnaître un point précis de l'Océan. Le capitaine Nemo vint prendre la hauteur du soleil, ainsi qu'il avait fait la veille. La mer était belle, le ciel pur. A huit milles dans l'est, un grand navire à vapeur se dessinait sur la ligne de l'horizon. Aucun pavillon ne battait à sa corne, et je ne pus reconnaître sa nationalité.
Unos minutos antes de que el sol pasara por el meridiano, el capitán Nemo tomó el sextante y se puso a observar con una extremada atención. La calma absoluta de la mar facilitaba su operación. El Nautilus, inmóvil, no sufría ni cabeceo nibalanceo.
Le capitaine Nemo, quelques minutes avant que le soleil passât au méridien, prit son sextant et observa avec une précision extrême. Le calme absolu des flots facilitait son opération. Le Nautilus immobile ne ressentait ni roulis ni tangage.
Yo estaba en aquel momento sobre la plataforma. Cuando hubo terminado su observación, el capitán pronunció estas palabras:
J'étais en ce moment sur la plate-forme. Lorsque son relèvement fut terminé, le capitaine prononça ces seuls mots.
-Es aquí.
«C'est ici!»
Descendió inmediatamente por la escotilla. ¿Habría visto al barco que modificaba su marcha y parecía dirigirse hacia nosotros? No podría yo asegurarlo.
Il redescendit par le panneau. Avait-il vu le bâtiment qui modifiait sa marche et semblait se rapprocher de nous? Je ne saurais le dire.
Volví al salón. Se cerró la escotilla y oí el zumbido del agua al penetrar en los depósitos. El Nautílus comenzó a descender verticalmente, pues su hélice no le comunicaba ningún movimiento.
Je revins au salon. Le panneau se ferma, et j'entendis les sifflements de l'eau dans les réservoirs. Le Nautilus commença de s'enfoncer, suivant une ligne verticale, car son hélice entravée ne lui communiquait plus aucun mouvement.
Se detuvo unos minutos más tarde, a una profundidad de ochocientos treinta y tres metros, en el fondo.
Quelques minutes plus tard, il s'arrêtait à une profondeur de huit cent trente-trois mètres et reposait sur le sol.
Se apagó entonces el techo luminoso del salón, y al descorrer los paneles que tapaban los cristales vi el agua vivamente iluminada por el fanal en un radio de una media milla.
Le plafond lumineux du salon s'éteignit alors, les panneaux s'ouvrirent, et à travers les vitres, j'aperçus la mer vivement illuminée par les rayons du fanal dans un ravo d'un demi-mille.
A babor no se veía más que la inmensidad del agua tranquila.
Je regardait à bâbord et je ne vis rien que l'immensité des eaux tranquilles.
A estribor, al fondo, apareció una pronunciada extumescencia que atrajo mi atención. Se hubiese dicho unas ruinas sepultadas bajo un conglomerado de conchas blancuzcas como un manto de nieve. Al examinar más detenidamente aquella masa creí reconocer las formas espesas de un navío sin mástiles, que debía haberse hundido por la proa. Su hundimiento debía datar de hacía muchísimos años, como lo atestiguaba su incrustación en las materias calizas del fondo oceánico.
Par tribord, sur le fond, apparaissait une forte extumescence qui attira mon attention. On eût dit des ruines ensevelies sous un empâtement de coquilles blanchâtres comme sous un manteau de neige. En examinant attentivement cette masse, je crus reconnaître les formes épaissies d'un navire, rasé de ses mâts, qui devait avoir coulé par l'avant. Ce sinistre datait certainement d'une époque reculée. Cette épave, pour être ainsi encroûtée dans le calcaire des eaux, comptait déjà bien des années passées sur ce fond de l'Océan.
¿Qué barco podía ser ése? ¿Por qué había ido el Nautílus a visitar su tumba? ¿No era, pues, un naufragio lo que le había llevado bajo el agua?
Quel était ce navire? Pourquoi le Nautilus venait-il visiter sa tombe? N'était-ce donc pas un naufrage qui avait entraîné ce bâtiment sous les eaux?
No sabía yo qué pensar, cuando, cerca de mí, oí al capitán Nemo decir lentamente:
Je ne savais que penser, quand, près de moi, j'entendis le capitaine Nemo dire d'une voix lente:
-En otro tiempo ese navío se llamó el Marsellés. Tenía setenta y cuatro cañones y lo botaron en 1762. En 1778, el 13 de agosto, bajo el mando de La Poype Vertrieux, se batió audazmente contra el Preston. El 4 de julio de 1779, participó con la escuadra del almirante D'Estaing en la conquista de la Granada. En 1781, el 5 de septiembre, tomó parte en el combate del conde de Grasse, en la bahía de Chesapeake. En 1794, la República francesa le cambió el nombre. El 16 de abril del mismo año, se unió en Brest a la escuadra de Villaret Joyeuse, encargada de escoltar un convoy de trigo que venía de América, bajo el mando del almirante Van Stabel. El 11 y el 12 pradial, año II, esa escuadra se encontró con los navíos ingleses. Señor, hoy es el 13 pradial, el primero de junio de 1868. Hoy hace setenta y cuatro años, día a día, que en este mismo lugar, a 47' 24' de latitud y 17' 28' de longitud, este barco, tras un combate heroico, perdidos sus tres palos, con el agua en sus bodegas y la tercera parte de su tripulación fuera de combate, prefirió hundirse con sus trescientos cincuenta y seis marinos que rendirse. Y fijando su pabellón a la popa, desapareció bajo el agua al grito de « ¡Viva la República!»
«Autrefois ce navire se nommait le Marseillais. Il portait soixante-quatorze canons et fut lancé en 1762. En 1778, le 13 août, commandé par La Poype-Vertrieux, il se battait audacieusement contre le Preston. En 1779, le 4 juillet, il assistait avec l'escadre de l'amiral d'Estaing à la prise de Grenade. En 1781, le 5 septembre, il prenait part au combat du comte de Grasse dans la baie de la Chesapeak. En 1794, la république française lui changeait son nom. Le 16 avril de la même année, il rejoignait à Brest l'escadre de Villaret-Joyeuse? chargé d'escorter un convoi de blé qui venait d'Amérique sous le commandement de l'amiral Van Stabel. Le 11 et le 12 prairial, an II, cette escadre se rencontrait avec les vaisseaux anglais. Monsieur, c'est aujourd'hui le 13 prairial, le ler juin 1868. Il y a soixante-quatorze ans, jour pour jour, à cette place même, par 47°24' de latitude et 17°28' de longitude, ce navire, après un combat héroïque, démâté de ses trois mâts, l'eau dans ses soutes, le tiers de son équipage hors de combat, aima mieux s'engloutir avec ses trois cent cinquante-six marins que de se rendre, et clouant son pavillon à sa poupe, il disparut sous les flots au cri de: Vive la République!
-¡Le Vengeur -exclamé.
— Le Vengeur! m'écriai-je.
-Sí, señor, Le Vengeur. Un hermoso nombre -murmuró el capitán Nemo, cruzado de brazos.
— Oui! monsieur. Le Vengeur! Un beau nom!» murmura le capitaine Nemo en se croisant les bras.