J’ai sous les yeux, éparses sur ma table, les lettres que j’écrivais à Sherlock Holmes au fur et à mesure que se déroulèrent les événements. Une page manque ; mais, sauf cette lacune, elles sont l’expression exacte de la vérité. De plus, elles montrent mes impressions et mes craintes d’alors plus fidèlement que ne pourrait le faire ma mémoire, quelque ineffaçable souvenir qu’elle ait gardé de ces heures tragiques. Je vais donc reproduire ces lettres afin de relater les faits selon leur enchaînement.
A partir de ahora seguiré el curso de los acontecimientos mediante la trascripción de mis cartas a Sherlock Holmes, que tengo delante de mí sobre la mesa. Falta una página, pero, por lo demás, las reproduzco exactamente como fueron escritas y muestran mis sentimientos y sospechas del momento con más precisión de lo que podría hacerlo mi memoria, a pesar de la claridad con que recuerdo aquellos trágicos sucesos.
Château de Baskerville, 13 octobre.
«Mansión de los Baskerville, 13 de octubre
« Mon cher Holmes,
« Mes dépêches et mes lettres précédentes vous ont à peu près tenu au courant de tout ce qui s’est passé jusqu’à ce jour dans ce coin du monde, certainement oublié de Dieu. « Plus on vit ici, plus l’influence de la lande pénètre l’âme du sentiment de son immensité, mais aussi de son charme effrayant. Dès qu’on a foulé ce sol, on perd la notion de l’Angleterre moderne. On heurte à chaque pas les vestiges laissés par les hommes des temps préhistoriques. Où qu’on dirige sa promenade, on rencontre les demeures de cette race éteinte, ses tombeaux et les énormes monolithes qui marquent, à ce que l’on suppose, l’emplacement de ses temples. Si celui qui examine ces huttes de pierres grisâtres adossées au flanc raviné des collines apercevait un homme, la barbe et les cheveux incultes, le corps recouvert d’une peau de bête, sortant de l’une d’elles et assujettissant sur la corde de son arc une flèche terminée par un silex aigu, celui-là se croirait transporté à un autre âge et jurerait que la présence en ces lieux de cet être, depuis longtemps disparu, est plus naturelle que la sienne propre. On se demande avec stupeur comment des êtres humains ont pu vivre en aussi grand nombre sur cette terre toujours réputée stérile. Je ne connais rien des choses de l’antiquité, mais je présume qu’il a existé des races pacifiques et opprimées qui ont dû se contenter des territoires dédaignés par les autres peuples plus conquérants.
»Mi querido Holmes:
»Mis cartas y telegramas anteriores le han mantenido al día sobre todo lo que ha ocurrido en este rincón del mundo tan olvidado de Dios. Cuanto más tiempo se pasa aquí, más profundamente se mete en el alma el espíritu del páramo, su inmensidad y también su terrible encanto. Tan pronto como se penetra en él, queda atrás toda huella de la Inglaterra moderna y, en cambio, se advierte por doquier la presencia de los hogares y de las obras del hombre prehistórico. Se vaya por donde se vaya, siempre aparecen las casas de esas gentes olvidadas, con sus tumbas y con los enormes monolitos que, al parecer, señalaban el emplazamiento de sus templos. Cuando se contemplan sus refugios de piedra gris sobre un fondo de laderas agrestes, se deja a la espalda la época actual y si viéramos a un peludo ser humano cubierto con pieles de animales salir a gatas por una puerta que es como la boca de una madriguera y colocar una flecha con punta de pedernal en la cuerda de su arco, pensaríamos que su presencia en este sitio está mucho más justificada que la nuestra. Lo más extraño es que vivieran tantos en lo que siempre ha debido de ser una tierra muy poco fértil. No soy experto en prehistoria, pero imagino que se trataba de una raza nada belicosa y frecuentemente acosada que se vio forzada a aceptar las tierras que nadie más estaba dispuesto a ocupar.
« Tout ceci est étranger à la mission que vous m’avez confiée et n’intéressera que médiocrement votre esprit si merveilleusement pratique. Je me rappelle encore votre superbe indifférence à propos du mouvement terrestre. Que vous importe celui des deux, de la terre ou du soleil, qui tourne autour de l’autre ! Je reviens aux faits concernant sir Henry Baskerville.
»Todo esto, sin embargo, nada tiene que ver con la misión que usted me confió y probablemente carecerá por completo de interés para una mente tan estrictamente práctica como la suya. Todavía recuerdo su completa indiferencia en cuanto a si el sol se movía alrededor de la tierra o la tierra alrededor del sol. Permítame, por lo tanto, que vuelva a los hechos relacionados con Sir Henry Baskerville.
« Depuis ces derniers jours, je ne vous ai adressé aucun rapport, parce que, jusqu’à cette heure, je n’avais rien de marquant à vous signaler. Mais il vient de se produire un fait important que je dois vous raconter. Néanmoins, avant de le faire, je veux vous présenter certains facteurs du problème que nous avons à résoudre.
»El hecho de que no haya usted recibido ningún informe en los últimos días obedece a que hasta hoy no tenía nada importante que relatarle. Luego ha ocurrido algo muy sorprendente que le contaré a su debido tiempo, pero, antes de nada, debo ponerle al corriente acerca de otros elementos de la situación.
« L’un d’entre eux est ce prisonnier évadé, errant sur la lande, et dont je vous ai succinctement entretenu. Il y a toutes sortes de bonnes raisons de croire qu’il a quitté le pays — pour la plus grande tranquillité des habitants du district. Une semaine s’est écoulée depuis son évasion et on ne l’a pas plus vu qu’on n’a entendu parler de lui. II serait inconcevable qu’il eût pu tenir la lande pendant tout ce temps. Certes, quelques-unes de ces huttes de pierre lui auraient aisément servi de cachette ; mais de quoi se serait-il nourri dans ce pays où, à moins de tuer les moutons qui paissent l’herbe rase des collines, il n’y a rien à manger. Nous pensons donc qu’il s’est enfui, et les hôtes des fermes écartées goûtent de nouveau un paisible sommeil.
»Uno de ellos, al que apenas he aludido hasta este momento, es el preso escapado que rondaba por el páramo. Ahora existen razones poderosas para creer que se ha marchado, lo que supone un considerable alivio para aquellos habitantes del distrito que viven aislados. Han transcurrido dos semanas desde su huida, y en esos quince días no se le ha visto ni se ha oído nada relacionado con él. Es a todas luces inconcebible que haya podido resistir en el páramo durante tanto tiempo. Habría podido esconderse sin ninguna dificultad, desde luego. Cualquiera de los habitáculos de piedra podría haberle servido de refugio. Pero no hay nada que le proporcione alimento, a no ser que capture y sacrifique una de las ovejas del páramo. Creemos, por lo tanto, que se ha marchado, y el resultado es que los granjeros que están más aislados duermen mejor.
« Ici, nous sommes quatre hommes capables de nous défendre ; il n’en est pas de même chez les Stapleton et j’avoue qu’en pensant à leur isolement, je me sens inquiet pour eux. Le frère, la sœur, un vieux serviteur et une domestique vivent éloignés de tout secours. Ils se trouveraient sans défense, si un gaillard décidé à tout, comme ce criminel de Notting Hill, parvenait à s’introduire dans leur maison. Sir Henry et moi, nous préoccupant de cette situation, nous avions décidé que Perkins, le cocher, irait coucher chez Stapleton ; mais ce dernier s’y est opposé.
»En esta casa nos alojamos cuatro varones en buen estado de salud, de manera que podemos cuidarnos sin ayuda de nadie, pero confieso que he tenido momentos de inquietud al pensar en los Stapleton, que se hallan a kilómetros del vecino más próximo. En la casa Merripit sólo viven una criada, un anciano sirviente, la hermana de Stapleton y el mismo Stapleton, que no es una persona de gran fortaleza física. Si el preso lograra entrar en la casa, estarían indefensos en manos de un individuo tan desesperado como este criminal de Notting Hill. Tanto a Sir Henry como a mí nos preocupa mucho su situación, y les sugerimos que Perkins, el mozo de cuadra, fuese a dormir a su casa, pero Stapleton no ha querido ni oír hablar de ello.
« Notre ami le baronnet témoigne un intérêt considérable à notre jolie voisine. Cela n’a rien d’étonnant, dans cette contrée déserte où les heures pèsent si lourdement sur un homme aussi actif que sir Henry…. Puis miss Béryl Stapleton est bien attirante ! Il y a en elle quelque chose d’exotique, de tropical, qui forme un singulier contraste avec son frère, si froid, si impassible. Cependant Stapleton évoque l’idée de ces feux qui couvent sous les cendres. Il exerce une très réelle influence sur sa sœur, car j’ai remarqué qu’en parlant elle cherchait constamment son regard pour y lire une approbation. L’éclat métallique des prunelles de cet homme et ses lèvres minces, d’un dessin si ferme, dénotent une nature autoritaires. Vous le trouveriez digne de toute votre attention.
»Lo cierto es que nuestro amigo el baronet empieza a interesarse mucho por su hermosa vecina. No tiene nada de sorprendente, porque para un hombre tan activo como él el tiempo se hace muy largo en este lugar tan solitario, y la señorita Stapleton es una mujer muy hermosa y fascinante. Hay en ella un algo tropical y exótico que crea un contraste singular con su hermano, tan frío e impasible. También él, sin embargo, sugiere la idea de fuegos escondidos. Stapleton tiene sin duda una marcada influencia sobre su hermana, porque he comprobado que cuando habla lo mira continuamente, como si buscara su aprobación para todo lo que dice. Espero que sea afectuoso con ella. El brillo seco de los ojos de Stapleton y la firme expresión de su boca de labios muy finos denuncian un carácter dominante y posiblemente despótico. Sin duda será para usted un interesante objeto de estudio.
« L’après-midi du jour où j’avais rencontré Stapleton, il vint à Baskerville, et, le lendemain matin, il nous conduisit à l’endroit où l’on suppose que se passèrent, d’après la légende, les faits relatifs à ce misérable Hugo Baskerville. Nous marchâmes pendant quelques milles sur la lande jusqu’à un site tellement sinistre d’aspect, qu’il n’en fallait pas davantage pour accréditer cette légende. Une étroite vallée, enserrée entre deux pics rocheux, conduisait à un espace gazonné sur lequel avaient poussé des fleurettes des champs. Au milieu, se dressaient deux grandes pierres usées et comme affilées à leurs extrémités, au point de ressembler aux monstrueuses canines d’un animal fabuleux. Rien dans ce décor ne détonnait avec la scène du drame de jadis. Très intéressé, sir Henry demanda plusieurs fois à Stapleton s’il croyait véritablement aux interventions surnaturelles dans les affaires des hommes. Il parlait sur un ton badin, mais il était évident qu’il outrait son langage. Stapleton se montra circonspect dans ses réponses ; mais il était non moins évident que, par égard pour l’état d’esprit du baronnet, il dissimulait une partie de sa pensée. Il nous cita le cas de plusieurs familles ayant souffert d’influences malignes, et il nous laissa sous l’impression qu’il partageait la croyance populaire en la matière.
»Vino a saludar a Baskerville el mismo día en que lo conocí y a la mañana siguiente nos llevó a los dos al sitio donde se supone que tuvo origen la leyenda sobre el malvado Hugo. Fue una excursión de varios kilómetros a través del páramo hasta un lugar que pudo, por sí solo, haber sugerido la historia, dado lo deprimente que resulta. Encontramos un valle de poca longitud entre peñascos escarpados, que desembocaba en un espacio abierto y verde salpicado de juncias. En el centro se alzaban dos grandes piedras, muy gastadas y bien afiladas por la parte superior, de manera que parecían los enormes colmillos, en proceso de descomposición, de un animal monstruoso. El lugar se corresponde en todos los detalles con el escenario de la antigua tragedia que ya conocemos. Sir Henry manifestó gran interés y preguntó más de una vez a Stapleton si creía realmente en la posibilidad de que los poderes sobrenaturales intervengan en los asuntos humanos. Hablaba con desenfado, pero no cabe duda de que sentía mucho interés. Stapleton se mostró cauto en sus respuestas, aunque se comprendía enseguida que decía menos de lo que sabía y opinaba, y que no se sinceraba por completo en consideración a los sentimientos del baronet. Nos contó casos semejantes de familias víctimas de alguna influencia maligna y nos dejó con la impresión de que compartía la opinión popular sobre el asunto.
« En revenant, nous nous arrêtâmes à Merripit house pour y déjeuner. Ce fut là que sir Henry fit la connaissance de miss Stapleton. « Dès cette première rencontre, la jeune fille me parut avoir profondément impressionné l’esprit de notre ami, et je me tromperais fort si ce sentiment ne fut pas réciproque. Pendant que nous rentrions au château, le baronnet me parla sans cesse de notre voisine et, depuis lors, il ne s’est pas écoulé de jour que nous n’ayons vu quelqu’un, du frère ou de la sœur. Ils ont dîné hier ici et l’on a causé vaguement d’une visite que nous leur ferions la semaine prochaine. Vous comprenez qu’une semblable union ravirait Stapleton. Cependant, lorsque sir Henry devenait trop empressé auprès de la sœur, j’ai surpris maintes fois dans les yeux du frère un regard non équivoque de désapprobation. Il doit être partagé entre l’affection qu’il a pour elle et la crainte de l’existence solitaire qu’il mènerait après son départ. Toutefois, ce serait le comble de l’égoïsme que de s’opposer à un aussi brillant mariage. J’ai la conviction que Stapleton ne souhaite pas que cette intimité se change en amour, et j’ai souvent remarqué qu’il se donnait beaucoup de mal pour empêcher leurs tête-à-tête. Soit dit en passant, la recommandation que vous m’avez faite de ne jamais laisser sir Henry sortir seul deviendrait bien difficile à suivre, si une intrigue d’amour venait s’ajouter à nos autres embarras. Mes bons rapports avec sir Henry se ressentiraient certainement de l’exécution trop rigoureuse de vos ordres.
»A la vuelta nos detuvimos en la casa Merripit para almorzar, y fue allí donde Sir Henry conoció a la señorita Stapleton. Desde el primer momento Baskerville pareció sentir una fuerte atracción y, si no estoy muy equivocado, el sentimiento fue mutuo. Nuestro baronet habló de ella una y otra vez mientras volvíamos a casa y desde entonces apenas ha transcurrido un día sin que veamos en algún momento a los dos hermanos. Esta noche cenarán aquí y ya se habla de que iremos a su casa la semana que viene. Cualquiera pensaría que semejante enlace debería llenar de satisfacción a Stapleton y, sin embargo, más de una vez he captado una mirada suya de intensísima desaprobación cuando Sir Henry tenía alguna atención con su hermana. Sin duda está muy unido a ella y llevará una vida muy solitaria si se ve privado de su compañía, pero parecería el colmo del egoísmo que pusiera obstáculos a un matrimonio tan conveniente. Estoy convencido, de todos modos, de que Stapleton no desea que la amistad entre ambos llegue a convertirse en amor, y en varias ocasiones he observado sus esfuerzos para impedir que se queden a solas. Le diré entre paréntesis que sus instrucciones, en cuanto a no permitir que Sir Henry salga solo de la mansión, serán mucho más difíciles de cumplir si una intriga amorosa viniera a añadirse a las otras dificultades. Mis buenas relaciones con el baronet se resentirían muy pronto si insistiera en seguir al pie de la letra las órdenes de usted.
« L’autre jour — mardi, pour préciser — le docteur Mortimer a déjeuné avec nous. Il avait pratiqué des fouilles dans un tumulus, à Long Down, et y avait trouvé un crâne de l’époque préhistorique qui l’avait rempli de joie. Je ne connais pas de maniaque qui lui soit comparable ! Les Stapleton arrivèrent peu après le docteur, et Mortimer, sur la demande de sir Henry, nous conduisit tous à l’allée des Ifs pour, nous expliquer comment l’événement avait dû se produire, la fatale nuit. Quelle lugubre promenade que cette allée des Ifs ! Imaginez un chemin bordé de chaque côté par la muraille épaisse et sombre d’une haie taillée aux ciseaux avec, à droite et à gauche, une étroite bande de gazon. L’extrémité de l’allée opposée au château aboutit à une serre à moitié démolie. Au milieu de cette allée, une porte s’ouvre sur la lande. C’est à cet endroit que, par deux fois, sir Charles a secoué les cendres de son cigare. Cette porte, de bois peint en blanc, ne ferme qu’au loquet. Au delà s’étend l’immensité de la lande. Je me souviens de votre théorie sur l’affaire et j’essayai de reconstituer la scène. Tandis que le vieux gentilhomme s’était arrêté, il avait vu arriver du dehors quelque chose qui le terrifia tellement qu’il en perdit l’esprit et qu’il courut, qu’il courut, jusqu’à ce qu’il tomba foudroyé par la peur et par l’épuisement. « Voilà le long couloir de verdure par lequel il a fui. Que fuyait-il ? Un chien de berger ? ou bien un chien noir, silencieux, monstrueux, fantastique ? S’agissait-il, au contraire, d’un guet-apens qui ne relevait en rien de l’ordre surnaturel ? Le pâle et vigilant Barrymore en savait-il plus long qu’il ne voulait en dire ? Tout cela était vague, sombre — plus sombre surtout à cause du crime que je soupçonnais.
»El otro día -el jueves, para ser más precisos- almorzó con nosotros el doctor Mortimer. Ha realizado excavaciones en un túmulo funerario de Long Down y está muy contento por el hallazgo de un cráneo prehistórico. ¡No ha habido nunca un entusiasta tan resuelto como él! Los Stapleton se presentaron después, y el bueno del doctor nos llevó a todos al paseo de los Tejos, a petición de Sir Henry, para mostrarnos exactamente cómo sucedió la tragedia aquella noche aciaga. El paseo de los Tejos es un camino muy largo y sombrío entre dos altas paredes de seto recortado, con una estrecha franja de hierba a ambos lados. En el extremo más distante se halla un pabellón de verano, viejo y ruinoso. A mitad de camino está el portillo que da al páramo, donde el anciano caballero dejó caer la ceniza de su cigarro puro. Se trata de un portillo de madera, pintado de blanco, con un pestillo. Del otro lado se extiende el vasto páramo. Yo me acordaba de su teoría de usted y traté de imaginar todo lo ocurrido. Mientras Sir Charles estaba allí vio algo que se acercaba atravesando el páramo, algo que le aterrorizó hasta el punto de hacerle perder la cabeza, por lo que corrió y corrió hasta morir de puro horror y agotamiento. Teníamos delante el largo y melancólico túnel de césped por el que huyó. Pero, ¿de qué? ¿De un perro pastor del páramo? ¿O de un sabueso espectral, negro, enorme y silencioso? ¿Hubo intervención humana en el asunto? ¿Acaso Barrymore, tan pálido y siempre vigilante, sabe más de lo que contó? Todo resulta muy confuso y vago, pero siempre aparece detrás la oscura sombra del delito.
« Depuis ma dernière lettre, j’ai fait la connaissance d’un autre voisin, M. Frankland, de Lafter Hall, qui habite à quatre milles de nous, vers le sud. C’est un homme âgé, rouge de teint, blanc de cheveux et colérique. La législation anglaise le passionne et il a dissipé en procès une grande fortune. Il plaide pour le seul plaisir de plaider. On le trouve toujours disposé à soutenir l’une ou l’autre face d’une question ; aussi ne doit-on pas s’étonner que cet amusement lui ait coûté fort cher. Un jour, il supprime un droit de passage et défie la commune de l’obliger à le rétablir. Le lendemain, il démolit de ses propres mains la clôture d’un voisin et déclare la servitude prescrite depuis un temps immémorial, défiant cette fois le propriétaire de le poursuivre pour violation de propriété. Il est ferré sur les droits seigneuriaux et communaux et il applique ses connaissances juridiques, tantôt en faveur des paysans de Fenworthy et tantôt contre eux, de telle sorte que, périodiquement et selon sa plus récente interprétation de la loi, on le porte en triomphe dans le village ou on l’y brûle en effigie. On prétend qu’il soutient en ce moment sept procès, ce qui absorbera probablement le restant de sa fortune et lui enlèvera toute envie de plaider dans l’avenir. Cette bizarrerie de caractère mise à part, je le crois un bon et brave homme, et je ne vous en parle que pour satisfaire votre désir de connaître tous ceux qui nous entourent. Pour l’instant, il a une autre marotte. En sa qualité d’astronome amateur, il possède un excellent télescope qu’il a installé sur son toit et à l’aide duquel il passe son temps à interroger la lande, afin de découvrir le prisonnier échappé de Princetown. S’il employait seulement son activité à ce but louable ; tout serait pour le mieux ; mais la rumeur publique fait circuler le bruit qu’il a l’intention de poursuivre le docteur Mortimer pour avoir ouvert un tombeau sans l’autorisation des parents du défunt — il s’agit du crâne de l’âge néolithique retiré du tumulus de Long Down. En un mot, il rompt la monotonie de notre existence et apporte une note gaie dans ce milieu, qui en a réellement besoin.
»Desde la última vez que escribí he conocido a otro de los habitantes del páramo. Se trata del señor Frankland, de la mansión Lafter, que vive a unos seis kilómetros al sur de nosotros. Es un caballero anciano de cabellos blancos, rubicundo y colérico. Le apasionan las leyes británicas y ha invertido una fortuna en pleitear. Lucha por el simple placer de enfrentarse con alguien, y está siempre dispuesto a defender los dos lados en una discusión, por lo que no es sorprendente que pleitear le haya resultado una diversión costosa. En ocasiones cierra un derecho de paso y desafía al ayuntamiento para que le obligue a abrirlo. En otros casos rompe con sus propias manos el portón de otro propietario y afirma que desde tiempo inmemorial ha existido allí una senda, por lo que reta al propietario a que lo lleve a juicio por entrada ilegal. Es un erudito en el antiguo derecho señorial y comunal, y unas veces aplica sus conocimientos en favor de los habitantes de Fernworthy y otras en contra, de manera que periódicamente lo llevan a hombros en triunfo por la calle mayor del pueblo o lo queman en efigie, de acuerdo con su última hazaña. Se dice que en el momento actual tiene entre manos unos siete pleitos que, probablemente, se tragarán lo que le resta de fortuna, por lo que se quedará sin aguijón y será inofensivo en el futuro. Aparte de las cuestiones jurídicas parece una persona cariñosa y afable y sólo hago mención de él porque usted insistió en que le enviara una descripción de todas las personas que nos rodean. En el momento actual su ocupación es bien curiosa ya que, por su afición a la astronomía, dispone de un excelente telescopio con el que se tumba en el tejado de su casa y escudriña el páramo de la mañana a la noche con la esperanza de ponerle la vista encima al preso escapado. Si consagrara a esto la totalidad de sus energías las cosas irían a pedir de boca, pero se rumorea que tiene intención de pleitear contra el doctor Mortimer por abrir una tumba sin el consentimiento de los parientes más próximos del difunto, dado que extrajo un cráneo neolítico del túmulo funerario de Long Down. Contribuye sin duda a alejar de nuestras vidas la monotonía y nos proporciona pequeños intermedios cómicos de los que estamos muy necesitados.
« Maintenant que je vous ai entretenu du prisonnier évadé, des Stapleton, du docteur Mortimer, de Frankland, laissez-moi finir par un fait très important : il concerne les Barrymore.
»Y ahora, después de haberle puesto al día sobre el preso fugado, sobre los Stapleton, el doctor Mortimer y el señor Frankland de la mansión Lafter, permítame que termine con lo más importante y vuelva a hablarle de los Barrymore y en especial de los sorprendentes acontecimientos de la noche pasada.
« Vous vous souvenez du télégramme envoyé de Londres pour nous assurer que Barrymore se trouvait bien ici. Je vous ai déjà informé que le témoignage du directeur de la poste de Grimpen n’était concluant ni dans un sens ni dans l’autre. Je dis à sir Henry ce qu’il en était. Immédiatement il appela Barrymore et lui demanda s’il avait reçu lui-même le télégramme. Barrymore répondit affirmativement.
»Antes de nada he de mencionar el telegrama que envió usted desde Londres para asegurarse de que Barrymore estaba realmente aquí. Ya le expliqué que el testimonio del administrador de correos invalida su estratagema, por lo que carecemos de pruebas en un sentido u otro. Expliqué a Sir Henry cuál era la situación e inmediatamente, con su franqueza característica, hizo llamar a Barrymore y le preguntó si había recibido en persona el telegrama. Barrymore respondió que sí.
« — Le petit télégraphiste vous l’a-t-il remis en mains propres ? » interrogea sir Henry.
»-¿Se lo entregó el chico en propia mano? -preguntó Sir Henry.
« Barrymore parut étonné et réfléchit quelques instants :
»Barrymore pareció sorprendido y estuvo pensando unos momentos.
« — Non, fît-il ; j’étais au grenier à ce moment-là ; ma femme me l’y a monté.
»-No -dijo-; me hallaba en el ático en aquel momento y me lo trajo mi esposa.
« — Est-ce vous qui avez envoyé la réponse ?
»-¿Lo contestó usted mismo?
« — Non. J’ai dit à ma femme ce qu’il fallait répondre et elle est redescendue pour écrire. »
»-No; le dije a mi esposa cuál era la respuesta y ella bajó a escribirla.
« Dans la soirée, le valet de chambre revint de lui-même sur ce sujet :
»Por la noche fue el mismo Barrymore quien sacó el tema.
« — Je cherche vraiment, sir Henry, à comprendre l’objet de vos questions, dit-il. J’espère qu’elles ne tendent pas à établir que j’ai fait quoi que ce soit pour perdre votre confiance. »
»-No consigo entender el objeto de su pregunta de esta mañana, Sir Henry -dijo-. Espero que no signifique que mi comportamiento le ha llevado a perder su confianza en mí.
« Sir Henry affirma qu’il n’en était rien. Il acheva de le tranquilliser en lui donnant presque toute son ancienne garde-robe.
»Sir Henry le aseguró que no era ése el caso y lo aplacó regalándole buena parte de su antiguo vestuario, dado que había llegado ya el nuevo equipo encargado en Londres.
« Mme Barrymore m’intéresse au plus haut degré. C’est une femme un peu corpulente, bornée, excessivement respectable et de mœurs puritaines. Vous imagineriez difficilement une nature plus glaciale. Je vous ai raconté comment je l’entendis sangloter, la nuit de mon arrivée au château. Depuis, j’ai surpris maintes fois des traces de larmes sur son visage. Quelque profond chagrin lui ronge le cœur. Est-ce le souvenir d’une faute qui la hante ? Ou bien Barrymore jouerait-il les tyrans domestiques ? J’ai toujours pressenti qu’il y avait quelque chose d’anormal et de louche dans les manières de cet homme. L’aventure de la nuit dernière a fortifié mes soupçons.
»La señora Barrymore me interesa mucho. Es una mujer corpulenta, no demasiado brillante, muy respetuosa y con inclinación al puritanismo. Es difícil imaginar una persona menos propensa, en apariencia, a excesos emotivos. Y, sin embargo, tal como ya le he contado a usted, la oí sollozar amargamente durante nuestra primera noche aquí y desde entonces he observado en más de una ocasión huellas de lágrimas en su rostro. Alguna honda aflicción le desgarra sin tregua el corazón. A veces me pregunto si la obsesiona el recuerdo de alguna culpa y en otras ocasiones sospecho que Barrymore puede ser un tirano en el seno de su familia. Siempre he tenido la impresión de que había algo singular y dudoso en el carácter de este hombre, pero la aventura de la noche pasada ha servido para dar cuerpo a mis sospechas.
« Et cependant elle semble de bien petite importance par elle-même ! Vous savez si, en temps ordinaire, mon sommeil est léger…. Il est plus léger encore, depuis que vous m’avez placé de garde auprès de sir Henry. Or, la nuit dernière, vers deux heures du matin, je fus réveillé par un bruit de pas glissant furtivement dans le corridor. Je me levai et j’ouvris ma porte pour risquer un œil. Une ombre noire allongée — celle d’un homme tenant une bougie à la main — traînait sur le tapis. L’homme était en bras de chemise et pieds nus. Je ne voyais que les contours de son ombre ; mais, à ses dimensions, je reconnus qu’elle ne pouvait appartenir qu’à Barrymore. Il marchait lentement, avec précaution. Il y avait dans son allure quelque chose d’indéfinissable — de criminel et de craintif à la fois.
»Y, sin embargo, podría parecer una cuestión de poca importancia. Usted sabe que nunca he dormido a pierna suelta, pero desde que vivo en guardia en esta casa tengo el sueño más ligero que nunca. Anoche, a eso de las dos de la madrugada, me despertaron los pasos sigilosos de alguien que cruzaba por delante de mi habitación. Me levanté, abrí la puerta y miré. Una larga sombra negra se deslizaba por el corredor, producida por un hombre que avanzaba en silencio con una vela en la mano. Se cubría tan sólo con la camisa y los pantalones e iba descalzo. No pude ver más que su silueta, pero su estatura me indicó que se trataba de Barrymore. Caminaba muy despacio y tomando muchas precauciones, y había un algo indescriptiblemente culpable y furtivo en todo su aspecto.
« Je vous ai écrit que le balcon qui court autour du hall coupe en deux le corridor et que ce dernier se prolonge à droite et à gauche jusqu’à chaque extrémité du château. J’attendis que Barrymore eût disparu, puis je le suivis. Lorsque j’arrivai au tournant du balcon, il avait atteint le fond du corridor et, à une clarté qui passait par l’entre-bâillement d’une porte, je vis qu’il était entré dans une chambre. Toutes ces chambres sont nues et inoccupées ; son expédition n’en devenait que plus incompréhensible pour moi. En étouffant le bruit de mes pas, je me glissai le long du passage et j’avançai ma tête par l’ouverture de la porte.
»Ya le he explicado que el corredor queda interrumpido por la galería que rodea la gran sala, pero que continúa por el otro lado. Esperé a que Barrymore se perdiera de vista y luego lo seguí. Cuando llegué a la galería ya estaba al final del otro corredor y, gracias al resplandor de la vela a través de una puerta abierta, vi que había entrado en una de las habitaciones. Ahora bien, todas esas habitaciones carecen de muebles y están desocupadas, de manera que aquella expedición resultaba todavía más misteriosa. La luz brillaba con fijeza, como si Barrymore se hubiera inmovilizado. Me deslicé por el corredor lo más silenciosamente que pude hasta asomarme apenas por la puerta abierta.
« Barrymore était blotti dans le coin de la fenêtre, sa bougie tout près de la vitre. Son profil, à demi tourné vers moi, me permit de constater l’expression d’attente impatiente peinte sur son visage, tandis qu’il scrutait les ténèbres de la lande. Pendant quelques minutes, son regard eut une fixité étonnante. Puis il poussa un profond soupir, et, avec un geste de mauvaise humeur, il éteignit sa bougie. Toujours aussi furtivement, je regagnai ma chambre et, bientôt après, j’entendis Barrymore retourner également chez lui. Une heure s’écoula. Alors je perçus vaguement, dans un demi-sommeil, le grincement d’une clef dans une serrure ; mais je ne pus distinguer d’où venait ce bruit. « Comment deviner ce que cela signifie ? Il se passe certainement dans cette maison des choses mystérieuses que nous finirons bien par découvrir, un jour ou l’autre. Je ne vous importunerai pas de mes théories, puisque vous ne réclamez de moi que des faits. Mais, ce matin, j’ai eu une longue conversation avec sir Henry, et nous avons dressé un plan de campagne basé sur ma découverte de la nuit précédente. Je ne vous en entretiendrai pas aujourd’hui ; il fera l’objet de mon prochain rapport, dont la lecture ne manquera pas de vous intéresser. »
»Barrymore, agachado junto a la ventana, mantenía la vela pegada al cristal. Su rostro estaba vuelto a medias hacia mí y sus facciones manifestaban la tensión de la espera mientras escudriñaba la negrura del páramo. Por espacio de varios minutos mantuvo la intensa vigilancia. Luego dejó escapar un hondo gemido y con un gesto de impaciencia apagó la vela. Yo regresé inmediatamente a mi habitación y muy poco después volví a oír los pasos sigilosos en su viaje de regreso. Mucho más tarde, cuando estaba hundiéndome ya en un sueño ligero, oí cómo una llave giraba en una cerradura, pero me fue imposible precisar de dónde procedía el ruido. No soy capaz de adivinar el significado de lo sucedido, pero sin duda en esta casa tan melancólica está en marcha algún asunto secreto que, más pronto o más tarde, terminaremos por descubrir. No quiero molestarle con mis teorías porque usted me pidió que sólo le proporcionara hechos. Esta mañana he tenido una larga conversación con Sir Henry y hemos elaborado un plan de campaña, basado en mis observaciones de la noche pasada, que no tengo intención de explicarle a usted ahora mismo, pero que sin duda contribuirá a que mi próximo informe resulte muy interesante. »